© Sébastien Soriano/Le Figaro
Entretien mené par Alexandre Devecchio: L’essayiste et écrivain Abnousse Shalmani décrypte les mécanismes et les ressorts de la montée de l’antisémitisme en France.
LE FIGARO. – L’antisémitisme qui progresse en France se déploie parfois au nom de l’antifascisme. Comment expliquez-vous ce paradoxe?
Abnousse SHALMANI. – L’antifascisme n’a plus de sens, car l’Histoire n’est plus apprise, le savoir est dévalorisé. Nous l’avons constaté avec l’invasion de l’Ukraine et la propagande russe qui présente les Ukrainiens comme des nazis. Ce faisant, l’islamisme qui est un totalitarisme, un léninisme de droite, échappe aux radars antifascistes. L’islamisme est un antisémitisme, un antiféminisme, une homophobie, un antidémocratisme, un antihumanisme. Mais l’islamisme est parvenu à faire croire qu’il était du côté des opprimés anticapitalistes, ralliant à lui les miettes d’une gauche en perdition.
Rajoutons à cela le « Wokistan » qui récuse le savoir et l’Histoire (considérés comme appartenant aux dominants, donc aux « Blancs » et par extension aux Juifs) et voilà comment on se retrouve avec des étudiants occidentaux décérébrés, ici comme ailleurs, qui arrachent fièrement les affiches représentants les victimes et les otages juifs d’une organisation sanguinaire et terroriste, le Hamas. La confusion est totale, le renversement de valeurs, vertigineux.
Dans une chronique sur France Inter, l’humoriste Guillaume Meurice a comparé le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, à un nazi. Que vous inspire ce parallèle?
J’étais, je suis, je reste une inconditionnelle de l’esprit Charlie Hebdo.L’expression de la satire et la caricature participent de la bonne santé démocratique d’une nation. Mais il faut s’entendre sur ce que sont la caricature et l’humour. Non seulement comparer un Juif à un nazi est d’une bêtise abyssale, qui relève de l’antisémitisme, mais rajouter « sans prépuce » ne renvoie certainement pas à un trait d’humour, mais à une réalité abjecte quand les nazis vérifiaient la judéité des hommes à l’absence de prépuce.
La question demeure toujours la même: de qui vient la blague, le trait d’esprit? Guillaume Meurice n’est ni journaliste ni humoriste. C’est un militant obtus, un idéologue méprisant qui souffle sur les braises d’un antisémitisme qui tue. Ce sont les Français juifs qui meurent en France sous les attaques terroristes des islamistes. Je rajouterai que faire le parallèle entre Israël et le nazisme sous-entend qu’un génocide serait en cours à Gaza et en Cisjordanie. C’est non seulement nier la réalité des 20% d’Arabes israéliens qui vivent, étudient et travaillent en Israël, mais c’est aussi refuser de voir que la population palestinienne a quadruplé en cinquante ans.
Cette nazification des Juifs s’inscrit aussi dans un contexte de diabolisation d’Israël. Que pensez-vous des critiques qui visent l’État hébreu actuellement? Sont-elles justifiées?
Que Benyamin Netanyahou se soit déshonoré politiquement pour échapper à la justice en s’alliant à des clowns messianiques qui ne sont que des voyous, tels Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, qu’il ait accepté de jouer le jeu d’une extrême droite israélienne avide d’annexion fait de lui un politique coupable devant l’Histoire, mais pas un nazi. Par contre, on refuse obstinément de voir la vigueur démocratique et citoyenne de la société israélienne, on refuse de voir les millions d’Israéliens qui ont manifesté durant neuf mois contre la réforme de la justice, on refuse de voir que l’État d’Israël, juif et démocratique, est un phare dans la nuit obscurantiste du Moyen-Orient.
Cette diabolisation d’Israël nourrit avant tout un antisémitisme meurtrier. L’antisémitisme est increvable depuis deux mille ans, mais il a évolué. La totalité des Occidentaux ont refusé la réalité d’un antisémitisme islamiste, par peur, par lâcheté, cet antisémitisme-là s’est installé dans le paysage occidental. À travers l’expression décomplexée d’un antisémitisme islamiste à la faveur de la guerre Israël-Hamas, soudain l’Occident prend conscience de son aveuglement. La question est de savoir s’il n’est pas déjà trop tard.
Nous sommes le pays de la liberté d’expression. Où doit-elle s’arrêter?
La liberté d’expression s’arrête là où commence la loi. Dieudonné n’a pas été condamné pour antisémitisme, mais pour négationnisme. Il a nié la réalité de la Shoah et des 6 millions de Juifs assassinés par le régime nazi. La différence est que Dieudonné était proche d’un Jean-Marie Le Pen, là où Guillaume Meurice représente la gauche radicale mélenchoniste – ce qu’il assume. Comme si se proclamer de gauche vous offrait un totem d’immunité, vous préservait de dérapage, car on ne peut pas être raciste ou antisémite à gauche, n’est-ce pas? La gauche avant l’affaire Dreyfus était globalement antisémite: le Juif c’était le capital, Rothschild, l’ennemi de la classe ouvrière.
