La plaque installée square Samuel-Paty en mémoire de l’enseignant assassiné le 16 octobre 2020 a subi une nouvelle dégradation. Mickaëlle Paty exprime à « Factuel » son incompréhension face à ces atteintes répétées et impunies.
À Paris, à une cinquantaine de mètres seulement de la cour de La Sorbonne, où s’est tenue le la cérémonie d’hommage national à Samuel Paty, le square qui porte le nom de l’enseignant assassiné le 16 octobre 2020 a été le lieu d’une nouvelle dégradation, mercredi 21 juin. Pour la sixième fois depuis le mois de février dernier, la plaque commémorant la mémoire du professeur d’histoire a été dégradée (Voir « Nos preuves »). Cette fois, c’est le nom de Samuel Paty qui a été gratté, le rendant quasiment illisible.
Contactée par Factuel, Mickaëlle Paty ne parvient pas à s’expliquer que de tels actes de vandalisme restent impunis : « Il avait été acté que le site serait sous surveillance afin d’éviter que de tels événements arrivent. Il n’en est toujours rien ».
Citée par Le Parisien, la maire du Ve arrondissement, Florence Berthout (DVD), assure que le site est équipé d’un système de vidéoprotection. C’était la promesse faite par Cédric Abadie, à l’époque directeur de cabinet de l’adjointe à la maire de Paris chargée de la Mémoire, à Mickaëlle Paty, au moment de l’inauguration du site. Selon la sœur de l’enseignant, Cédric Abadie se serait même excusé de cette absence de surveillance vidéo au moment de la présentation de la plaque. « Il a pourtant été pris un contrat moral en donnant le nom de Samuel Paty au square face à la Sorbonne. Le symbole était fort et il se devait d’être pérenne. Il n’est plus concevable de laisser des individus dégrader nos valeurs républicaines et il en incombe à tous d’assurer cette vigilance et le respect », s’indigne Mickaëlle Paty.
Il n’est plus concevable de laisser des individus dégrader nos valeurs républicaines
« Aucun retour de la mairie de Paris sur ce sujet »
En décembre 2021, soit deux mois après son inauguration, la plaque avait été dégradée une première fois. La mention du caractère « islamiste » de l’acte terroriste commis à l’encontre de Samuel Paty avait été effacée à la bombe (Voir « Nos preuves »). La dégradation commise la semaine dernière est donc la cinquième constatée en moins de 4 mois. En février dernier, le patronyme de l’enseignant avait déjà été gratté au couteau. En mars, deux nouveaux actes de vandalisme ont été constatés. Le 19 avril, c’était cette fois-ci le texte explicitant la raison d’être de cette plaque commémorative qui avait été strié de coups de couteaux.
Cette nouvelle dégradation, comme les précédentes, a été relévée par les adhérents du Mouvement Pour la Paix et Contre le Terrorisme (MPCT), une association de bénévoles fondée en 2003 qui milite pour une « condamnation universelle » du terrorisme. Contactée par Factuel, Huguette Chomski-Magnis, secrétaire générale du MPCT, déplore une situation « kafkaïenne » : « Nous avions déposé une première plainte, qui sera réactualisée avec cette nouvelle dégradation. Le tribunal ne nous a fait aucun retour, si ce n’est un accusé de réception. C’est incompréhensible ».
En décembre 2021, après la première dégradation du square Samuel-Paty, la Ville de Paris et la mairie du Ve arrondissement avaient annoncé avoir porté plainte. Cette fois, l’association assure n’avoir eu « aucun retour de la mairie de Paris sur ce sujet ». « La mairie de Paris s’en tamponne le coquillard (sic) », ironise Mickaëlle Paty.
Ainsi que nous avons pu le constater par nous-mêmes, samedi 24 juin, la plaque a bien été remplacée par les services de la municipalité.
Le 12 octobre 2021, le Conseil de Paris a voté le changement de nom de ce square, auparavant baptisé « square Paul-Painlevé », du nom d’un mathématicien et homme politique du début du XXe siècle. La délibération avait été adoptée par 158 voix sur 163 conseillers de Paris. Cinq ne s’étaient pas exprimés.
© Victor Lefebvre
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