Israël – L’avenir d’une illusion ? Appel à nos concitoyens israéliens

Membres de Schibboleth, l’Association Internationale Inter-Universitaire Schibboleth – Actualité de Freud(Fr) et The Interdisciplinary Institute Schibboleth – Presence of Freud – (IL) מכון פרויד של נוכחותו , שיבולת דיסציפלינרי-אינטר, groupe pluridisciplinaire d’importance de chercheurs et de praticiens de filiations de pensée différentes, nous avons l’ambition depuis 20 ans, croisant les études, les regards et lesréflexions, de discerner et d’analyser les signes et symptômes des problématiques civilisationnelles, sociétales et humaines, les liens entre singulier et collectif.

Réalisant que pour la première fois, alors que nous avons jusqu’ici abordé des thématiques très fortes telles celles rappelées ci-dessous, consultables en enregistrements-vidéos sur notre site et dans nos publications*, nous redoutions d’aborder entre nous la situation en Israël qui pourtant nous préoccupe, nous affecte et nous inquiète, et peut-être de nous retrouver comme tant d’autres face non plus à des différends d’idées, de positions, mais à un véritable clivage, un risque de rupture.

Comme si le fond commun qui étayait notre désir de pensée ensemble jusque-là, ainsi qu’il semblait réunir les juifs dans leur singularité en peuple Un, s’effritait vertigineusement après plus de 3000 ans de construction, d’épreuves surmontées, comme si la réédification d’Israël en État souverain sur sa terre reconquise, en Nation de tous les Juifs, de quelque façon que chacun vive sa judéité, avec son Armée de Défense, ses Universités, intriquant tradition et création, spiritualité et recherches contemporaines, transmission et modernité, allait s’effondrer comme un château de sable, de cartes devenues illisibles, ininterprétables, à la risée voire à la jouissance de nos nombreux ennemis, dans l’incompréhension anxieuse de nos amis et au désespoir de beaucoup d’entre nous.

Alors nous nous sommes dits que nous avions à surmonter nos appréhensions et à nous parler, à aller au-delà de nos positions idéologiques et politiques respectives, à éviter de faire masse les uns avec et contre les autres, que nous avions à retrouver le chemin et la fonction de l’écoute et du langage, à retrouver le désir, les raisons et la force de redéfinir notre fonds commun à partir duquel, seul, chaque groupe, chacun, aura la possibilité et les ressources de consolider son sentiment d’appartenance tout en choisissant en liberté-responsable sa façon d’être-Juif. Sujet et Peuple, singulier/collectif sont structurellement consubstantiels dans la pensée juive, dans l’existant-Juif, singulièrement universel.

Rappelons que le Shema Israël est proposé aux autres nations alors que le peuple Juif aura assumé son rôle inspirant : Écouter, à l’origine du travail de culture : « Là où Canaan est, Israël doit devenir ! », paraphrasant la formule freudienne : « Là où l’inconscient est, Je doit advenir ! » Apprendre à s’écouter avec respect avant de rejeter les paroles de l’Autre simplement parce que leurs origines proviennent d’un adversaire ; chercher une solution qui commence par admettre que tant qu’on n’a pas assumé les négociations, on ne passe pas à l’acte. Tout processus de paix acceptant au départ un arrêt des combats pour un laps de temps est accepté par les deux côtés. Et oui, la guerre a ses lois qui respectent l’adversaire, l’homme en l’adversaire. Au risque sinon de se transformer en massacre de masse.

Nous avons ressenti humblement le désir, le besoin d’inspirer nos camarades, nos frères, nos concitoyens. Le besoin d’assumer ce qui est constitutif de la construction du Juif depuis Moïse, depuis la décision de l’Alliance, une éthique de vérité, d’élévation de l’intellectualité, de responsabilité, de pensée et d’action, individuelle et collective. D’abord de baisser le ton, de renoncer aux invectives et aux insultes, puis d’entendre les peurs et les aspirations de chacun. Il ne suffit pas de faire des blagues sur ce qui caractérise les juifs, la question plus que la réponse, le doute plus que la certitude. Il nous faut retrouver, tout un chacun, et bien sûr les politiques, les médias, les universitaires, les responsables communautaires, entre nous une manière de se parler, de se reconnaître, d’instituer des médiations, des structures tierces seules à même d’être garantes des institutions et du Symbolique, des droits et devoirs semblables ou équivalents pour tous.

