» Nous, tout c’qu’on veut, c’est être heureux
Être heureux avant d’être vieux
On n’a pas l’temps d’attendre d’avoir trente ans »
{Starmania}
6 octobre à 6h30. Nous ne pouvions imaginer ce que nous allions subir.
7 octobre à 6h30. Éberlué d’apprendre ce qui s’est passé au kibbutz Be’eri
8 octobre à 6h30. Éberlué d’apprendre ce qui s’est passé à Kfar Azza
8 octobre à 10h. Peu à peu, l’armée, la défense civile et les citoyens israéliens soudés comme jamais tâchent de retrouver notre « am israel hai »,l e peuple d’Israël vivra.
8 octobre à 14h. J’arrive à quitter mon kibboutz Hanita qui se trouve sur la frontière Israélo-Libanaise. Deux heures plus tard je suis à Tel Aviv chez mon neveu qui habite sur les ‘ »Champs Elysées » israéliens, la fameuse Rehov Dizengoff.
8 octobre à 18h Je commence à réaliser qu’il ne s’agira pas comme en 2008 d’une opération « Plomb durci » qui eu lieu du 27 décembre 2008 au 3 janvier 2009, mais d’une vraie guerre, même si au fond de moi je ne peux pas le croire, l’admettre. Tsahal, le Mossad, le Shin Beth et tant d’autres unités n’ont-elles rien vu venir ?
Le 8 octobre dans l’après- midi quand nos dirigeants ont pris conscience de l’ampleur du désastre et comme l’a dit Antoine Boulay de la Meurthe apprenant l’exécution du duc d’Enghien: « C’est pire qu’un crime, c’est une faute », mot parfois attribué par erreur à Fouché et Talleyrand.
OUI UNE FAUTE de la part de l’ensemble de nos dirigeants. De certains que je nommerais pas ici qui ne se sont préoccupés que de leur affaires personnelles, de leur aura, d’obtenir des budgets conséquents entres autres. Après notre victoire, il faudra les juger, tout remettre à plat.
8 octobre 20h : Une blague ici dit qu’il y a deux Israël : Israël et Tel Aviv. Ce soir-là, pour la première fois, il n’y a qu’un Israël.
Seules deux grandes chaînes d’alimentation restent ouvertes. Seuls ceux qui comme moi ont un chien les promènent.
Les rues sont vides. Ce jour-là, c’est pour moi notre kippour numéro deux, celui des civils aussi.
À kippour il y a de nombreux restaurants, pubs ,magasins ouverts. RIEN ce soir-là.
Ce qui nous effraie ce ne sont pas les missiles, les rockettes, pour la plupart d’entre nous avons des abris anti-bombes, les sirènes de l’armée nous préviennent d’un danger immédiat mais l’armée nous a informés qu’il y avait une probabilité de Palestiniens infiltrés.
Du 9 au 12 octobre très peu de cafés, boulangeries ouverts de 8h à 17h. Pas de pubs ni restaurants, est-ce vraiment le moment de se divertir ? Certains magasins sont ouverts et l’un m’a particulièrement frappé : un magasin de jouets. Oui les enfants enfermés pour l’extrême majorité, je n’en ai pratiquement pas vus durant cette période dans les rues de la ville, vous pouvez comprendre l’angoisse des parents, alors un nouveau jouet, quel réconfort pour eux.
Quelques restaurants depuis le 10 octobre offrent la possibilité du « à prendre sur place » ou livraison.
Mais uniquement de 8h à 17h avant que la nuit tombe.
Et puis tout d’un coup la ville Blanche, celle du High-Tech, la laïc tant décriée, se remet un peu à revivre le dimanche 15 octobre.
Nous sommes au dixième jour de la guerre.
Des coiffeurs hipster pour hommes, d’autres pour vous, mesdames, coiffure-manucure-pédicure, boulangerie, café/viennoiserie… ( les israéliens ne boivent que du café « kafoul ou affour » double ou avec du lait }, tattoo, magasins de mode, et pour nos chiens des salons de coiffure et de toilettage, vétérinaires, boutiques miam miam pour eux.
