José Boublil. Le monde marche sur la tête. Les Juifs n’y arrivent pas: la tête, c’est, avec le coeur, ce qui leur reste

José Boublil

Les moments que nous passons tous, en Israël et à l’étranger, sont difficiles. Mais nous avons le devoir d’abord de penser à ceux qui sont touchés dans leur chair, plutôt que de penser à nous qui sommes spectateurs tristes mais en bonne santé.

Nous pleurons au fond de notre être pour tous ceux qui ont été emportés par des monstres inhumains. Pour ceux qui sont blessés, parfois très lourdement. Et pour leurs familles brisées pour toujours. Nous pleurons, avec un peu d’espoir encore, pour les otages, volés à leur vie tranquille, et installés dans des taudis de Gaza en attendant que les sauvages décident de leur sort.

En ce moment, j’ai tellement d’idées qui me traversent que je voudrais les partager avec mes proches. Des idées que j’essaye de rendre un peu optimistes, car nous ne pouvons pas leur donner l’impression qu’ils nous ont détruits: nous sommes bien là, et plus forts que jamais, parce qu’enfin unis.

Ce qui me vient sans cesse à l’esprit est que les Juifs n’ont d’abord à compter que sur eux-mêmes. Si certains pays, parfois, nous soutiennent un jour, deux jours, ne pensons pas une seule seconde que ce soutien sera inconditionnel et éternel.

Rêvons juste que les grands pays occidentaux, qui partagent nos valeurs pour la majorité de leurs populations, sauront être parfois intellectuellement honnêtes.

Pour ce qui est des pays arabo-musulmans, en dépit de ce qui se passe, il reste un espoir de réunir les États des Accords d’Abraham, et que ces conventions fassent tâche d’huile; que les habitants des pays qui refusent tout voient ce qu’apporte Israël à leur frères, et comprennent que semer la mort est une  voie sans issue.

Nous n’en sommes pas là, certes, mais avec Israël rien n’est jamais perdu, fermé.

Toutefois, la réalité criante, si nous mettons de côté les notes d’espoir ou d’optimisme, c’est que nous sommes « l’homme à abattre » pour tous les peuples. Tous! Si je me fiche des centaines de milliers de manifestants musulmans dans le monde qui soutiennent les atrocités,  je mesure la haine de tant de gens à notre encontre, ces centaines de milliers qui hurlent à la mort d’Israël dans les places et les rues des pays « blancs becs ». Je regarde les classements des pays les plus détestés , nous sommes leader, loin devant l’Iran, la Corée du Nord, le Soudan, la Syrie, et même la Russie.  Ceci est identique dans les instances internationales, qui se veulent « objectives », qui disent le droit des peuples: l’ONU, l’UNESCO, Amnesty , Human Right Watch, les représentants de UE …

Je voudrais un jour ne pas être parano, mais je n’ai plus qu’une seule réponse: Jésus et Mohammed ont détruit la planète pour toujours; les deux par impérialisme, le premier pour sauver les âmes des Juifs, le second pour sauver leur peau.

La crise majeure a débuté avec les pays arabes en 1948. Les Anglais ont regretté de nous avoir donné ce minuscule bout de terre aride. Les Arabes ont voulu nous liquider immédiatement. De Gaulle a surenchéri par sa réconciliation entre collabos et bons français, puis par sa bigotte catho d’épouse, enfin par la nécessité politique de caresser les tenants du pétrole dans le sens du poil.

Face à ces délires, ces fantasmes de chacun, nous sommes fous d’être si bons. Fous mais géniaux. Fous de vouloir la paix pour nos familles à tout prix, avec n’importe qui, n’importe comment.

Quelques questions:

1) Combien de dizaines d’années faudra-t-il aux voisins palestiniens pour ne plus nous haïr, pour ne plus rêver de notre extermination?

Au minimum, je crois, le temps que la nouvelle génération d’adultes n’aient pas reçu de manuel scolaire antisémite, ni de prêches dans leurs mosquées parlant de la fin des temps, où l’arbre dira à l’arabe: « le Juif se cache derrière son tronc, tue-le ».