Nous n’avons pas de recettes magiques, de programmes synthétiques, globalisants et résolutifs tout prêts. Mais une importante envie de discuter, d’échanger, de penser ensemble, de contenir les fanatismes mortifères de tous côtés. Aussi, nous avons décidé d’écrire et de diffuser dans les médias israéliens cet appel à nos concitoyens israéliens : rétablir un langage, une façon de se parler, de partager une réflexion, une Démocratie dont tous se réclament, tout en déniant chez l’autre l’un des éléments fondamentaux qui la constitue (équilibre des pouvoirs/respect des élections), tiercéité pourtant constitutive du registre du Symbolique au fondement d’une Société vivante, une communication qui participe d’une véritable réflexion. Notre tribune tend à appeler à une disposition éthique, non à prendre une position littéralement politique.

Bien entendu, nous avons à essayer par ailleurs de dégager et analyser les éléments participant de cette crise profonde, sous-jacente à ce conflit aigu, politique et institutionnel. Une crise identitaire, de la transmission, une crise aussi dans le monde religieux avec ses clivages tant en Israël qu’en Diaspora. Une crise culturelle et des idéologies, comme dans tout l’espace occidental, avec ses spécificités en Eretz Israël et dans les communautés juives.

On perçoit les mouvements œdipiens, notamment au niveau des troisièmes générations manifestant rancune et colère, besoin de réparation des frustrations et humiliations qu’auraient vécu leurs grands-parents, eux-mêmes dans l’angoisse d’une perte mélancolique des origines. Car nos enfants, tout en ayant intégré la mémoire de nos histoires, seront Israéliens, et non plus d’abord ashkénazes ou sépharades, yéménites, russes ou éthiopiens. Nous pouvons envisager que les rigidifications dogmatiques expriment des angoisses et des peurs transgénérationnelles de part et d’autre. L’État d’Israël est très jeune, ce qu’on oublie à force de penser que le peuple Juif s’est édifié il y a plus de « 5000 ans ». La crise d’identité est au centre aujourd’hui, latente et bouleversante à l’insu des sujets qui en sont agis, de tous côtés : une crise de développement, une crise d’adolescence – Ça passe ou Ça casse ! -, qui devrait amener le sujet à s’assurer de ce qui constitue son Moi, au-delà de ce qu’il doit abandonner, de ce dont il doit se séparer, faire le deuil, de ses objets infantiles idéalisés, en faisant partie de la bande, puis plus largement de la communauté des semblables-différents, cette tension entre identité propre et identifications plurielles, croisées, conflictualisables, sentiment d’appartenances multiples. En rappelant que la crise d’adolescence correspond à la crise des parents du milieu de la vie.

Alors, devons-nous nous résigner, nous soumettre au manque d’âme, d’Ahava, d’amour d’Israël que les haines manifestées, meurtrières, révèleraient ? Un désir d’amour, d’amitié civique, ne seraient-ils plus envisageables ? Devons-nous nous effacer, laisser notre terre, partir de chez nous, pris entre la haine de soi, et le masochisme narcissique de certains, face à la soif de vengeance, de pouvoir et de violence d’autres, deux versions apparemment opposées mais semblables d’une utopie de la pureté idolâtre qui caractérise les extrémistes fanatiques qui veulent nous imposer la compulsion de répétition du clivage radical, de la division auto-destructrice telle que l’Histoire du peuple Juif l’a déjà connue à plusieurs reprises ? Au risque de voir la fraternité virer aux sectarismes et au fratricide, à l’anéantissement de tous? Au risque d’un avenir d’illusions : car l’antisémitisme et l’islamisme omniprésents dans les campus américains ou britanniques, dans les quartiers et villes européennes, doivent nous rappeler que notre pays est précieux.

Dans un monde en général clivant ou les extrémistes, même le plus souvent minoritaires mais militants activistes, imposent le ton et une tyrannie de la langue, alors massifiée et pervertie, aux dépens de l’esprit de réflexion, de débat, d’échanges et de dialogue, dans un pays où le système électoral qui se veut démocratique avec la prise en compte de toutes les minorités dans la proportionnelle intégrale, aboutit à des coalitions successives improbables, hétérogènes, voire contre-nature, au sein desquelles les partis minoritaires et souvent extrémistes finissent par peser sur le dialogue général en imposant leurs intérêts particuliers, ou surtout les députés sont élus par la direction de leur parti sans avoir de comptes à rendre aux électeurs locaux, ce qui accentue la massification des positions apparatchik partisanes en empêchant des échanges plus libres et donc plus de nuances au sein des partis eux-mêmes, et tout débat plus libre au sein même de la Knesset, nous insistons sur l’urgence de l’organisation d’une véritable réflexion – débat, d’un dialogue – controverses, qui rassembleraient toutes les sensibilités de l’échiquier, avec ou sous l’égide plurielle d’autorités politiques, religieuses, de références intellectuelles et morales, israéliennes.

