Liliane Messika. Avignon 2023 : les deux côtés de la lorgnette

Le Festival d’Avignon est au théâtre ce que l’Art et essai est au cinéma : beaucoup d’essais et peu d’art. Mais à chacun son ressenti. 

Cette année, on a pu voir des choses intéressantes. Pas forcément au plan artistique, mais ce n’est pas pour ça qu’on se rend dans la Cité des Papes en juillet.

D’après L’Obs, qui trouve que cela ne mérite pas photo, une « performeuse incarne « une nounou qui empale sur un pieu qui lui traverse le corps tous les enfants français qu’on lui confie », rapporte pour sa part le site de spectacle vivant Sceneweb, une image qui a suscité une polémique sur les réseaux sociaux ». 

Mais sérieusement plus grave, « Lors de l’avant-dernière représentation, lundi 24 juillet, un spectateur a frappé l’une des interprètes pendant un jeu de mimes, à la fin du spectacle.[1]« 

Personne ne manifeste ? Que fait Rokhaya Diallo ? On n’interdit pas le Festival ? Le fantôme de Stéphane Hessel doit se retourner sur son nuage d’indignation sur mesures.

Mais que s’est-il réellement passé ? Libé n’ayant pas lancé ses fact-checkeurs sur ce dossier, nous nous sommes tournés vers le média cité par L’Obs.

« Ce lundi 24 juillet, lors d’une représentation au Gymnase du lycée Aubanel, l’actrice et performeuse Fatou Siby a été frappée au bras par un spectateur. Lors d’un jeu participatif avec le public, la comédienne monte dans les gradins et s’empare des sacs à main au hasard dans l’assemblée. « On a très bien identifié que c’était un jeu, que c’était des comédiennes », raconte une spectatrice qui a assisté à l’incident. « L’homme en question, âgé d’une soixantaine d’années, refuse alors de donner son sac. Il a tiré dessus, il ne voulait pas lâcher. Il a tapé sur la main de la comédienne, assez violemment, et il est parti », précise une autre femme présente dans la salle, bouleversée par la scène. L’une des comédiennes s’exclame alors : « Voilà on peut frapper une actrice pendant un spectacle et partir tranquillement, c’est ce qu’on appelle le privilège blanc !  » [2]« 

C’est bouleversant, en effet. Un type qui part avant la fin d’un tel spectacle, cela ne peut être qu’un suppôt de l’extrême-droite. Si en plus il est assez mauvais coucheur pour refuser de participer, cela prouve de surcroît qu’il ne sait pas apprécier l’art à sa juste valeur.

Quant à l’image qui fait polémique, mais qui ne bouleverserait probablement pas une spectatrice de Carte Noire, on la trouve sur Internet :

Il paraît qu’il faut toujours vérifier qui sont les pépieurs à qui on emprunte des images sans les connaître. On a donc cherché « Pierre Gentillet » sur la Toile. Première réponse :

« Maître Pierre Gentillet, avocat au barreau de Paris et enseignant, accompagne les acteurs de l’économie sociale et solidaire ». 

Des acteurs ? Cela explique pourquoi il était à Avignon ! OK, c’était facile. 

Deuxième réponse : « Pierre Gentillet est avocat au barreau de Paris et enseignant à l’université. Il s’était engagé un temps du côté de la Droite populaire. Aujourd’hui, il intervient régulièrement dans les médias, notamment sur C News et Sud Radio ».

C News ? Diable, il est donc maudit ! Et nous avec.

Pleurons donc tous en chœur sur la malheureuse comédienne victime d’un pisse-vinaigre et applaudissons, sans arrière-pensée et sans penser à rien, la brochette de petits Blancs que l’agresseur théâtral avait probablement trouvée de mauvais goût.

© Liliane Messika


Notes

[1] www.nouvelobs.com/culture/20230726.OBS76236/au-festival-d-avignon-les-actrices-de-la-piece-carte-noire-nommee-desir-victimes-d-agressions-racistes.html

[2] https://sceneweb.fr/les-comediennes-de-carte-noire-nommee-desir-victimes-dagressions-racistes-a-avignon

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2 Comments

  1. Voilà des individus qui commettent de l’incitation à la haine raciale voire au meurtre et qui non seulement ne sont pas traduits en justice mais bénéficient de la promotion de la répugnante presse française _ l’une des pires au monde. Puisqu’aucun Blanc ne pourrait faire le centième de cela sans se prendre un procès. C’est ce qu’on appelle le privilège noir. En France et aux USA un Noir a le privilège de pouvoir être raciste impunément et de faire même carrière grâce à son racisme.

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