Interview François Moyse. Journées culturelles européennes

Dimanche 3 septembre débutera l’édition 2023 des journées européennes de la culture juive.

François Moyse le président de l’AEPJ, l’Association européenne pour la préservation et la promotion de la culture et du patrimoine juifs explique à Haïm Musicant les raisons du succès de cette manifestation désormais organisée dans 29 pays.

François Moyse

François Moyse vous êtes le président de l’AEPJ, l’Association européenne pour la préservation et la promotion de la culture et du patrimoine juifs. Chaque année, vous organisez les Journées européennes de la culture juive. Le 3 septembre elles seront inaugurées par une cérémonie à Bruxelles. Pourquoi avoir choisi cette ville pour lancer cet événement ?

Nous avons choisi Bruxelles cette année par ce que c’est un des sièges de l’Union européenne, probablement le principal, où se trouvent les institutions européennes que nous invitons. En effet, nous avons obtenu une subvention de l’Union pour notre projet et la cérémonie du 3 septembre s’inscrira dans le cadre de ce projet. Qui plus est, c’est la reconnaissance de notre association comme acteur central qui combat les préjugés par nos actions qui est ainsi récompensée et il nous semblait évident d’organiser dès lors cette cérémonie dans cette ville.

Que se passera-t-il lors de cette cérémonie ?

La cérémonie, qui aura lieu dans la Grande Synagogue de l’Europe, verra un programme très varié se dérouler, faite de discours de hauts représentants des trois institutions européennes que sont le Conseil des Ministres (présidé alors par l’Espagne), le Parlement Européen et la Commission Européenne. D’autres orateurs se succèderont, y compris le Secrétaire Général Adjoint du Conseil de l’Europe cette fois (dont le siège est à Strasbourg), le tout encadré par de la musique juive et des chants de la chorale et du hazan. Le patrimoine juif y sera célébré ainsi sous de multiples formes.

Combien d’activités sont-elles prévues le 3 septembre et dans combien de pays ?

A l’heure actuelle nous ne pouvons pas encore savoir exactement combien d’activités auront lieu, tant la variété et la dispersion géographique de celles-ci sont grandes. A titre de comparaison, nous avons recensé pour l’année 2022 les chiffres suivants : 29 pays participants, 860 activités et près de 150.000 visiteurs aux activités proposées. Les chiffres de cette année devraient être au moins similaires à ceux-ci.

La première édition des Journées a eu lieu en 1999. Racontez-nous cette naissance.

Sous l’égide plusieurs bénévoles de la communauté juive de Strasbourg, dont Madame Claude Bloch, du B’nai B’rith, une journée portes-ouvertes a eu lieu avec l’Agence de Développement Touristique : durant tout l’été 130 activités eurent lieu dans toute l’Alsace, permettant de visiter des lieux jusque-là inaccessibles et d’une valeur patrimoniale, touristique et historique incomparables : cimetières juifs, synagogues (souvent vides), bains rituels, quartiers et maisons juives furent ainsi (re)découvert(e)s et le succès fut immense. Il fut décidé d’organiser une Journée européenne de la culture juive sur base des mêmes recettes. A l’époque j’étais directeur du B’nai B’rith Europe : ensemble avec 2 autres organisations, nous avons lancé cet événement en coordonnant les activités dans 17 pays européens et le succès fut au rendez-vous de la même manière. Depuis, cette Journée s’est institutionnalisée dans le calendrier annuel.

En 2004 a été créé l’AEPJ qui coordonne les Journées. Mais en dehors d’elles quelles sont les autres programmes que vous organisez ?

L’AEPJ a été reconnue comme porteuse d’un projet culturel d’importance européenne par le Conseil de l’Europe et nous avons donc crée l’Itinéraire Européen du Patrimoine Juif, un itinéraire européen que l’on trouve sur notre site web www.jewisheritage.org. L’association fédère ainsi une multitude de projets autour du patrimoine et de la cuture juifs et mène des actions de formation et des échanges très fructueux autour de ces sujets, qui ont désormais gagné une importance centrale dans le calendrier d’institutions juives et non-juives.

Quel est l’accueil que vous recevez des autorités publiques et politiques ? Y-a-t-il des pays où c’est plus facile que d’autres ?

L’accueil que nous recevons partout est très chaleureux et l’intérêt de préserver et de promouvoir le patrimoine juif se retrouve aux niveaux local et régional, mais également au niveau national dans de très nombreux pays. Cela inclut des Etats très lointains par rapport à l’Europe de l’Ouest, y compris l’Azerbaïdjan, la Géorgie et l’Arménie. Mais partout où nous nous déplaçons, notre présence est vécue comme un grand soutien aux efforts de préservation du patrimoine juif local, témoignage d’une histoire d’intégration et d’échange, qu’il faut sans cesse rappeler, sans bien entendu oblitérer les années noires de la Shoah. Que ce soit à Syracuse en Sicile, à Izimir en Turquie où à Novi Sad en Serbie, mais aussi à Schirmeck en Alsace, nous avons été présents pour montrer le chemin de la concorde entre autorités et citoyens, à travers la culture juive et son histoire, matérialisée par le splendide patrimoine juif qui en est témoin. Il y a lieu de ne pas le laisser tomber dans l’oubli : pour notre part, nous continuerons inlassablement à y œuvrer.

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