A propos de l’interview du recteur de la Grande Mosquée de Paris dans Le POINT du jeudi 19 octobre consacré à l’islamisme

Chems-Eddine Hafiz. Recteur de la Grande Mosquée de Paris. © AFP or licensors

         Sur cet article, Yana Grinshpun a déjà rapidement tweeté : « Chems Hafiz arrive à écrire un article sans mentionner une seule fois les crimes du Hamas. Il ne faut pas être très futé pour comprendre l’attitude de la Grande Mosquée ! »

Oui, elle a raison, mais cet article mérite néanmoins d’être décrypté. A la question « La cause palestinienne est-elle devenue la cause de l’islam ? », M. Chems-eddine Hafiz répond sans ciller : « Non le problème n’est nullement religieux. Ce qui est en jeu, c’est le droit du peuple palestinien (…) aspire à vivre sur une terre où sa sécurité est assurée à l’instar des peuples voisins ». 

Cette affirmation est doublement fausse : historiquement, il n’y aurait pas de nationalisme palestinien sans islam et toute la force du grand Mufti de Jérusalem,  a été d’islamiser le mouvement afin de rallier l’ensemble des musulmans à sa cause. Cette guerre de religion condamne toute conciliation politique, avec pour seul mot d’ordre l’éradication d’Israël. Les termes récents de « colonisation depuis 75 ans » ne signifie rien d’autre. Les refus de deux Etats pour la solution de rayer de la carte l’ « Entité sioniste » sont pourtant légion du refus du Plan Peel, de la guerre de 1948 au 1er septembre 1967 (Sommet de Karthoum).

Cette islamisation du conflit est, enfin, au cœur de la stratégie frériste, comme le note si bien Florence Bergeaud-Blackler : pour que la stratégie de facilitation ne conduise pas à une sécularisation, « il faut un aiguillon, quelque chose qui mobilise, laisse insatisfait. C’est le rôle de la haine cultivée à l’égard d’Israël et des Juifs(…), cette menace doit être gardée présente dans l’esprit de chaque musulman, ne jamais s’éteindre. Le conflit palestinien est essentiel dans la stratégie de mobilisation frériste ».[1]

En toute honnêteté, M. le Recteur aurait donc dû répondre par l’affirmative à la première question. Et c’est en répondant par l’affirmative seulement, que M. Chems-eddine Hafiz peut se dire combattant l’islamisme, si tel est réellement son souhait car nous assistons bien à un conflit civilisationnel des démocraties contre les totalitarismes islamistes d’extrême-droite.

Je ne m’étendrai pas sur la population multi-confessionnelle de Gaza, avant tout Judenrein quand en Israël vivent deux millions d’arabes musulmans.

Sur la condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre, nouvelle pirouette du recteur : les termes de terrorisme ou de pogroms sont soigneusement évités pour celle de guerre haineuse et revenir à la conception de l’islam, religion de paix et d’amour. 

D’où les interpellations de la chercheuse Florence Bergeaud-Blackler et de Maaroufi Fadila, co-fondatrice du « Café Laïque Paris-Bruxelles » : que faisait le recteur ce 7 octobre ? Eh bien, ce jour-là, M. le recteur fondait l’Alliance des Mosquées et associations musulmanes européennes (AMMALE), ce qui est son droit et pourrait être une belle initiative pour promouvoir une religion de paix et d’amour. Seulement voilà, il y a un hic : cette association cache en son sein nombre de salafistes et de frères musulmans d’où la confirmation sur C-News par Judith Waintraub que la mosquée de Paris s’était désormais rallié aux Frères musulmans. On retiendra deux signataires de cette Alliance :

  • Mustafa Céric. Ancien grand mufti de la Bosnie et membre du Conseil européen de la fatwa et de la recherche, organe des Frères musulmans Pour avoir une idée du personnage, je conseille de jeter un œil sur le site : https://www.globalmbwatch.com/ qui pratique une veille sur les frères musulmans dans le monde :

« Selon un ancien analyste du renseignement de la National Security Agency des États-Unis, le Dr Mustafa Cericest connu pour avoir des liens islamistes étendus depuis la guerre de Bosnie de 1992-1995. Formé à Al-Azhar, le Dr Ceric dirigeait le bureau de Zagreb de l’Agence de Secours du Tiers Monde qui envoyait des fonds et finançait des livraisons d’armes aux moudjahidin bosniaques et qui entretenait des liens étroits avec divers groupes et individus islamistes, dont Oussama Ben Laden et Cheik Omar. Abdel Rahman, le religieux égyptien radical qui a été reconnu coupable d’avoir planifié plusieurs attentats terroristes à la bombe à New York.

