Opinion. “Le temps du mépris”, par Gilles Bellaïche

Gilles Bellaïche. Israël is forever Toulouse

Nous assistons depuis des mois à une agitation urbaine et médiatique contre la réforme judiciaire pourtant validée par la majorité du peuple.

Mais nous assistons surtout à un phénomène tout particulier qui en dit long sur le complexe dont souffrent ses principaux acteurs.

En effet, nous voyons chaque jour un groupe humain issu de la société israélienne qui, orchestré par les managers en chef de cette agitation (1) & (2), s’exprime souvent bruyamment contre cette réforme au nom de sa propre minorité (3) & (4).

Une fois, ce sont des pilotes de l’armée de l’air, une autre fois, ce sont des ingénieurs de la High-Tech telavivienne, un autre des économistes, ensuite des réservistes de Tsahal, des responsables policiers ou des services de sécurité intérieure, des banquiers et financiers d’affaire, des hauts gradés retraités de l’armée, des médecins des hôpitaux, des salariés de l’industrie aéronautique, Et j’en oublie sûrement. Probablement verrons-nous demain des scientifiques réputés, des avocats, des enseignants-chercheurs, des patrons de grandes chaînes de distribution, des journalistes, des intellectuels, à leur tour menacer le gouvernement des pires maux si la réforme se poursuivait.

Mais nous ne verrons jamais, des chauffeurs de bus ou de taxis, des épiciers, des commerçants, des caissières, des femmes de ménage, des jardiniers, des travailleurs du BTP, des agents immobiliers, des garagistes, … tous ceux qu’on peut nommer « les invisibles » se dresser contre leur pays et sa démocratie.

Que cela signifie-t-il ?

Et bien que toutes ces minorités actives et manipulées, se considérant comme la force vive du pays, comme sa colonne vertébrale, viennent dire aux autres, au bas peuple, aux manants, aux marocayes, que eux savent mieux que quiconque, ce qui est bon pour le pays et ce qui ne l’est pas. Ils viennent dire : « Nous qui sommes instruits, nous qui sommes les sachants, et bien vous la plèbe, le tiers-état, vous devez écouter notre voix et respecter nos directives ».

Quel mépris ! Quelle suffisance ! Quelle gifle à la démocratie !

Et c’est pourtant ceux-là même qui à longueur de rassemblement, scandent sans cesse : Dé-mo-cra-tia, Dé-mo-cra-tia !

Mais tous ces instruits savent-ils vraiment ce qu’est la démocratie primordiale ?

Savent-ils que sa définition courante est : le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple ?

Savent-ils qu’une démocratie réelle commence par des élections libres et le respect de ses résultats ?

Savent-ils que de refuser les résultats d’une élection et vouloir imposer la parole de la minorité, s’appelle non pas la démocratie, mais la dictature ?

Savent-ils que d’attiser sans cesse la haine et la rébellion conduit tout droit au chaos et à l’affrontement civil ?

Savent-ils tout cela malgré leur haut niveau d’instruction ?

Pas sûr, et on est même en droit d’en douter sérieusement quand on les écoute vous décrire leur compréhension de la réforme et qu’on en connaît ses fondements réels,

On est en droit de douter de leur réel niveau culturel,

On est en droit de douter de leur réelle capacité d’analyse politique,

On est en droit de douter de leur clairvoyance face aux manipulations qu’ils subissent,

On est en droit de douter de leur honnêteté intellectuelle,

On est en droit de douter tout bonnement de……. leur intelligence !!

Mais comme me l’a si bien dit une de mes amies, être instruit ne signifie pas obligatoirement être intelligent, ou être obligatoirement capable d’analyses objectives et honnêtes. Etre instruit ne signifie pas non plus être libre dans sa tête.

Et à tous ceux qui disent : « Ah, t’as vu, les pilotes de l’armée (idem pour les ingénieurs de l’aéronautique) sont contre la réforme, cela prouve bien qu’elle est mauvaise », on peut leur répondre 2 choses : tout d’abord, que ce n’est pas parce qu’on est capable de jouer aux Top Gun dans les airs, qu’on a obligatoirement quelque chose dans le crâne, et ensuite on peut les inviter à réfléchir en homme libre et à ne pas sous-traiter leur analyse politique à des gens dont le niveau d’intelligence n’est pas supérieur au leur, et qui ont de surcroit des intérêts personnels à maintenir les choses en l’état, à sauvegarder cette situation et leur position dans l’état profond qui les a fait (5).

© Gilles Bellaïche

***

Notes

  • S. Trigano : « Du coup d’état au coup monté » – TJ, 7 juin 2023
  • « Le mouvement de protestation actuel avait été dessiné dans les détails par Ehud Barak en 2020 » – LPH Info, 21 juillet 2023
  • « Des dizaines de milliers de réservistes déclarent : Tsahal pourra toujours compter sur nous » – LPH Info, 19 juillet 2023
  • « Les putschistes qui voulaient dévoyer l’armée ont perdu » – JForum, 21 juillet 2023
  • G. BellaÏche : « Etat profond, vous avez dit Etat profond ? » – TJ, 17 juillet 2023

Gilles Bellaïche, Docteur-ingénieur en aéronautique, retraité du secteur spatial, est responsable de la section de Toulouse de l’association israélienne francophone Israël Is Forever.

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