L’auteur de « La Fabrique du crétin » a sorti récemment un nouveau livre consacré à ce que devraient être l’école et l’élitisme républicain.
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La droite parle tout le temps de rétablir l’autorité. Mais laquelle, alors que le niveau des professeurs est lui-même désastreux ?
Jean-Paul Brighelli – Il faut rétablir l’autorité du savoir, bafoué par la loi Jospin de 1989, dont l’objectif était de mettre l’élève au centre — mais au centre de quoi ? Désormais l’élève pose son savoir — c’est-à-dire ses préjugés et son ignorance — en face de celui du maître. Au professeur d’Histoire qui fait un cours sur la Shoah, l’élève répond « ce n’est pas vrai » ou « c’est votre avis et non le mien ».
Vous écrivez qu’une de vos collègues explique à ses élèves que Voltaire est raciste…
Jean-Paul Brighelli – Voltaire et Montesquieu — parce qu’ils utilisent le mot nègre. Restaurer le savoir, c’est respecter celui qui le possède. Il faut donc s’assurer que le maître maîtrise le savoir, repenser la formation des professeurs, et proclamer que l’élève est là pour écouter. Pythagore exigeait cinq ans de silence de ses disciples afin qu’ils réfléchissent à une question intelligente. Il faut arrêter de demander son avis à l’élève, qui par définition ne sait pas. Exiger qu’il « construise ses propres savoirs », c’est le mettre en échec. Un élève doit tourner 77 fois 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler.
Pour être passée par l’école de l’élève au centre, j’en garde des souvenirs d’ennui profond et de terreur des cas sociaux qui m’entouraient…
Jean-Paul Brighelli – Vous êtes enfant du Protocole de Lisbonne mis en place par François Fillon. On a fait semblant de vous donner des compétences plutôt que des savoirs, comme on donnerait à un obèse la possibilité de sauter 10 centimètres en hauteur. Ce que vous savez, vous l’avez appris en dehors de l’école, seule, ou dans des domaines où la transmission existe encore.
Votre livre est une forme de plaidoyer supérieur pour l’enfant…
Jean-Paul Brighelli – D’où mes propositions : donner à chaque type d’élève des aliments en fonction de ses besoins. Le ministère doit fabriquer des programmes très larges dans lesquels les établissements peuvent piocher en fonction du niveau de leurs élèves — étant entendu qu’ils seront regroupés en classes de niveau.
Ce type de système de détection existe encore en sport et parfois en musique. Comment faire pour l’établir à grande échelle ?
Jean-Paul Brighelli – L’élitisme républicain n’est pas la massification, mais la sélection permanente. En Asie du sud-est ils détectent les talents dès 5 ans. Il s’agit de déterminer par la compétition quelles sont les capacités maximales de chaque élève et l’y pousser. La création du ministère de la réussite scolaire par Hollande était un non-sens total. Personne ne peut garantir que les élèves réussiront de la même manière. Un bac à 95 % de réussite perd sa fonction d’instrument de mesure et donc de sélection. Chaque élève doit être vu comme un potentiel à exprimer. Divers élèves, divers potentiels — mais chacun au plus haut de ses capacités.
Nutrition, sport, éducation sexuelle, écologie… L’école s’occupe de tout, sauf du savoir, et se mêle de ce qui ne la regarde pas.
Jean-Paul Brighelli – Il est nécessaire de consacrer 50 % du temps aux mathématiques et au français. 25 % à l’histoire-géographie, un peu de sport et quelques matières annexes. Le nécessaire doit exclure le contingent. On en est très loin. Arrivés au collège, 40 % des élèves sont illettrés et pour cause, leurs professeurs sont formés à la pédagogie et non à la maîtrise des fondamentaux. Le ministère devrait mettre en formation permanente la majorité des professeurs de moins de 40 ans pour leur apprendre ce qu’ils ne connaissent pas.
Vous avez pris parti pour la réforme de la sélection à l’entrée des grands lycées parisiens, ce qui a fait bondir à droite. Zemmour vient de la méritocratie républicaine. L’a-t-il oublié ?
Jean-Paul Brighelli – Roger Chudeau considère que la droite a une responsabilité historique dans la chute de l’école républicaine. La droite, c’est le primat de l’économie, pendant que la gauche offre le primat à l’idéologie — qui est ce qui n’a aucun rapport avec le réel, disait Hannah Arendt. La droite a laissé le champ libre à l’infiltration idéologique des programmes par la gauche — et leur contenu est souvent bien loin de la réalité.
Regardez l’esclavage. La loi Taubira du 21 mai 2001 instaure qu’il n’y a pas d’autres traites que la traite atlantique. Statistiquement la traite saharienne a été infiniment plus importante. Il y a des négriers européens, mais aussi noirs et arabes. Un élève m’a un jour dit que c’était faux car il n’y avait pas de noirs dans les pays arabes. Bien sûr ! Les Arabes les châtraient systématiquement. Comment comprendre la haine qu’il peut y avoir entre Africains et Arabes sans en parler ? De même, il y a eu une traite d’Européens par les Arabes. Les corsaires turcs au XVIIIème ont enlevé un million d’Européens. Un Algérien actuel a du sang majoritairement turc, européen et berbère. L’idée qu’il soit arabe est une douce plaisanterie. Mais il le croit !