2) Quelle confiance pouvons-nous avoir en tous les pays actuels, pour qui l’écologie est la préoccupation essentielle, alors que cette idéologie est essentiellement politique et violemment antisémite? Les campus les plus brillants de la planète, Harvard ou Yale, sont déjà truffés de fascistes d’extrême gauche. 

Les contrats entre les États n’ont de valeur que par la bonne foi de ceux qui les signent: seulement les hommes meurent, et un nouveau Pharaon peut débarquer partout.

3) Comment peut-on à ce point refuser de voir la réalité d’Israël pour l’accabler de tous les maux, jusqu’à expliquer que les nazis c’est nous? 

Israël est une démocratie d’une vitalité inouïe; les manifestations durant des mois, presque une année, en sont la preuve vivante.

Israël a des citoyens tous égaux devant la loi: les Arabes sont ministres, Juges à la Cour Suprême, Députés, militaires dans Tsahal pour certains, mais également médecins ou pharmaciens, et le plus souvent travailleurs de force. Ils votent et peuvent s’opposer à la survie de l’État en toute quiétude. Les étudiants soumis à cette discrimination bénéficient de 100 points de plus à tous les examens des grandes universités, pour compenser leur niveau socio-culturel; un peu comme les jeunes des ZUP qui rentrent en France à Polytechnique ou HEC. Là, c’est plus dangereux: ils deviennent médecins !

Ne rêvons pas, beaucoup d’Israéliens n’aiment pas franchement les Arabes; et c’est largement réciproque. Mais comme tous les pays du monde, beaucoup d’Israéliens ne sont pas fans non plus « des autres », des Éthiopiens, des Juifs marocains, des Russes, ou encore des curés orthodoxes. Mais ils respectent leurs droits, leur position, et souvent découvrent qu’ils se sont trompés.

Israël, qui met en prison la moindre insulte raciste en public, la moindre baffe ou coup de poing -ce qui n’est pas un sujet en France, que je sache- , qui enferme un parent qui frappe son gosse dans la rue, serait ce peuple qui boit le sang des fillettes palestiniennes et qui les viole? L’idée me vient de ces jeunes délurés de Tel Aviv qui courent après des filles magnifiques: sont-ils victimes d’une grande frustration sexuelle qui les amènerait à violer les Palestiniennes en plein centre d’opérations à Gaza. Comment peut-on croire à ça, si on n’est pas par un antisémite virulent?

Non. quand Israël se fait massacrer, que ses nourrissons sont même pas épargnés, des voix se font entendre pendant 24 heures, 48 heures au plus; puis tout retombe: chassez le naturel -antisémite- il revient au galop. On trouve soudain que la réponse à ces monstres est « disproportionnée ». J’ai lu un commentaire pertinent sur ce point: « Voulez-vous que nous décapitions leurs bébés et leurs femmes enceintes par milliers pour être à égalité? Ou voulez-vous que nous voyions comment se comporte la Russie avec l’Ukraine, question proportion? Mieux encore: que nous fassions comme l’Ukraine et sa délicatesse légendaire face aux russes, lorsqu’ils ont la force avec eux? » 

C’est vrai, nous, Juifs, avons trop fait les malins en prétendant être la vertu incarnée. Désormais, pour répondre aux siècles où nous avons été détestés, même pauvres et humbles, massacrés, humiliés, « ils » ont besoin de montrer que nous sommes des nazis!

Il y a dix jours, j’étais chez l’un de mes enfants pour Chabbat. Vers 13 heures, la table était mise. Mais avant de commencer à manger, les enfants ont apporté la gamelle de luxe à leur énorme chat. Car, selon la Torah, est devenu un usage chez la plupart des Israéliens, même les moins pratiquants, de nourrir leurs animaux avant de manger eux-mêmes. Et nous serions des Nazis pour ces crapules des mouvements altermondialistes, wokes, faussement écolos, plus précisément frustrés de la vie, faisant rejaillir leur haine.

Nous marchons désormais sur la tête, un peu partout. Seulement les Juifs n’y arrivent pas. La tête, c’est avec le coeur, les seules choses qu’il leur reste. 

© José Boublil

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1 Comment

  1.  » Nous marchons désormais sur la tête, un peu partout. « .
    L’ Occident marche sur la tête. Ni Israël, ni la Russie, ni la Chine…. ne marchent sur la tête.

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