Nidra Poller. Cris de guerre IX

Je précise

Quel tunnel souterrain déforme le paysage moyen-oriental de la chaine LCI, autrement plus intègre quand il s’agissait de l’agression russe contre l’Ukraine et, plus largement, contre les démocraties ? Certains (heureusement pas tous) animateurs manquent soudain de discernement. L’élégant Darius Rochebin, par exemple. Survolant les atrocités commises par le Hamas, il est tout occupé à coller des étiquettes sur le front d’Israël : la loi du talion (version musulmane), vengeance, usage de force disproportionnée, colonies illégales, refus de la solution à deux Etats… Il déniche des invités vicieux, comme X du CNRS qui accuse Israël de génocide à Gaza, se moque des vantardises de l’Etat juif qui

-selon elle- n’a réalisé aucune percée militaire, perd la guerre des images, n’a pas trouvé et ne trouvera certainement pas de QG sous l’hôpital al-Shifa parce qu’il n’y en a pas ! Donc, un génocide pour rien. Quelques sacs à dos garnis de kalachnikovs dans un si grand hôpital, où est le problème ? Deux otages morts dans le voisinage, est-ce cela la grande révélation qui valait l’assaut inouï contre l’hôpital, ses malades, ses prématurés, ses soignants ?

Des bombardements à double emploi

Breaking news dans l’émission du dénommée Rochebin samedi après-midi (19.11)! Bombardement massif à Jabaliya, une école de l’UNWRA réduite à des gravats, des morts tellement nombreux qu’on ne peut pas les compter. Suivi d’une frappe insensée contre une maison innocente, 40 personnes d’une même famille mortes attablées. 

Je cherchais en vain dans d’autres médias des échos de cet incident majeur.  D’ailleurs, l’image des hommes en file indienne remontant la pente des gravats ressemblaient trop aux dégâts à Jabaliya début novembre, quand des bâtiments se sont effondrés dans les tunnels, là où le commandant Ibrahim Biari et une poignée de ses sbires ont été éliminés.

Samedi soir, plus rien sur le sujet. Pas d’éclairage, pas d’ élaboration.

L’invité du soir, Alain Minc, perçant un à un des ballons gonflés ces derniers temps par un Rochebin déboussolé et  lâche en chemin des coups de griffe contre Gérard Araud qui manque de sensibilité, Dominique de Villepin, qu’on voit souvent à Doha… 

En fin de soirée, enfin, la vraie breaking news :  une vidéo de l’immense et très profond tunnel dévoilé par Tsahal sous l’hôpital dont on parle tant, ainsi que des images de vidéosurveillance de l’hôpital montrant l’entrée par une porte principale des otages trainés par des jihadis. 

En fait, le 19 novembre, le New York Times a annoncé une frappe contre une école, tuant, selon l’ONU, 24 des 7 000 personnes y réfugiées. Selon l’Euronews, des frappes contre deux écoles dans le camp de Jabaliya le 18 novembre ont laissé, aux dires du Hamas, 80 morts.

Combien de juges de la sagesse de Salomon faudrait-il ?

Le crève-cœur de voir l’élan de Tsahal brisé par un deal avec le diable. Cessez-le-feu pour les munichois, trêve pour les diplomates, houdna pour les moujahidin, pause humanitaire pour le gouvernement israélien qui n’a pas le choix.  Et encore, il faut croire que c’est grâce à la destruction infligée sur le nord de Gaza que l’échange se chiffre à seulement trois apprentis tueurs palestiniens contre un innocent captif israélien, enfant, mère de famille, femme âgée. On commence avec quatre jours de pause, on en rajoute, la pression monte, sur Israël bien entendu, le Hamas n’en fait qu’à sa tête. Côté israélien, des flots d’émotion, côté opinion internationale, un souhait à peine déguisé de voir la trêve s’éterniser, jusqu’à ce que les forces de défense juives soient figées sur place comme l’armée de terre cuite de l’empereur Quin. 

Comment trancher ? Le soldat tué à la reprise du combat interrompu, le captif resté encore x jours dans des conditions inhumaines, les familles des captifs qui hurlent leur douleur et insistent sur la libération immédiate à n’importe quel prix, le militaire qui sait que le seul espoir c’est de se battre et vaincre.