Peu importe la réalité, l’idéologie sert à fabriquer une culpabilité de l’homme blanc plutôt que de comprendre que c’est une culpabilité croisée.
Vous considérez l’école comme responsable de la désintégration de la France ?
Jean-Paul Brighelli – Il faut limiter la liberté académique et commander aux enseignants de refaire une Nation à partir de l’enseignement du français, des sciences et de l’histoire. C’est le meilleur moyen d’intégrer des immigrés. Si on s’en était soucié, on n’en serait pas là. La plupart des profs de gauche (pléonasme) sont teintés de trotskysme. Ils ne parlent pas en termes de Nation mais d’universaux révolutionnaires. Si on veut avoir une petite chance d’assimiler les populations qui se replient sur elle et portent voiles et abayas, il faut leurs donner le goût de l’usage du français. Quand Rémy Rebeyrotte, député LAREM, soutient qu’Aya Nakamura participe à l’évolution de la langue française… Il faut repasser par la langue classique pour faire Nation. Le français bien parlé est en réalité une langue écrite, contrairement à l’anglais qui est une langue oralisée.
Vous accusez les grandes écoles de fabriquer du conformisme et de scléroser les élites du pays. Je ne peux que vous donner raison malgré un discours officiel hors-sol axé sur la créativité.
Jean-Paul Brighelli – Sciences Po envisage de remettre une épreuve écrite au concours d’entrée. L’entrée sur dossier favorise les héritiers, et c’est ainsi qu’un élève médiocre de l’école Alsacienne y soit entré sans aucun problème, et se retrouve aujourd’hui ministre de l’Education…
Quant à la créativité, ils n’en veulent pas. Le bon élève actuel est l’antithèse de ce qu’est véritablement un bon élève, c’est un crétin comme un autre. Ces écoles cherchent le conformisme quand bien même elles s’en plaignent. Il n’y a qu’à voir ce que disent chaque année les rapports accablants du jury de l’ENA.
Entretien mené par Laurine Martinez pour Tribune juive
Brighelli est champion de France du Yaka Faukon.
On le nommerait ministre de l’Education Nationale, ce ne serait nullement mieux.
Un nouveau ministre (Attal) vient d’être nommé; pas encore eu le temps de faire quoi que ce soit de significatif ; et Brighelli trouve déjà le moyen de le fustiger…
Bien facile, de cracher sur tout ce qui bouge.
Et si l’échec de l’Ecole Française était indépendant de la coloration politique du gouvernement en place?
Et si la trouille d’exercer une autorité, commune à la « gauche » et à la « droite », en était à l’origine?
Enchantée,
Je vous ai aussi lu hier expliquer sous l article concernant Pierre André Taguieff, qu’il n avait jamais rien fait d’autre de ces dix doigts que d’écrire des livres. C est tout aussi bien que de les laisser courir sur un piano.
Brighelli dit au milieu de l’interview que la droite et la gauche sont responsables de l’état de l’école pour des raisons différentes (budget/idéologie) et tout son livre parle des lâchetés des uns et des autres.
Quand à la question de l’exercice de l’autoritayyyy qui fait sauter au plafond n’importe quel droitard, elle est toujours mal posée il me semble. Car en réalité la notion d autorité est dévoyée par la bêtise même de ceux qui l’exercent (cc Taguieff que vous devriez lire au lieu de le traiter de Monsieur la morale).
Je regrette d avoir fait cette interview avant que ne sortent les informations publiques sur le suicide de Nicolas et la responsabilité de la rectrice de Paris, qui doit avoir laissée ici, et partout où elle est passée (budget, sciences Po) de ces lettres démontrant de sa mesquinerie autoritariste. A force d’expliquer partout que l’autorité se délite, cela donne une base idéologique non pas à son rétablissement mais à l exercice de tous les abus.
Quant à Gabriel Attal. Il réagit pour l’instant correctement. Mais quel rapport avec les raisons pour lesquels Brighelli le cite, lié à la question de la reproduction des élites et des avantages des fils de pour exercer le pouvoir. La sélection aurait dû donner à la France mieux qu’Attal et sa collègue Charline Avenel.
Droitard : homme de Droite selon le vocabulaire des gauchistes .
« La droite c’est l’ennui, la gauche le mensonge « Sylvain Tesson
Droitard – équivalent de droite du gauchiste par son recours systématique à l’idéologie, et croyant par son appartenance à un camp politique ayant longtemps été sous-représenté dans les médias, échapper à la nécessité parfois de regarder les faits.
Sinon, les autres personnes de droite, j’aime bien.
Ce n est pas la signification que je donne à ce mot.
Droitard – équivalent de droite du gauchiste qui se sert des années de domination culturelle de la gauche pour faire de l’idéologie sans jamais faire l’effort de penser.
Les autres personnes de droite, moi, j’aime bien.