Chagall, le peintre qui m’a accompagné à chacune des étapes les plus importantes de ma vie. Pas un hasard : une nécessité et le sceau d’un indéfectible attachement au destin juif, que je tiens de ma famille, assurément non juive. Et donc aussi à tout ce que représente Israël pour l’Esprit.
En 1914, Chagall peint le son du shofar. Je ne peux pas mieux dire. Sa peinture, une simple gouache si je me souviens bien, rayonne de musique grave et joyeuse à la fois. Un peintre qui réussit à peindre un son, c’est très rare. En regardant cette image, j’entends les sonneries rituelles.
Avec cette image, je souhaite à tous mes amis juifs une belle et douce année 5784. Quand on a derrière soi 5784 ans d‘histoire, de sagesse, de dialogue et de corps-à-corps avec le Saint-béni-soit-il, on n’est pas du genre à tomber dans les panneaux du prêt-à-penser religieux ou philosophique, je pense.
C’est précieux. C’est ce que j’ai retenu de plus précieux de mes longues conversations très intimes avec Claude Vigée, par exemple, maître de sagesse et maître en poésie à qui j’ai pu confier des inquiétudes et des intuitions que je n’ai confiées à personne d’autre.
On prenait auprès de lui, presque sans s’en rendre tout de suite compte tellement cela semblait chez lui naturel, des lecons d’accueil. Tant il est vrai que le judaïsme est d’abord une expérience de l’ÉCOUTE.
Avec cette image, vraiment, comme l’a dit Claudel, « l’œil écoute ».
Ces dix jours qui commencent, sans prétendre à quelque compréhension particulière que ce soit, je serai simplement en pensée avec vous.
Chana Tova ! Et merci d’être là.
© Jean-Yves Masson
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