Jean-Pierre Sakoun. « La marche du Conseil d’État vers une société ‘charia-compatible’ décapiterait la République laïque »

Jeanne Accorsini/SIPA

Jean-Pierre Sakoun, Président d’Unité laïque, critique le rapporteur public du Conseil d’État, dont les conclusions penchent en faveur de l’autorisation du port du hijab pour les footballeuses en France.

Le 26 juin 2023, le rapporteur public du Conseil d’État, saisi par le « collectif des Hijabeuses », organisation pseudo-féministe proche des frères musulmans qui se bat depuis des années pour tenter d’imposer l’orthopraxie intégriste sur les terrains de football, a recommandé d’annuler l’article 1er des statuts de la Fédération française de football, qui interdit « tout port de signes ou tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse », conformément à l’article 50-2 de la charte olympique.

Depuis 1989 et le funeste recul de Lionel Jospin devant la manifestation de l’extrémisme religieux dans l’École de la République, décision qu’il faudra quinze ans pour corriger grâce à la loi de 2004, les islamistes sont galvanisés. Ils avaient attaqué la République française, sanctuaire de la laïcité, du droit à l’indifférenciation, de l’égalité entre les hommes et les femmes et de l’émancipation, dans son École, au cœur de son dispositif. Ils s’apprêtaient à mener pendant des décennies la « mère des batailles » qui, s’ils la gagnaient, leur permettrait sans coup férir de mettre le pays sous le joug de leurs pratiques inégalitaires et rétrogrades. Ils eurent la divine surprise, c’est le cas de le dire, de voir la République capituler en rase campagne en laissant le champ libre à leurs exigences rétrogrades.

Pas un simple vêtement

Depuis lors le vertige de la confusion, entretenu par tous les alliés idéologiques et les idiots utiles de l’islam radical et politique, s’est emparé de la République française. Leur travail de sape mené depuis trente ans et la pression permanente que les islamistes exercent sur la société française, s’insinuant dans toutes les failles et les incertitudes de nos lois, fermement soutenus par feu l’Observatoire de la laïcité, portent leurs fruits amers.

« Interdire le port du hijab n’est en rien une atteinte aux droits des femmes »

Le hijab n’est rien d’autre que cette marque infamante de l’asservissement des femmes, mais ces trente années de lâcheté et de débandade politique permettent à certains de nous le présenter comme un signe de liberté, voire de libération de femmes, qui triomphe désormais dans le pays des droits de l’homme et du citoyen. Alors que les Iraniennes et les Iraniens meurent par centaines pour l’arracher, rappelons les mots de l’actrice iranienne Golshifteh Farahani, dans Télérama (16 novembre 2022) adressés aux pervers qui voudraient voir le hidjab comme un signe de soumission en Iran et comme une manifestation de liberté en France : « Libérer sa chevelure est un geste symbolique sans précédent. Le voile est la base de l’oppression islamique sur la femme. S’il tombe, le reste s’effondrera ». 

Si le hijab n’est qu’un vêtement, comme le soutiennent les activistes islamistes qui tentent de l’imposer sur les terrains de sport avec désormais le soutien du rapporteur public du Conseil d’État, alors, comme tout vêtement, il se retire et se remet selon les règles et les lois. Interdire le port du hijab n’est en rien une atteinte aux droits des femmes qui portent un « vêtement ».

L’oppression islamique

Ce sont elles et les hommes qui les dominent qui s’interdisent la pratique du sport au nom de leur vision intégriste et radicale de leur religion. Notre société démocratique n’a aucune raison de céder ou de s’adapter à cette vision, sauf à renier ses principes laïques et ses idéaux émancipateurs, ce que semble s’apprêter à faire la plus haute juridiction administrative de la République.

« Le Conseil d’État de la République française se mettra-t-il à son service pour réaliser son rêve ? »

Golshifteh Farahani dit que si le hijab tombe, l’oppression islamique sur la femme s’effondrera. Nous devons donc avoir conscience que si le hijab s’impose, l’oppression islamique sur la femme triomphera avec l’aide des plus hautes autorités de notre pays qui sont en train de donner droit de cité au séparatisme, au communautarisme et à l’intégrisme.

Yusef Al-Qarâdawî, penseur et plus grande autorité morale des Frères musulmans, écrivait : « Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons. Avec nos lois coraniques, nous vous dominerons ».  Il en rêvait. Le Conseil d’État de la République française se mettra-t-il à son service pour réaliser son rêve ?

La laïcité liquidée?

Ne nous y trompons pas. Demain, si le Conseil d’État suit son rapporteur égaré, plus aucune femme de culture ou de religion musulmane ne pourra entrer sur un terrain de football sans faire acte de soumission, sous peine d’être ostracisée ou violentée par les gardiens de l’orthopraxie et de l’oppression religieuse. C’en sera fini de la liberté de conscience. Ne nous y trompons pas. Quelques mois suffiront pour que, partie des terrains de football le programme islamiste s’impose dans tous les sports.

Ne nous y trompons pas. Une telle décision associée à la dérisoire réponse du ministre de l’Éducation nationale à l’offensive islamiste en cours dans l’École de la République pour y imposer l’abaya ou la prière, laisserait peu de temps à vivre à la laïcité scolaire et à la neutralité renforcée de l’École. La loi de 2004 serait bientôt liquidée. Ne nous y trompons pas. La marche du Conseil d’État vers une société « charia-compatible » » serait non pas un coup de canif mais une décapitation de la République laïque.

Serait-ce ce que nous préparent les boutefeux irresponsables du Conseil d’État, qui après avoir penché du côté du bénitier pendant un siècle, auront bien mérité de leurs nouveaux maîtres volontaires ou involontaires, les islamistes. Si le Conseil d’État de la République française décide de liquider sous nos yeux la laïcité, nous ne laisserons pas faire.

  • Par Jean-Pierre Sakoun

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