Cette proposition s’inspire de la mémoire des fondations de l’université de Jérusalem posées en 1918 par Einstein et de nombreuses personnalités morales et intellectuelles, et des conseils avancés dans le fameux dialogue « Pourquoi la guerre ? » encore par Einstein et par Freud.

Cela pourrait symboliquement (re)sceller une alliance dans un tissu national qui s’altère. Différentes instances pourraient être à l’origine de cette initiative mettant en avant le dialogue et non plus le retrait comme c’est le cas actuellement…

Prof. Michel Gad Wolkowicz, Prof. Sam Tyano, Dr. Viviane Chetrit-Vatine, Colette Leinman PH.D,  Dr. Ilan Trèves, Dr.Jocelyn Hattab, Jean-Louis Repelski, Jean-Pierre Winter, Dr. Michel Granek, Dr. Marc Cohen,    Dr. Patrick Bantman, Thibault Moreau, Dr.     Jean-Jacques Moscovitz, Sabine Aiache, David Rubin, Prof. Nadine KupertyTsur, Dr. Miri Keren, Prof. Paul Atlan, Prof. David Banon, Prof. Ass (ex) Stephane Wahnich, Prof. Francine Kaufmann, Bruno Finel, et autres dont la vie et le destin d’Eretz Israël et des Bnei Israël sont au-dessus des passions intimes et des idéaux respectifs univoques.

* Ainsi L’antisémitisme, Présence de la Shoah et d’Israel dans la pensée contemporaine, L’islamisme, Leterrorisme, La haine du Féminin, Passions et délires contemporains, L’affaire Sarah Halimi, Les figures de lacruauté, L’oubli de Père, L’identité en question(s)/ Qu’est-ce qui fait peuple – Le Sujet Juif, Le sujet face au Réel et à la transmission, Si c’était Jerusalem, etc…

© Prof. Michel Gad Wolkowicz

Psychopathologie, psychanalyste, Prof. Michel Gad Wolkowicz est Président de l’Association Internationale Inter-Universitaire Schibboleth – Actualité de Freud (Fr) et deThe Interdisciplinary Institute Schibboleth – Presence of Freud – (IL);

מכון אינטר-דיסציפלינרי שיבולת , נוכחותו של פרויד


À venir: Colloque. « Des tyrannies contemporaines de la langue ? »

PS : L’Association Internationale Inter-Universitaire Schibboleth – Actualité de Freud (Fr) et The Interdisciplinary Institute Schibboleth – Presence of Freud – (IL); של נוכחותו , שיבולת דיסציפלינרי-אינטר מכוןפרויד, probablement le groupe d’intellectuels, d’universitaires, de praticiens issus de toutes les disciplines le plus important notamment en Israël et en France ( psychanalyse, psychiatrie, droit, histoire, Ethique, analyse des discours, des médias, des idéologies, pensée juive, littérature et arts plastiques et cinématographiques, philosophie, sciences du vivant, bio-génétiques, sociales et (géo-)politiques..), organise les 30 et 31 octobre 2023 à l’Institut Français d’Israël à Tel Aviv un grand colloque international précisément intitulé « Des tyrannies contemporaines de la langue ? » dont l’argument, le programme, et les modalités d’inscription sont sur le site www.schibboleth.fr


Schibboleth Actualité de Freud

Fr: +33 6 87 45 41 23 / +972 58 78 74 541

mgad.wolkowicz@gmail.com

www.schibboleth.fr / Schibboleth-Actualité de Freud https://www.franceculture.fr/emissions/talmudiques/et-tu-choisiras-la-vie

https://youtu.be/bzXjdkl0vJY

Association Internationale Inter-Universitaire Schibboleth – Actualité de Freud (Fr) et deThe Interdisciplinary Institute Schibboleth – Presence of Freud – (IL);

מכון אינטר-דיסציפלינרי שיבולת , נוכחותו של פרויד


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2 Comments

    • Oui: on a évidemment compris cet « appel » venu de penseurs de toutes parts « à discuter ensemble entre gens de bonne volonté et à cesser de s’invectiver ». Ça s’appelle la disputatio.

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