Le Hamas a compris que les otages devaient donc être maintenus vivants et en relative bonne santé, pour servir de monnaie d’échange pour des trêves.
Le vendredi 24 novembre 2023 restera dans l’histoire comme la date à laquelle le cruel procédé de la prise d’otages a été mis en échec. Retirer des otages des griffes de l’une des plus abominables coteries qu’ait connue l’humanité tient de la pure prouesse, d’autant plus que toutes les règles du jeu ont été brisées par le Hamas, qui ne négocie maintenant que grâce à l’extrême pression exercée sur ses dirigeants par l’offensive militaire israélienne et l’élimination physique de ses membres haut placés. Cette pression devra s’exercer à nouveau dès la fin de la trêve actuelle pour faire plier le Hamas plus encore.
L’assaut de Tsahal aurait pu donner lieu à l’exécution d’otages israéliens par leurs détenteurs, en représailles. Les nazis exécutaient ainsi des civils innocents par dizaines, pris au hasard parmi les populations locales, pour décourager les actes de résistance. Si le Hamas s’était conduit de même, Israël n’aurait pas cédé, pas plus que n’ont cédé les résistants français durant la Seconde Guerre mondiale. Au contraire, Tsahal aurait redoublé son attaque en intensité.
Le Hamas a compris que les otages devaient donc être maintenus vivants et en relative bonne santé, pour servir de monnaie d’échange, pour des trêves, pour des libérations de terroristes détenus dans les geôles israéliennes, pour du carburant et du gaz. Mais surtout, comme assurance vie des dirigeants.
Au moins une centaine d’otages israéliens seront séquestrés jusqu’au bout, sans aucun espoir de tractations, car les chefs du Hamas se les gardent comme bouclier humain et, le cas échéant, comme moyen de sauver leur propre peau si et quand Tsahal sera à deux doigts de mettre la main sur eux.
Ils demanderont alors la vie sauve et un passage vers l’Égypte en échange des otages gardés en réserve.
Ces otages-là sont tous les hommes et femmes âgés de dix-huit à quarante ans environ et considérés par le Hamas comme « combattants », puisqu’en âge de combattre, et donc comme prisonniers de guerre au même titre que la poignée de soldats israéliens capturés le 7 octobre dernier.
Cette utilisation du rapt de civils innocents, incluant des enfants en bas âge, même des bébés, et des vieillards, est le fait des islamistes en général. ISIS et l’Iran, en tête, suivis de Boko Haram et Al-Shebab. Dans le cas du Hamas, il s’agit de torturer collectivement une nation et un peuple qui considèrent la vie humaine comme sacrée. Cet outil de guerre psychologique marque un cran de plus que l’horreur nazie dans son cynisme et sa façon de procéder, le but final, lui, restant le même : exterminer le peuple juif. Cela montre aussi que la prise d’otages ne marche qu’auprès de ceux qui accordent de la valeur à la vie de leurs concitoyens et au respect des droits de l’homme. On peut kidnapper et séquestrer autant de Palestiniens que l’on veut, les factions terroristes n’en ont que faire. Ils considéreront que c’est un sacrifice nécessaire à la cause.
Or la prise d’otages, dans l’histoire, n’a pas toujours été aussi cruelle et gratuite. Elle servait, depuis l’antiquité, à garantir le respect des accords et traités. Elle avait un effet d’apaisement. Les otages étaient alors des personnages de marque donnés en gage à l’ennemi. Ils étaient d’ailleurs bien traités durant leur captivité. Une clause pécuniaire était parfois impliquée. Guy de Lusignan, roi latin de Jérusalem, fait prisonnier par Saladin, fut libéré contre rançon. Et il y a même eu des otages volontaires. En 1347, les bourgeois de Calais se livrèrent en otages au roi Édouard III d’Angleterre, sauvant ainsi la ville de la destruction. Il faudra attendre le XXe siècle pour que les otages soient utilisés à des fins tactiques. Durant la Première Guerre mondiale, les Anglais embarquèrent des otages allemands à bord de leurs navires de guerre pour dissuader la marine allemande de les torpiller.
Et là, intervient le plus récent rôle de l’otage : servir de bouclier humain
Les otages israéliens sont la dernière ligne de défense des terroristes du Hamas et autres factions sévissant à Gaza. La première ligne, ce sont les civils gazaouis eux-mêmes. Soit presque deux millions d’otages ! Utiliser leurs propres frères comme rempart tactique est une innovation palestinienne à laquelle même les nazis n’eurent pas recours.
Cette méthode est sanctionnée par le droit international et la quatrième Convention de Genève (Protocoles I et II). L’Assemblée générale des Nations Unies la condamne fermement, le 17 décembre 1979, sous quelque forme que ce soit. Les divers cas de figure sont énumérés dans le protocole numéro 21931 de ladite Assemblée. Le Hamas est non seulement coupable de toutes les infractions stipulées dans ce document mais il y ajoute des délits de crimes contre l’humanité. Les djihadistes du Hamas vont plus loin que les nazis, rêvant comme eux de solution finale et de domination du monde. Ils sont à l’image du diable, d’une certaine manière. Mais en bien pire.
© Raphaël Jerusalmy
Raphaël Jerusalmy est ancien officier du renseignement militaire israélien. Auteur, il a publié notamment « Evacuation » chez Acte Sud, et « Le Petit manuel bleu »
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