Fils du Hamas

Un moment de noire clarté : Mosab Hassan Yousef, fils du co-fondateur du Hamas, arrache les monstres du Hamas de leurs tunnels pour les montrer dans toute leur horreur à l’ONU, au monde encore sourd. « Si Israël ne détruit pas le Hamas à Gaza, le Hamas viendra pour nous, pour nous tous ». La cruauté infligée autrefois par des bourreaux sur le garçon combattant en herbe resurgit dans les propos tranchants d’un homme qui s’est libéré.

C’est difficile de modifier un terme imposé dans la sphère public—les « kamikazes » alors, les « otages » aujourd’hui. Je les appelle « captifs ». M. H. Yousef est plus exact : « Ils sont, pour le Hamas, du butin ». 

Combien de Palestiniens aux yeux bleu-vert et au teint clair descendent des captifs de la conquête de Byzance ? Au lieu de donner des leçons de morale à l’Etat juif, on ferait mieux d’étudier la conquête du monde civilisé par une bande d’Arabes sanguinaires. Et d’apprendre à résister au replay. 

Black Friday : Au cœur d’un grand magasin bondé, je croise des familles avec poussette. Je vois les captifs.

Crépol : la queue de la comète

Comme il l’a dit : « Ils viendront pour vous, pour nous… »

Un bal d’hiver dans le petit village de Crépol, entrée 4 euros, se termine en bain de sang. Thomas, jeune rugbyman de 16 ans, est mort. Deux jours plus tard, à Dublin, des enfants sont poignardés. En taisant le nom des suspects on dévoile leur identité. On cache en « rixe » la réalité d’une expédition punitive, mais personne n’est dupe. Les témoignages fuitent. Ils ont dit qu’ils sont venus « planter des blancs ». Ils ont entouré la salle. Il y avait du sang partout, c’était un abattoir. Tout est au conditionnel, sauf la mort. Ils lorgnaient peut-être, eux aussi, une solution à deux Etats ?

Pour ne pas faire l’amalgame, il faudrait identifier correctement les assaillants. Ils sont de minables moujahidin de village. Je les appelle « punk jihadis ».  Même idéologie, même cible : le kouffar. 

Inspirés, en l’occurrence, par l’assaut du Hamas contre les fêtards peace & love ? On a entendu des voix indécentes traiter la fête Supernova de « provocation ». 

Les villageois du Drôme, les citadins de nos villes architecturales, les honnêtes gens des banlieues et les résidents israéliens du pourtour de Gaza n’en peuvent plus des punk jihadis, des trafiquants de drogue, des violeurs, des voleurs et des lanceurs de roquettes et autres ballons incendiaires. 

L’après l’après

En fait, le Hamas ne dit pas grand-chose de ce qui se passe à Gaza à part avouer la mort de quelques commandants et publier les chiffres fantaisistes de dizaines de milliers de morts civils, en déplorant les bombardements massifs, aveugles, criminels, génocidaires. Israël se bat pour son existence, pleure ses morts et ses captifs, tremble devant les preuves d’atrocités inouïes… et des commentateurs se croyant raisonnables voudraient tout couvrir d’une invraisemblable solution politique. 

On est harcelé par le zzzinn zzzinnn de la solution-à-deux-Etats. Sous l’autorité de ? De l’AP bien sûr. Une AP « revitalisée » pour l’allié fidèle américain. Disons « refaite à neuf ». En l’état, l’AP s’est distinguée le 30 novembre avec l’annonce, exposée par Palestinian Media Watch, « de la mort en martyr de deux jeunes Palestiniens aux mains des forces d’occupation israéliennes sous le prétexte qu’ils avaient mené une opération aux armes à feu contre des colons devant un arrêt de bus ».   Il s’agit de l’attentat à Jérusalem qui a fait 4 morts, dont une femme de 24 ans, enceinte de son premier enfant, et 5 blessés.

Si les démocraties ne veulent pas mettre des boots on the ground, ça se comprend. Elles pourraient au moins arrêter de financer le jihad !!!  Itamar Marcus, le directeur de « Palestinian Media Watch », revient vers les eurodéputés pour rappeler qu’il sonne l’alarme depuis vingt ans : Vous financez le terrorisme, vous soutenez l’Autorité palestinienne qui le glorifie, vous avez subventionné l’enseignement qui a mené à la terreur du 7 octobre.

