Michel Dray. « Onfray est une Sentinelle là où Houellebecq est un déserteur »  

               

                  A travers moi, chers lecteurs de TJ, c’est toute la rédaction de Tribune Juive dont Sarah Cattan est le moteur exceptionnel qui a voulu,  par cet article paru ce jour dans les colonnes du journal, soutenir un homme qui n’a jamais ménagé ses efforts pour dénoncer l’antisionisme, ce faux nez de l’antisémitisme, cet allié de l’islamo-gauchisme et ce bras idéologique du wokisme. Michel Onfray a écrit voilà quelques mois un magnifique texte intitulé « la Synagogue brûle, mais nous regardons ailleurs »  non pour se faire valoir auprès des Juifs de France, mais parce que cet homme exceptionnel, cet empêcheur de mentir en rond comme j’aime à le dire, est pétri de conviction. Aider Israël ne veut pas dire rejeter la question palestinienne, mais au contraire convaincre l’opinion publique que ce ne sont pas les Palestiniens qui posent problème mais l’islamisme qui les prend en otage comme il met en danger l’Occident tout entier.

Le Grand-Rabbin de France, Haïm Korsia, plus soucieux de serrer la main du recteur de la grande Mosquée de Paris (dont on sait les dangereuses accointances et ses liens privilégiés avec l’Algérie) que de serrer celle d’un honnête homme (au sens que le Grand Siècle donnait à cette expression) offre un comportement parfaitement honteux et que, en tant que Juif, je dénonce et regrette. 

Naturellement ces propos n’engagent que moi. Et comme je ne suis pas du genre à me défiler, disons qu’en ce qui concerne mon amitié et mon soutien à Michel Onfray j’use volontiers de la formule  « persiste et signe ».

***

   Houellebecq : Dr Jekyll et Mr Hyde 

Le 7 janvier dernier je publiais un article dans ces même colonnes intitulé « De l’urgence de lire Houellebecq », L’auteur des « Particules Élémentaires » et de « Soumission », un écrivain majeur témoin d’une société en déshérence. Cependant, force est de constater que Michel Houellebecq, que je ne connais pas, en faisant  la Une de l’actualité, a montré misérablement sa part d’ombres et de salissures.  

                  Celui qu’on qualifie de secret, de torturé et d’homme en souffrance nous revient avec un livre pompeusement intitulé « Quelques mois dans ma vie » dans lequel il raconte notamment et à sa manière les relations qu’il a eues avec Michel Onfray, écrivain que, en revanche, j’ai l’honneur de connaître un peu, le traitant quasiment de personne pour le moins infréquentable (1).

La différence fondamentale entre un romancier et un philosophe tient au fait que le premier invente des histoires là où le second observe ses contemporains à la loupe. Houellebecq est un romancier : il a donc le droit d’inventer, de construire, de rêver et de mettre en scène des personnages entièrement conçus dans sa tête. Le philosophe n’a pas cette latitude. Il questionne et SE questionne.

Cependant rien n’autorise pour autant le romancier à se comporter comme un menteur dans la vie de tous les jours. Houellebecq me fait penser à un chirurgien qui, dans son bloc opératoire passe sa vie à sauver des vies humaines, mais, une fois rentré chez lui, bat sa femme comme plâtre. Et si par aventure, la femme de ce médecin se prend l’idée de porter plainte, il y aura toujours des bonnes âmes pour dire que c’est elle la coupable et pas un homme qui passe son temps à sauver des vies. 

                  Houellebecq est comme ce médecin. Il travaille bien mais il agit mal. J’ai aimé « Soumission », j’ai adoré « Anéantir ». Mais franchement son dernier livre — plutôt un opuscule — me donne littéralement la nausée. Houellebecq, jusque-là considéré par les médias comme un auteur nihiliste, d’extrême-droite, voire de raciste invétéré, en s’épanchant devant les micros — lui, qui ne voulait plus accorder d’interviews — se refait allègrement une virginité.  Il ne ment pas en allemand, comme aurait dit De Funès (2), mais affabule dans un français au style un peu de guingois, si connu des alcooliques. Sans vergogne, il salit Onfray. Sans remord il se soumet à l’islamisme. Sans pudeur il parle de ses frasques sexuelles. Pour finir le tableau il laisse entendre — car il aime le discours tortueux — que Michel Onfray l’a pour ainsi dire « piégé ».

Les médias, trop heureux de se mettre une corrida sous la dent, mais surtout voir dans ce déballage de concierge une occasion supplémentaire de tailler un costume à l’auteur de « Décadence » et fondateur de « Front Populaire » dont ils sont jaloux du succès. Aussi déploient-ils le tapis rouge en faisant largement échos des propos de Houellebecq sans jamais chercher à connaître la version de Michel Onfray. (3) 

                  En effet, dans l’entretien que les deux hommes ont eu en janvier dernier, Houellebecq déclare « Des gens s’arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamique, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans les mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers ».

