Bon
Samedi.
Le bus est plein.
Monte une vieille dame qui ressemble comme un clone à Zonzon, l’arrière grand – mère d’Agrippine.
Un regard circulaire confirme que toutes les places sont occupées.
Mais Zonzon n’envisage pas de voyager debout, la chaleur a un petit goût d’enfer.
Il exista autrefois un humain assez humain pour prévoir quatre places réservées aux handicapés ou aux personnes âgées.
Les sièges sont d’une couleur différente et un petit logo représentant un bonhomme muni d’une canne explicite l’objet de ces sièges.
Statistiquement ils sont occupés par des gens dans la fleur de l’âge passionnés par leur portable et qui n’ont ainsi aucune chance de repérer la vieille dame ou le monsieur cacochyme à qui ces places sont réservées.
Comme d’hab un corpulent touriste occupe une de ces places.
Il est vraisemblablement sud – Américain car il s’époumone en espagnol sur son portable depuis le début du trajet.
Zonzon le fixe avec effronterie jusqu’à ce qu’il s’interrompe.
Elle pointe le logo, appuie sur son bras pour lui confirmer qu’il est l’heure de dégager.
Un regard rageur.
Il se lève lourdement, Zonzon s’assoit en le remerciant d’un sourire enjoué .
Son portable sonne.
Bien évidemment elle décroche.
Quelques mots pour exprimer son plaisir d’être appelée, elle parle très fort.
Suit un compte rendu détaillé de son état sanitaire.
Le bus apprend ainsi qu’elle ne va pas très bien.
Le bus , naturellement inquiet, retient son souffle.
L’explication arrive assez vite.
Demain on me fait un examen de la vessie.
Ah!!!
On attend la suite.
Vous comprenez , on ne sait pas ce que j’ai, j’ai des fuites.
Mince.
On espère tous que ce n’est pas trop grave .
Dame!! On ne sait jamais.
Elle poursuit en vouvoyant sont interlocuteur invisible. Ca faisait bien longtemps qu’on n’avait entendu de voussoiment dans cette société qui ne le réserve qu’à son crémier.
C’est à dire que j’ai 82 ans , poursuit-elle, comme si elle était installée sur le sofa en reps de son salon.
Et je n’ai pas envie de me retrouver avec une bambinette si on ne fait rien.
Les passagers ne respirent plus, désespérés à l’idée de voir Zonzon obligée de se protéger d’une bambinette
Enfin …
Ceux qui savent ce qu’est une bambinette…
On attend d’autres détails. Mais malheureusement Zonzon descend et on reste tous frustrés, on commençait à s’attacher à elle et à l’état de ses organes et voilà qu’elle nous lâche en plein diagnostic, sans un regard pour ses auditeurs tristement abandonnés.
On commençait à l’aimer, Mémé banbinette avec ses Converse rouges…
Le monde est bien égoïste, mon bon monsieur, ma bonne dame.
J’utilise l’écriture inclusive dont ont dit Qu’elle a été validée récemment.
Que cette journée vous garde bien au sec , le port de la bambinette doit être bien inconfortable comme le suggèrait Zonzo.
Je vous embrasse.
© Michèle Chabelski
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