Il a adopté le langage des Frères musulmans pour décrire les événements de 2008 à Gaza, en qualifiant l’action militaire israélienne là-bas de « génocide ».

Considéré par certains comme l’un des principaux dirigeants islamiques « libéraux », Mustafa Ceric est lié aux Frères musulmans mondiaux.grâce à son adhésion au Conseil européen pour la fatwa et la recherche (ECFR), dirigé par le leader mondial des Frères musulmans Youssef Qaradaw i et par sa  participation  à la Voie médiane radicale basée au Royaume-Uni , composée d’un large éventail d’universitaires associés représentant les Frères musulmans mondiaux.

  • Hussam Siddiq Khoja, directeur de la mosquée de Madrid, qui serait une institution salafiste appartenant à la Ligue islamique mondiale de l’Arabie Saoudite.

En juin 2021 le quotidien El Pais révélait que « Le principal représentant de l’islam en Espagne, Aiman ​​Adlbi, recommande à ses élèves de la Mosquée centrale de Madrid des livres de prédicateurs radicaux salafistes et wahhabites. Il s’agit de courants utilisés par les groupes djihadistes ‘pour justifier leurs actions’, selon un rapport de la Police nationale de mars dernier auquel EL PAÍS a eu accès‘.  

Plus loin on lit : « Un rapport inédit intégré à cette enquête judiciaire révèle également comment une organisation à laquelle appartenait le président de la Commission Islamique d’Espagne (Aiman ​​Adlbi) a levé 154 393 euros entre 2012 et 2020 pour l’activité des milices d’Al-Qaïda en Syrie à partir de la mosquée centrale de Madrid, également connue sous le nom de d’Abu Bakr ». 

Autant dire qu’on voit mal avec de tels alliés, comment combattre l’antisémitisme en Europe, en revanche on voit comment de plus en plus, l’Europe devient une terre de contrat, Dar al-Ahd…

Les autres propos du Grand Recteur de la Mosquée de Paris par la suite laissent peu de place au doute : refus de déclarer le Hamas comme une organisation terroriste, victimisation… Nous assistons donc à un dévoiement des termes du conflit, comme pour toute idéologie totalitaire à laquelle nous sommes confrontés.

La Licra a eu des mots forts face à ce conflit et je l’en remercie. J’attends pourtant deux autres actes forts de sa part : 

  • la dénonciation de sa convention avec la Grande Mosquée de Paris. Qu’on ne me parle pas d’un grand stratège dont les voies sont (presque) impénétrables : pas en mon nom ! Pas avec ces écrits-là.
  • Des excuses auprès de M. Georges Bensoussan dont nous avons besoin de l’analyse structurée tant sur l’histoire du sionisme que dans l’analyse de ce conflit.

Une ex-adhérente LICRA,

© Sonia Desbordes


[1] Le frérisme et ses réseaux, l’enquête de Florence Bergeaud-Blackler, page 125

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3 Comments

  1. En fait la Grande Mosquée de Paris soutient le Hamas qui prône la destruction d’Israel l’anéantissement des kouffards juifs chrétiens etc et le Djihâd pour l’Etablissement du Califat Mondial !

  2. Il faut rappeler la présence également d’Amar Lasfar depuis l’élection du Recteur, Amar Lasfar fondateur de l’UOIF devenu Musulmans de France qu’il préside toujours, entouré de ses militants Frères Musulmans, et fondateur du Lycée AVEROES à Lille, qui endoctrinait les jeunes, fermé aujourd’hui par les autorités. Lors d’une réunion privée sur ce sujet, le Vice- Président a reconnu la présence des Frères Musulmans mais en affirmant que le Recteur était un humaniste,une façon d’occulter volontairement la Taquiya,ce double langage qui se généralise dans la société.

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