Le vendredi 13 octobre autour du Kikar Dizengoff, 103 bougies ont été allumées en mémoire des victimes assassinées, décapitées, violées, des kibbutzim Bee’ri et Kfar Azza. Un shabbat réunissant le même nombre que de bougies a été organisé. Rome célèbre également dans le Ghetto juif ce même shabbat. Je ne suis bien entendu pas étonné, voire disons-le sans réticence et c’est un euphémisme, du silence des institutions juives de France, comme à l’accoutumée. Ce n’est que le vendredi 20 octobre que la communauté française en a fait autant près de la Tour Eiffel. Mishkenim.
Il m’est impossible de ne pas vous faire part de la résilience, de l’entraide israélienne. Différentes organisations établies mais également des sites Facebook israéliens ont créé des chaînes d’entraides.
Je voudrais vous en citer trois.
Deux pubs restaurants des plus connus de Tel Aviv, le Dizengoff, rehov Dizengoff et le Java, rehov Ben Yehuda, ont ouvert afin de cuisiner des plats mis dans des tupperware à destination de ceux qui, compte tenu de leur situation, n’avaient pas les moyens de se nourrir, c’est-à-dire ceux qui sont considérés comme étant au niveau du seuil de pauvreté des survivants de la Shoah.
Le restaurant le plus cher de Tel Aviv en a fait de même à destination des soldats.
Le mardi 10 octobre je me suis rendu avec mon neveu au Namal, port au nord de Tel Aviv qui est un lieu festif, afin d’apporter couvertures et serviettes de bain à destination des soldats du front de Gaza et du nord. D’aucuns participent à des ateliers de couture afin de remiser chemises, pantalons et sacs à dos pour les soldats.
Cela peut vous paraître incongru mais Tsahal n’avait malheureusement pas prévu qu’il eût fallu appeler 380 000 réservistes en deux jours.
D’aucuns m’ont malicieusement fait remarquer : « Comment est-ce possible que Tsahal fût aussi mal préparée vis à vis de réservistes potentiels ? »
Vendredi 20 octobre à 6h30 : Nous entrons dans notre seconde semaine de guerre.
Vendredi 20 octobre, l’armée m’autorise à revenir à mon kibboutz, Hanita, afin de pouvoir prendre des affaires d’automne, d’hiver, et bien d’autres choses. Comme l’on dit ici: RAK BISRAEL, qu’en Israël.
Les trains en Israël fonctionnent normalement mais d’une façon réduite. Tous ceux qui se rendent au départ de Tel Aviv vers le nord, en l’occurrence pour moi à Nahariya qui est la dernière station au nord proche de la frontière Israélo-Libanaise, reçoivent un tarif spécial entre 21 et 50 shekels (5 à 12 euros).
Mercredi 25 octobre : Pour la première fois de ma vie en arrivant au Kibboutz je comprend ce que signifie être en guerre.
Depuis toujours nous avons une base militaire, mais dans ce cas…
En arrivant devant la porte (shaa) jaune, couleur de celle de tous les kibboutzim, à l’entrée trois soldats me demandent :
« Es- tu membre du kibboutz, qui t’as donné l’autorisation de venir ? »
L’ami chauffeur qui me conduit au kibboutz est autant ou peut-être plus que moi affecté par ce qu’il voit.
Nous déambulons sur la route qui mène à ma maison. Tout du long de la route nous voyons des chars dissimulés, des promontoires de sacs de sable afin que les soldats en cas d’attaque puissent se protéger. A chaque croisement de rues du kibboutz il y en a.
Quand j’arrive chez moi, à 500 mètres de la frontière, l’armée l’a complètement fermée, volets clos, mamad etc.
Par chance, ils ont laissé la clé sous le paillasson.
À droite de ma maison, à 20 mètres, est stationné un char. Cela me procure un certain choc.
Depuis le début de non pas cette guerre, mais de ces massacres innommables, se sont rendus chez nous entre autres le plus important, le Président Biden, puis Blinken, moult présidents et premiers ministres Européens, représentants de l’Union Européenne.
Le mardi 24 octobre à 6h,sof sof après dix-huit jours d’atermoiements, le bien-nommé Emmanuel Macron atterrissait sur le tarmac de Ben Gourion.
Environ 150 000 Franco-Israéliens vivent en Israël, environ 30 de nos compatriotes morts ou enlevés.
Le 27 octobre sera le jour de la troisième semaine de la guerre
© Michel Jefroykin
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