Sous la rubrique « Que faire de Gaza après le Hamas », quelqu’un a proposé encore plus fantaisiste que l’AP revitalisée : Remettons la Bande aux casques bleus, « comme dans le Sinaï ». En oubliant le milieu de la phrase : « … comme ceux qui ont déguerpi dans… »

Que faire donc d’une bande de Gaza dévitalisée ? On a beau pleurer sur les gravats, comment reconstruire sans détruire les tunnels ? Les bâtiments tous militarisés qui les couvent ? Les entrepôts d’armes, de munitions et de roquettes ? Les centres de commandement ?   

J’avoue que, juste après les reportages des retrouvailles joyeuses des captifs réunis avec leur mishpocha, j’aime à contempler les ruines du royaume de Hamas. 

One man show

Il est les Palestiniens, tête baissée, dans toute la gloire de leur misère. Homme, femme, enfant, vieillard auréolés de leur privation. 

Il est les Israéliens, bardés de leurs méfaits : colonisation, apartheid, oppression, domination, persécution.

Il est le Palestinien dans toute sa fierté infligeant enfin à l’oppresseur sa rage tranchante. Le 7 octobre. Le Hamas héroïque. 

Il est les Israéliens meurtris. Le Hamas a exagéré. Mais ils n’ont pas fait exprès. Les Israéliens ont le droit de crier et de frapper un bon coup. 

Il est les Palestiniens. Des milliers de morts. Des dizaines de milliers de femmes, d’enfants, de vieillards morts. Il a faim, il a soif, il n’a pas de toit, il erre dans les ruines, hagard, donnez-lui vite de l’humanitaire.

Il est les Israéliens, captifs, affamés, brutalisés, enterrés comme des tubercules sous une terre humide, suppliant leurs geôliers de les laisser aller aux toilettes, 50 jours sans douche, dans des vêtements sales, des femmes âgées dormant sur des chaises en plastique, des enfants marqués du sceau rouge du pot d’échappement d’une moto, tous réduits au silence s’ils ne sont pas exécutés. Et le bébé ? Où est le bébé ? Et les jeunes filles en fleur dont on n’ose pas imaginer les supplices ?

Ça fait pitié quand même.

Il est les Palestiniens, il est les Israéliens, donnez-leur de l’humanitaire et par pitié cessez le feu.

Non-sequitur, non-lieu. Mais non.

Où est la puissance des grandes puissances ?

Qui sont les adultes dans ces pourparlers interminables ? Des semaines et des mois qu’on implore le Hamas de libérer les otages. Des nations qui pèsent leur poids en or et en pierre et en tout ce que des pays développés peuvent produire supplient le Qatar de peser deux grammes sur ses protégés, les monstres de Gaza.  

Je ne comprends pas. Le PSG, les hôtels cinq étoiles, 30% du marché de luxe et quoi encore en France et pareillement partout où l’argent sale qatari se fait fructifier sur notre dos. 

Et personne pour leur dire que s’ils veulent jouer dans notre bac à sable ils doivent arrêter à l’avenir de fricoter avec le Hamas et, dans l’immédiat, obtenir la libération sans condition des captifs.

Si, comme certains législateurs américains, vous vous souciez des frais encourus à soutenir Israël, faites le calcul des pertes infligées sur le commerce international par les Houthis qui bloquent le passage de navires vers la Mer Rouge.

Connais-tu l’Athènes de l’Asie ?

C’était Gaza. Robert C. Thornette raconte cette petite terre  connue pendant deux mille ans pour le riche potentiel de son climat, ses terres et sa situation stratégique. L’an dernier un agriculteur palestinien, creusant la terre pour savoir pourquoi ses oliviers ne prenaient pas racine, a découvert un sol en mosaïque de l’époque byzantine.  

Le Gaza grécophone de l’antiquité tardive était un centre de philosophie et rhétorique byzantine, connu pour son accueil de cultures et de pensées diverses. Au VIIe siècle l’empire de Byzance « a perdu » [selon la formule pudique de l’auteur] aux califats arabes son emprise sur la méditerranée de l’est ; les mosquées ont remplacé les églises à Gaza devenu arabophone. Quand les Ottomans ont pris possession d’ Israël, il y avait quelques milliers de Juifs, dont une grande partie installée à Gaza ville. En fait, les Juifs ont habité Gaza depuis l’époque biblique. En 1929, quelques 135 Juifs de Gaza ont été tués dans des émeutes anti-juives. 

Parle-moi des colonies, parles-en.

© Nidra Poller

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