J’ai lu il y a quelques mois « La carte postale », d’Anne Berest. En particulier ces pages si douloureuses sur la situation des enfants dans les camps de transit de Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Des petits, tout petits et jeunes enfants, seuls, arrachés à leurs mères, apeurés, hagards, affamés, sous la chaleur et dans la terreur.
La seule chose qui m’a permis de retrouver un peu le sommeil après cette lecture, de repousser au fond de mon âme ces images, a été de me dire que c’était fini, qu’ils étaient morts, depuis longtemps. Et qu’aussi insupportable qu’aura été leur souffrance et leur solitude, ils ne souffraient plus aujourd’hui.
Et viennent alors les abîmes d’angoisse pour les kidnappés du Hamas.
Bien entendu comme beaucoup de gens qui ont l’humanité chevillée au corps, et comme tous les Juifs du monde depuis une semaine, je ne dors plus, je ne mange plus, je suis habitée par ces visages trop nombreux et qui débordent notre âme. Arrachés à leur sommeil, à leurs rêves, et au monde. Je pense aussi aux civils qui souffrent et aux innocents qui meurent dans ce conflit d’horreur que le Hamas et ses soutiens ont imposé. Je suis pétrie de ces visages de femmes et d’enfants qui ont été terrorisés, qui ont vu la mort en face avant qu’elle ne s’abatte sur eux, égorgés dans leurs petits lits, attachés entre frères et sœurs pour être brûlés vifs, lacérés, et violés. Avec ce qui s’apparente à un protocole systématique. Je ne supporte pas l’idée qu’ils aient tellement souffert avant de mourir. En plus de mourir.
Mais ce qui est insoutenable et atteint le fond de l’abîme de souffrance, c’est de penser qu’il y a tant d’enfants, si petits, seuls sans personne, qui sont depuis 8 jours retenus derrière les portes de l’Enfer. Il semble qu’ils ne soient pas un objet de négociation pour les monstres du Hamas qui les détiennent, mais bien un objet de terreur et de déchaînement de la violence. Une vidéo d’un petit de 4-5 ans, seul au milieu d’enfants à gaza qui le frappent et le moquent en lui intimant de dire « maman », à circulé les premiers jours et son visage nous hante. Des vidéos ont été envoyées aux parents via les téléphones des plus grands d’entre eux qui en disposaient, en cherchant « Ima » et « Aba » en hébreu, avec des scènes de viols sur leurs enfants, et de mise à mort filmée. Des terroristes arrêtés témoignent du fait qu’ils avaient pour consigne de violer toutes les femmes, mais aussi les enfants et les bébés. L’insondable tristesse de la réaction de ce père, soulagé d’apprendre que sa fille de 8 ans est bien morte, plutôt que là-bas….
Que se passe-t-il pour ces petits, depuis 8 jours, 8 nuits, plus de 190 heures. Quelles sont les horreurs qu’ils voient et qu’ils subissent ? Ont-ils encore des larmes pour pleurer ?
Comment tous ces jours et ces heures peuvent-il continuer de s’égrener ?
© Arielle Schwab
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