La gauche mélenchoniste ressuscite cette gauche moisie pré-dreyfusarde: le Juif est non seulement redevenu le ploutocrate, mais doublé d’un colon, du dernier des colons associé à l’éternel impérialisme américain, donc à combattre pour libérer les dominés – dont les islamistes. On oublie trop facilement que le boulangisme était sous la III République un populisme ni de droite ni de gauche, antiparlementaire et antisémite, et composé à moitié de monarchistes et à moitié d’ex-communards. Le service public continue de perdre de la crédibilité en offrant une tribune à des militants qui surfent sur le catéchisme islamiste en pensant que tous les moyens sont bons pour parvenir au pouvoir.
© Abnousse Shalmani
Franco-iranienne, Abnousse Shalmani est essayiste, écrivain et réalisatrice.
Source: Le Figaro
Tout est bon, sauf le passage où A. Shalmani nous récite sa leçon anti Bibi primaire ; je suis déçu, car je pensais que A. Shalmani était mieux renseignée que cela, elle qui est souvent sur les plateaux de i24news.
Non Mme, Bibi ne s’est pas allié avec « l’extrême droite » pour échapper à la justice ; ses procès ont continué depuis sa prise de pouvoir, et sont tous tombés en poussières, les juges (tous de gauche) avouant à demi-mot que c’était un complot jurico-médiatico-policier qui a eu lieu.
Ensuite traiter I. Ben Gvir et B. Smotrich de « voyous » parce que nationalistes, est un déviance intellectuelle flagrante. Les mêmes arguments et le même vocabulaire en France comme en Israël !
Dommage, dommage de salir une analyse par ailleurs limpide, pour caresser ses amis de gauche dans le sens du poil, vous savez le camp du bien qui a toujours raison.
Vous avez raison sur tous les points évoqués!
Netanyahu : les 3 chefs d’accusation brandis sans arrêt par ses adversaires et leurs commentateurs haineux , n’ont jamais donné lieu à un procès faute de preuves ou par absence de témoignages .
Comment accuser un Premier ministre parce qu’un milliardaire s’enorgueillit de lui porter des cigares et du champagne ?
Pourquoi continuer à évoquer ces 3 procès qui n’ont jamais eu lieu et qui ne le seront jamais car il ne s’est agi que calomnies répugnantes .
Quant aux deux leaders sionistes religieux , ce ne sont pas des voyous et ils ont eu plus de jugeote que « les naïfs aux quarante enfants « que le Hamas a bernés et qui nous ont fait baisser la garde .
Chère Madame,
C’est une chance qu’il y ait des personnes comme vous ayant une connaissance de l’histoire pour permettre à des gens comme moi, qui n’ont pas cette connaissance, de comprendre un peu le présent grâce à ce recul.
Merci infiniment de vos analyses remarquables.
Cordiales salutations.
Bibi est fini , il a deja fait 2 ou trois combats de trop , son acharnement ternit l ensemble du travail qu il a accompli pour le pays , il m a profondement deçu sur plus d un point , je pense que le peuple se passera de ses services lorsque la guerre sera terminée , je pense qu il aurait pu sortir sur un triomphe ( les accords d Abraham) et qu il va s eclipser assez mediocrement , dommage .
La formulation « Islamisme et wokisme nourrissent l’antisémitisme » est très maladroite puisque par définition l’islamisme et le wokisme sont des ideologies nazies racistes, antisémites et génocidaires. C’est comme si l’on écrivait « Le nazisme nourrit l’antisémitisme » ou « Le Hamas nourrit l’antisémitisme »…Ou « L’incendie nourrit les flammes » ou « Le déluge nourrit la pluie ».
La différence entre un naziwokiste et un nazi des années 30, c’est qu’il préfère le rap ou le hip hop à Wagner et les tacos à la choucroute.
Les universités anglo-saxonnes (et donc par extension celles d’Europe de l’OUEST) jouent exactement le même rôle que les universités allemandes de la première moitié du vingtième siècle mais avec une influence multipliée par 100 : les théories raciales et racistes (Race Theory) qui y sont « enseignées » reprennent tous les fondamentaux de l’idéologie nazie de l’Allemagne d’il y a un siècle. (La seule différence : la haine de soi chez les Blancs et Juifs qui y adherent).
TJ devrait publier des articles sur les universités anglo-saxonnes ( particulièrement dans certains États des USA) afin d’informer tous ses lecteurs de ce qui s’y passe actuellement. Apocalypse now.
Il me semble que les Ismaelites n’ont pas plus de prépuce que les Israelites !
juifs circoncis à 7 jours
muslims à 7 ans
Merci Abnousse pour ce commentaire juste et éclairant comme celui sur LCI lors de votre « parti pris » sur « La vie dorée des dirigeants du Hamas « de ce début de semaine.