***

« Je porte plainte » dit le recteur Chems-eddine Mohamed Hafiz

Courroux du recteur de la grande Mosquée qui menace de porter plainte. Michel Onfray, dans un texte qu’il a publié pour se défendre — puisque les médias ne veulent pas l’écouter — écrit : « Houellebecq ment effrontément en affirmant qu’il n’a pas relu son entretien avec assez d’attention  vu son « passif sur l’islam » : il l’a tellement relu qu’il l’a corrigé en outrant ses propos malgré ce fameux passif (c’est moi qui souligne en gras). Il a ajouté ces mots que les associations musulmanes lui reprochent et qui ne se trouvaient pas dans la version orale ». (4)  

Houellebecq est comme ce chirurgien : faites ce que je dis mais ne dites pas ce que je fais. Je comprends dès lors que l’individu soit influencé par Céline ou Lovecraft. Comme lui, ils écrivent « joli » mais ont vécu salement. 

                  La mauvaise foi, c’est comme la drogue, il suffit d’y goûter une fois pour tomber dedans toujours. Houellebecq — aurait-il été torturé par les jihadistes ? — fait son mea culpa au point de se soumettre avec moins d’intelligence et de fourberie que son personnage de roman. Comme quoi chez lui, la réalité dépasse toujours la fiction.

***

Korsia sort de derrière les fagots

En effet , et sans avertir Michel Onfray, il décide une manœuvre pour se concilier les bonnes grâces du Recteur de la Mosquée. Et tout à coup, un personnage sort de derrière les fagots : Haïm Korsia, Grand-rabbin de France. Il est présent à la réunion. Onfray écrit à ce sujet : « Houellebecq a rencontré en catimini le recteur avec Haïm Korsia. J’ai découvert ce rendez-vous par la presse, comme tout le monde. Houellebecq ne m’a rien dit puisqu’il s’est mis aux abonnés absents depuis cette époque-là ». (5)

Un point à signaler: Korsia refusé ostensiblement de serrer la main à Michel Onfray. Belle marque de remerciement pour un homme qui a osé écrire « La synagogue brûle mais nous regardons ailleurs », magnifique plaidoyer pour dénoncer l’antisionisme, faux-nez de l’antisémitisme.  

La question que je me pose donc est la suivante : est-ce que le Grand-rabbin était présent « par hasard » ou bien a-t-il été un intermédiaire dans cette rencontre. Dans le premier cas, le recteur de la Mosquée et lui fréquentent « par hasard » les mêmes lieux (après tout Korsia a droit d’avoir les copains qu’il veut, fussent-ils pas si peu « cacher »); soit il a réellement effectué un rôle d’intermédiaire et dans ce cas, il a manqué d’honnêteté en n’invitant pas Michel Onfray.

N’est-pas Jacob Kaplan qui veut, Monsieur le Grand-rabbin, surtout en ces temps par trop médiatiques où le paraître prime sur l’être. 

***

Dans cette affaire, je ne peux retenir que trois choses

                  Dans cette affaire, je ne peux retenir que trois choses. D’abord, que Michel Houellebecq comme tout islamiste qui se respecte lit et pense de travers. Ensuite, que le Grand-Rabbin de France n’avait rien à faire dans cette galère, sinon se faire un peu de pub (aurait-il oublié l’Ecclésiaste : « Vanité, tout est vanité et fuite du vent »). Enfin, qu’au centre de cette désolation médiatique, on a cherché, une fois de plus, à salir l’un des hommes les plus lucides de sa génération. Comme l’a chanté  Guy Béart,  « Le premier qui dit la vérité sera fusillé ».

                  A travers des échanges de courriels et des conversations téléphoniques (que je garderai par-devers moi car, ils sont du domaine privé), je puis affirmer que Michel Onfray a été terriblement blessé. Je ne suis pas toujours d’accord avec Onfray, mais je sais que ce qui fait la valeur d’un homme c’est sa capacité à écouter l’autre. J’ai trop de respect pour ce genre d’homme pour me taire. Or, nous vivons dans un monde où écouter n’est plus à la mode. Seul l’hallali est de mise. Tant que je serai vivant, je ferai mienne cette phrase de la grande résistante Marie-Madeleine Fourcade :  « Écoute avec tes oreilles, pense avec ton cœur, mais surtout, reste éveillé ».  

                  Onfray est une Sentinelle là où Houellebecq est un déserteur.  

