Tribune publiée dans Le Monde 12 août 2016
Si nous parvenions à qualifier cette guerre sainte de « crime contre l’humanité », la lutte contre le djihadisme serait plus efficace et la solidarité internationale encore plus forte, écrivait le 12 août 2016 Jacques Tarnero, chercheur et documentariste.
« Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ». Jamais ces mots d’Albert Camus n’ont été aussi pertinents. Jamais ils n’ont été, hélas, en aussi parfaite résonance avec l’actualité. Comment peut-on continuer à nommer du seul mot de « terroriste » les tueurs islamistes ? Quelle est cette prudence qui refuse de qualifier le « terroriste » ? De quelle couleur politique est-il, de quelle appartenance ? Quelle idéologie l’inspire ? Les tueurs nazis n’étaient-ils que des « assassins », des « criminels », ou bien étaient-ils des assassins parce que nazis ?
Faire l’économie du qualificatif « islamiste » consiste à faire entrer le geste du tueur dans la catégorie du fait divers. Ne pas le faire, c’est intégrer la culpabilité de l’accusation d’ »islamophobie ». Elle fait partie de la stratégie discursive de l’islamisme. Elle obéit à une logique de disqualification de la critique. Serait-il raciste de regarder de près la matrice islamique de l’islamisme ? Claude Lévi-Strauss ou Germaine Tillon seraient-ils coupables de ce crime intellectuel ?
Guerre au nom de l’islam
Continuer à psychiatriser ces crimes relève d’une étrange prudence. Si à Nice le camion « fou » était conduit par un « déséquilibré », aurait-il fallu l’interner dans un asile, s’il n’avait pas été abattu ? Le prêtre égorgé sur l’autel de son église l’a-t-il été par deux « malades mentaux » ? L’empressement que mettent les médias à ne pas qualifier ces crimes ou à les qualifier en leur ôtant leur inspiration politico-religieuse interdit de comprendre le moment dans toute son amplitude.
Comment peut-on continuer à nommer « attentat-suicide » des bombes humaines ? Quelle est la part « suicidaire » du geste de celui qui se fait exploser au milieu de civils innocents ? Est-il un désespéré, un dépressif pour qui la vie n’aurait plus de saveur ? En qualifiant de « suicidé » celui qui tue en se donnant la mort, on donne à ce geste la valeur d’un désespoir quasi romantique qui attire à son égard compassion et interrogation.
Qu’est-ce que ce malheureux a eu à subir pour ainsi se donner la mort ? Les victimes de la bombe humaine n’auraient-elles pas une part de responsabilité dans ce geste ? Ainsi, « l’attentat-suicide » culpabilise ses victimes autant qu’il les tue. Le « martyr » jubile de ce coup double, il jouit dans cette apothéose puisque désormais ce sont soixante-dix vierges qui l’attendent au paradis.
Qu’est-ce que le djihad ?
L’idéologie compassionnelle si soucieuse des causes sociales ne peut rien comprendre au terrorisme islamiste si elle continue à le lire dans les catégories politiques et psychologiques qui sont les siennes. Les Américains auraient-ils pu anticiper le 11 septembre 2001 ? Non, car ils n’imaginaient pas qu’un tel geste fut possible. Il n’entrait pas dans les scénarios imaginés par la CIA. Le camion tueur de Nice aurait-il pu être imaginé ? La réponse est non, pour les mêmes raisons portées par cet interdit de penser hors du politiquement correct.
On ne lutte pas contre une idéologie apocalyptique en disant aux djihadistes : « Messieurs, tirez les premiers », non seulement par courtoisie mais parce que notre logiciel juridique nous l’interdirait. On dit de cette guerre qu’elle est « asymétrique ». Certes, et elle l’est non seulement par les méthodes de l’ennemi, mais surtout par ce qui inspire ces méthodes. Notre incapacité, obstinée, à la nommer pour ce qu’elle est : c’est-à-dire l’affrontement fondamental d’un islamisme parti à la conquête du monde ajoute à la difficulté de la combattre.
Qu’est-ce que le djihad – tel qu’il est invoqué et pratiqué par les « soldats du califat »? Cette guerre sainte promet le paradis à celui qui pourchasse et anéantit les infidèles, les non-musulmans. Il s’agit de cette forme spécifique de guerre commise au nom de l’islam, visant à l’extermination ou à la soumission de populations pour la seule raison de leur identité non musulmane. Le djihad, présenté dans un premier temps comme une ascèse spirituelle visant à une communion avec le divin, a laissé place à sa forme politique telle que nous la voyons aujourd’hui à l’œuvre.
« Choc des civilisations »
Qu’est-ce qui définit le crime contre l’humanité ? Cette notion de droit, établie après les jugements des crimes nazis au procès de Nuremberg, caractérise les crimes de masse commis contre des personnes au nom de leur origine, ethnique, religieuse, politique. Il s’agit de crimes commis au nom de ce qu’elles sont, de leur identité, de leur appartenance.
Le djihad s’inscrit dans cette définition pénale du crime contre l’humanité. L’inscrire dans cette catégorie des crimes constituerait déjà un fort coup de semonce contre tous ceux qui habillent leurs crimes du masque d’une différence culturelle. Le dire haut et fort, au nom de principes universels, permettrait de faire un tri entre ceux qui partagent cette idée d’un universel commun pour une humanité commune et ceux qui refusent cette idée d’une communauté humaine obéissant à des lois universelles.
Tant que les musulmans n’auront pas fait ce travail critique sur leur corpus spirituel, ils resteront aveugles sur les sources de leur supposée « humiliation ». C’est au sein de l’islam que des voix doivent s’élever pour dénoncer cette monstruosité. Elles existent et c’est elles qu’il faut saluer.
On dira les choses comme on voudra : « choc des civilisations » déplaît aux indignés debout jour et nuit, parce que culturellement trop belliqueux, mais ne pas nommer le djihad pour ce qu’il est, c’est-à-dire un projet de crime contre l’humanité mené au nom d’une idéologie politico-religieuse, ne nous donnera pas les moyens intellectuels de combattre et de vaincre ce fléau.
© Jacques Tarnero
Tout cela est factuellement exact mais il faudrait préciser que l’objectif des indigénistes est exactement le même. Quand des indigénistes appellent publiquement à gazer, exterminer, assassiner ou violer les Juifs, les Blancs et les « non racisés » ce n’est pas une simple rhétorique . Avez-vous oublié Nick Conrad appelant à pendre des bébés blancs ou ce spectacle immonde du festival d’Avignon où sont embrochés des bébés ? Le projet indigéniste est a la base un projet génocidaire. C’est la même idéologie qui est a l’œuvre et le déni envers l’indigénisme est aussi grave que celui envers l’islamisme _ d’autant qu’ils sont intrinsèquement liés, idéologiquement et politiquement.
Les nazis pro Hamas en Amérique du Nord et en Europe sont autant des supporters de BLM et du PIR que des barbus. C’est l’électorat de Biden, Jean Luc Mélenchon (et donc une partie de l’électorat macroniste). Or je remarque qu’aucun des articles publiés ici ou ailleurs ne mentionne ce point absolument essentiel.
Donc en fin de compte aucune véritable prise de conscience de l’ampleur du problème mais au contraire une persistance du déni : il est totalement illusoire de croire que l’on peut combattre l’islamisme en occident et la propagande du Hamas sans combattre l’indigenisme/BLM.