Après vingt années de travail dans l’audiovisuel en tant que journaliste / réalisatrice, années pendant lesquelles j’ai réalisé des dizaines de reportages en tout genre, beaucoup de portraits, mais aussi des sujets d’actualité, des sujets musicaux… et des centaines d’interviews…, après également vingt ans d’enregistrements de publicités en tant que comédienne-voix-off et chanteuse, pour des annonceurs aussi divers et variés (Lancôme, Milka, Electrolux, Twingo, Playtex, l’Oréal…), j’ai décidé de réunir mes passions et mon savoir-faire, afin de réaliser un projet personnel porteur de sens.
Souvenirs d’enfant
Il y a près de 2 ans, en septembre 2021, je me suis ainsi tournée vers le podcast, média au coeur de mes centres d’intérêt, et j’ai créé « SOUVENIRS D’ENFANT », un podcast d’histoire orale qui donne la parole à nos ainés, de tous horizons.
Nés dans les années 1920/30/40, ces témoins du passé nous racontent leur enfance en France dans la période d’après-guerre, enfance loin des Tik-Tok, Instagram, Facebook, MacDo, Sushis… dont sont abreuvées les nouvelles générations. (C’est d’ailleurs en voyant mes filles affalées sur le canapé, absorbées par leur smartphone, que j’ai eu le déclic ; je suis certaine que beaucoup savent de quoi je parle 😉 J’avais envie de montrer aux générations actuelles que les enfants « d’avant » pouvaient être heureux, sans téléphone, sans écran, sans frigidaire, avec des toilettes communes sur le palier. Que l’idée de pouvoir « lire des livres à la bibliothèque » car ils n’avaient pas les moyens de les acheter, les remplissait d’un bonheur infini, que la « cuisson collective du poulet dans le four du boulanger le dimanche » était un évènement, que les gens chantaient dans la rue… bref, Je voulais transmettre cette mémoire
J’ai à ce jour réalisé plus de quarante portraits, d’homme et femmes… Je continue à réaliser des portraits tous les quinze jours pour entretenir et nourrir notre mémoire collective
Lorsque j’ai lancé « Souvenirs d’enfant », je voulais recueillir des témoignages « post guerre », positifs, joyeux sur une période de reconstruction pleine d’espoir. Je ne voulais « surtout pas parler de la guerre », de la Shoah, des camps, des morts… de tout ce qui me ramenait à mon histoire personnelle et qui réveillait en moi des souvenirs douloureux. J’ai passé des mois à interviewer des gens sur leurs souvenirs d’école, de vacances, je leur demandais de me décrire leur maison, leurs copains, leur ville… bref… »tout sauf »…
Et puis, sans que je le demande, on a commencé, à me raconter la guerre, les arrestations, l’étoile jaune, les regards des gens dans la rue, les petites remarques « l’air de rien », les camps de la mort, les disparitions, la douleur, les fermiers qui cachaient des juifs à la campagne, les justes… et c’est là que j’ai dû faire face à mon histoire. Mon histoire personnelle, celle de mes parents, (qui ont été les premiers témoins de « Souvenirs d’Enfant » d’ailleurs) qui ont été cachés à la campagne pendant les années de guerre, mais aussi mon histoire, car l’histoire de la Guerre et de la Shoah est l’histoire de tous ! Alors c’est devenu une évidence… Interroger ces personnes avant qu’elles disparaissent et que disparaissent avec elles cette mémoire de l’holocauste.
« Enfant de la Shoah »
« Enfant de la Shoah » est assez proche de « Souvenirs d’enfant », car il s’agit de la transmission de mémoire, mais il est plus « ciblé ». Il s’agit de témoignages de hommes et femmes juifs de 80, 90 ans et plus, qui nous racontent la guerre, la Shoah, les persécutions qu’ils ont subies en tant que « petits enfants juif » sous l’occupation. Chaque témoignage est un petit miracle, car ces enfants, malgré les souffrances vécues, ont été sauvés. Cachés pour beaucoup d’entre eux à la campagne sous de fausses identités, mais aussi dénoncés et emprisonnés, parfois même déportés. C’est l’incroyable Ginette, 98 ans, une « ex » du convoi 71 (le même que Simone Weil), qui raconte qu’elle « gardait sa ‘morte’ (sa voisine de convoi) près d’elle car c’était une ration de soupe supplémentaire‘, c’est Marcel, 86 ans, interné à Beaune-la Rolande, qui ne reverra plus ses parents et sera orphelin à 7 ans, c’est Albert, 87 ans, qui sera interné à Drancy, dénoncé par le maire du village dans lequel il était caché, c’est André, 87 ans, qui passera la ligne de démarcation enfermé dans un tonneau… ce sont toutes des enfances racontées avec sincérité, émotion, et beaucoup de courage (pour certains, c’est la première fois qu’ils racontent, qu’ils se confient).
Pour « Enfant de la Shoah », comme pour « Souvenirs d’Enfant » comme pour tous les reportages que j’ai réalisés dans le passé, je porte une extrême attention au montage. J’ai toujours considéré que la forme était aussi essentielle que le fond, pour raconter une histoire. Alors je mêle ces témoignages, que je monte minutieusement, à de la musique, que je choisis également avec beaucoup d’attention, pour en faire un véritable documentaire sonore… un bel objet, utile, précieux.
Créer pour transmettre. Créer pour conserver la vérité historique et sensibiliser les jeunes générations (une façon de lutter contre l’antisémitisme et les préjugés) mais aussi pour honorer la mémoire des victimes et rendre hommage à la force et au courage humain… Enfin, « last but not least », j’aime voir les petites étoiles qui brillent dans les yeux des personnes que j’interroge. Car se souvenir, même des moments aussi douloureux que ceux-là, est une façon pour eux de rester en vie.
Tout comme « Souvenirs d’enfant », Je réalise ce podcast seule, sans aucune aide extérieure. J’effectue mes recherches de témoins, je mène mes interviews, je monte les épisodes, j’y ajoute des musiques, je les mets en ligne, je fais ma communication, je gère mes réseaux… bref, tout 😉 Et j’ai à coeur que cela continue, car chacun des épisodes que je réalise est pour moi un petit bijou que je peaufine au mieux, avec ma sensibilité et mes émotions. Mais tout cela me prend beaucoup de temps… temps que je ne consacre pas à d’autres activités, d’où la campagne financement participatif que j’ai lancée il y a quelques jours sur Ulule., pour m’aider à couvrir une partie des frais inhérents à ce podcast.
Chaque don, chaque participation, même la plus petite, est importante pour moi, car elle m’aide à avancer sur ce travail de mémoire. Merci d’avance à tous ceux qui m’ont déjà aidée, soutenue, et ils sont nombreux, et merci à ceux qui pourront m’aider à financer cette campagne.
Au-delà de cette campagne de financement participatif, j’aimerais pour ce podcast « Enfant de la Shoah » que j’ai l’intention de poursuivre dans la durée, m’associer à un partenaire aux valeurs identiques à celles que je défends, valeurs de transmission, de respect, de partage… Avis à ceux qui m’écoutent… qui me lisent en l’occurrence 😉
Merci d’avance
Catherine Benmaor
Lien de la campagne Ulule :
https://fr.ulule.com/podcast-enfant-de-la-shoah/
Lien de mon premier podcast « Souvenirs d’enfant«
https://podcast.ausha.co/souvenirs-d-enfant
Lien de l’épisode « Felix sauvé du Veld’hiv » de mon premier podcast (le nouveau podcast ressemblera à ça, avec des témoignages souvent plus longs)
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