Myriam Anissimov. Vie et destin d’Alexandre Grothendieck

Récoltes et Semailles I, II. Réflexions et témoignage sur un passé de mathématicien
Alexandre Grothendieck. ©  Paulo Ribenboim 

A l’occasion du dépôt de ses archives à la BNF, retour sur la publication de l’inclassable « Récoltes et Semailles » qui révèle le génie de l’un des plus grands mathématiciens du siècle précédent.

Le 14 juin 2023, une centaine de mathématiciens se sont réunis à l’amphithéâtre Hermite de l’Institut Henri Poincaré pour rendre hommage au mathématicien Alexandre Grothendieck, mort en 2014 dans le village de Lasserre, au pied des Pyrénées, où il s’était retiré dans un isolement total, au début des années 1990. Il n’acceptait aucune visite, même pas celle de ses enfants.

A Paris, nul ne savait où avait subitement disparu le plus grand mathématicien du XXe siècle qui avait abandonné aussi bien sa famille que la communauté mathématique et l’Institut des Hautes Études Scientifiques, où il avait dirigé pendant vingt ans ses fameux séminaires de géométrie algébrique, illuminant ses étudiants, mais aussi Jean Dieudonné (1906-1992) dont il avait été l’élève à Nancy, et qui devint avec humilité son scribe.

Cependant, en 1995, Grothendieck avait accueilli aimablement son ancien élève Jean Malgoire et lui avait même remis « des vieux papiers », dont La Longue marche à travers la théorie de Galois, en lui donnant l’autorisation écrite de les publier. Néanmoins, le 3 janvier 2010, il écrivit à Luc Illusie qu’il n’avait pas  « l’intention de publier ou republier aucune œuvre ou texte dont je suis l’auteur, sous quelque forme que ce soit ». 

A l’occasion de la visite de son ancien élève, Grothendieck lui donne la médaille Émile Picard, remise tous les six ans par l’Académie des sciences, dont il se servait comme casse-noix. Au mois d’avril de la même année, Malgoire fit don à l’université de Montpellier, où Grothendieck avait enseigné jusqu’à sa retraite, des manuscrits qu’il lui avait confiés, soit 18 000 feuillets, composés d’écrits littéraires, philosophiques et mathématiques. Après un long séjour dans un cagibi, ils ont été numérisés en haute résolution recto-verso, et mis en ligne (https://grothendieck.umontpellier.fr/).

« Dans Récoltes et Semailles, écrit le mathématicien Pierre Cartier, Grothendieck se compare à Einstein en matière de contribution au problème de l’espace. Et son tribut a en effet la même ampleur que celle d’Einstein. Tous deux ont approfondi une certaine vision de l’espace, dans laquelle celle-ci ne serait pas un réceptacle vide des phénomènes, mais l’acteur principal de la vie du monde et de l’histoire de l’univers ». 

Une enfance entre cultures juive, russe et germanique

Alexandre Grothendieck est né à Berlin en 1928. Son père Alexander Shapiro, dit Sacha, né le 6 août 1890, était issu d’une famille de Novozybkov, dont le quart de la population était juive. Son grand-père paternel était rabbin à Novozybkov. Ce prénom russe est celui sous lequel il est connu, mais certainement pas celui, juif, reçu à sa naissance par ses parents, qui étaient religieux. Il parlait couramment le russe, mais aussi le yiddish, comme en témoigne une photo de sa mère dont le verso, en caractères hébraïques, lui est dédié. 

Pour lire la suite, cliquez sur le lien:

https://www.nonfiction.fr/article-11813-vie-et-destin-dalexandre-grothendieck.htm

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