                                                                                                                            Michel Dray 


Notes

(1) « Quelques mois dans ma vie ». Michel Houellebecq. Flammarion. Un conseil : n’achetez pas ce bouquin, donnez plutôt cette somme au Resto du cœur. Ça sera plus utile à la collectivité. 

(2) Réplique de De Funès dans « La Folie des Grandeurs ».

(3)Article de Michel Onfray. « Front Populaire » du 29/05/2023. https://frontpopulaire.fr/societe/contents/houellebecq-heros-de-soumission_tco_22057833

(4) Article de Michel Onfray. Op. cité.

(5) Article de Michel Onfray. Op. cité. 


Historien, Analyste en géopolitique méditerranéenneMichel Dray travaille depuis de longues années avec des universités, des écrivains, des acteurs de la société civile et des chercheurs dans le cadre d’un Think Thank hors des Réseaux sociaux sur les analyses géopolitiques en Méditerranée.


Suivez-nous et partagez

RSS
Twitter
Visit Us
Follow Me

5 Comments

  1. Merci pour cette excellent article . Heureusement que des gens pensent vrai et regardent cette vérité .Merci encore de nous tenir éveillés . Tout le monde n’a pas l’intelligence du cœur . Quel manque de respect face à un homme comme Michel Onfray .

  2. Le CRIF toujours égal à lui-même.
    D’accord avec la totalité générale de l’article…sauf en ce qui concerne le talent supposé de Michel Houellebecq, « écrivain majeur ». En réalité la littérature (si tant qu’on puisse appeler cela de la littérature) française est globalement de la merde depuis Sartre et Beauvoir, les Thénardier de la littérature, et le milieu parisien bobo est un exemple parfait de bassesse morale autant que de néant intellectuel. L’attitude de Houellebecq est donc conforme à son style et à l’idée que je me suis toujours faite de lui.
    Onfray, à l’inverse, a du style. C’est un écrivain talentueux, un esprit brillant et un honnête homme…Autrement dit, une véritable anomalie dans un regime corrompu et basé sur l’ignorance comme la Macronie.

  3. Onfray (lui qui a toujours dénoncé le racisme et l’antisémitisme) accusé d’être raciste par les pires des racistes et des antisémites, accusé d’être d’extrême droite (lui qui est l’un des derniers hommes de gauche) par un régime politique et des médias cochant toutes les cases du fascisme et de l’extrême droite pure et dure :
    1) raciste : l’indigénisme et BLM sont la forme moderne du nazisme et du KKK (la lutte des « races »)
    2) intégriste (l’islamisme radical)
    3) le bruit des 👢 et le militarisme le plus exacerbé

    Une telle inversion des rôles n’est possible que dans un monde totalement orwellien, et Onfray l’a globalement compris puisque son 📖 « Théorie de la dictature » est précisément basé sur ce constat. Cependant, car il y a un cependant, le fait qu’il continue depuis X années à se répandre sur les plateaux de 📺 et de 📻 de ce régime fasciste prouve qu’il n’en a pas réellement compris la véritable nature.Que Tribune Juive n’ait absolument rien compris à la nature profonde du macronisme et plus généralement de ce qu’est notre prétendu « monde libre » est clair, mais de la part d’un esprit comme Onfray on serait en droit d’esperer qu’il aille jusqu’au bout du raisonnement qu’il a courageusement commencé à suivre.
    C’est plus un polémiste (brillant et courageux) qu’un authentique philosophe. Malgré toutes ses qualités il 🍑 par naïveté et faute de stratégie bien définie commet des erreurs tactiques qui finissent par se retourner contre lui.

  4. Wikipedia, devenu un organe de désinformation de masse, a déjà « réécrit » les pages d’Onfray, Todd et d’autres intellectuels par définition critiques envers le gouvernement, l’Eurofascisme et l’OTAN. Cette encyclopédie pour les Nuls joue en définitive le même rôle que la Télévision et la presse mais à une échelle planétaire : c’est vraiment l’empire de la désinformation (il n’y a pas d’autre mot) !… d’autant que la sphère islamiste et decoloniale y est extrêmement bien implantée (je l’avais déjà signalé à plusieurs reprises) et que de nombreux articles (exemple »racisme anti blancs ») relèvent purement et simplement de l’incitation à la haine raciale et/ou du révisionnisme. On peut également citer la page Blucher qui « oublie » de mentionner les atrocités commises par ce criminel de guerre prussien, ou encore les articles sur la famille Von der Leyen ne faisant aucune allusion aux sympathies nazies du père.
    A titre d’exemples parmi des milliers d’autres.

    Je cherche en vain une source d’information sérieuse et fiable couvrant une large palette de sujets sociétaux et politiques. Si l’un d’entre vous en connaît une (en français ou en anglais), lui serait-il possible de m’adresser un lien ? Merci d’avance.

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*