Sarah Cattan: Bonjour Frédéric Coscas. Nous avons été en contact il y a près d’un an mais vous étiez en pleine restauration de vos projets. Racontez-nous. Depuis quand êtes-vous dans ce domaine du voyage ? Que faisiez-vous avant ?
Frédéric Coscas: Bonjour Sarah. Je suis à la base Ingénieur en Mécanique et vis à Netanya. J’ai fait mon Alyah il y a 25 ans avec ma femme et mes 2 enfants à l’époque – une 3 ème est née en Israël – Mes 3 enfants ont servi dans l’armée dans des unités combattantes.
J’ai tout de suite travaillé dans le high-tech et y suis resté 21 ans durant, soit jusqu’en 2019. À partir de 2013, voyant que ma situation n’évoluait pas, j’ai pris de mon temps de travail pour apprendre le métier de Guide et à partir de 2016, après des études de Guide à Wingate, j’ai commencé à guider. D’abord pour des amis , ensuite avec les oulpanims, ensuite avec les agences.
Mon diplôme de guide en poche, J’ai commencé à travailler de manière indépendante et j’ai créé ma société, Fredi Tours, tout en restant dans un premier temps ingénieur à Orbotech, donc en faisant du 50-50.
S.C.: N’avez-vous pas craint qu’il s’agît d’un secteur déjà saturé ? En ce cas, aviez-vous déterminé un « nouvel angle », une « offre » différente, quelque chose qui manquait au secteur ?
F.C.: En 2019 le marché du tourisme « explose » en Israël. Il y a du travail pour tout le monde et certains guides plus expérimentés me donnent du travail et même de très bons conseils pour « tenir » dans le milieu pas simple du tourisme. En Octobre 2019, J’ai décidé de quitter le monde du HIGH TECH pour travailler à 100% dans le domaine du tourisme. Mon rêve se met enfin en place et plus rien ne me fera changer d’avis. Je n’ai jamais eu de craintes, au contraire j’étais enfin satisfait de ma vie professionnelle.
Les groupes affluent du monde entier, mon rêve prend forme enfin. Au départ je travaille dans des domaines divers : visites privées, groupes étrangers … Mais je prends conscience qu’à chaque « épisode » sécuritaire – attentats, guerre à Gaza -, les annulations sont nombreuses. J’ai donc développé un concept de sorties en groupes pour des personnes vivant en Israël, en majorité des retraités mais pas seulement. J’ai fonctionné uniquement par l’intermédiaire du bouche à Oreille et D. seul sait combien c’est efficace: les gens viennent à mes excursions.
Fin 2019 – début 2020, tout va bien, jusqu’en mars 2020 et là arrive le … COVID 19. Catastrophe, je suis sans boulot durant presque toute l’année 2020 mais je me maintiens un peu grâce aux clients locaux que j’avais guidés avant le Covid. J’ai mis à profit ces périodes en faisant des repérages et en découvrant seul des coins méconnus de notre pays comme le Golan ou le Néguev … Je ne voulais absolument pas retourner dans le high-tech: ma passion était intacte; Je savais que tous ces endroits visités allaient être appréciés par mes clients.
J’ai perdu plus de 70% de mon chiffre d’affaires à cette époque mais ma persévérance a payé et après une année 2021 difficile, 2022 et le début 2023 ont été meilleures bh. Aujourd’hui je reste optimiste même si le tourisme ici reste très dépendant de la situation sécuritaire.
J’essaie de développer de nouveaux projets comme celui dont je vous ai parlé et sur lequel je vais revenir.
S.C. : Lors de notre première pris de contact, nous avions évoqué « la vie chère » : où en est lePays ? Cela n’a-t-il pas été un frein pour vous ? Les Banques suivent-elles en Israël ?
Votre épouse travaille avec vous…
F.C. : Effectivement la vie en Israël reste extrêmement chère, les monopoles font toujours la loi et les hommes politiques de tout bord pensent plus à garder leurs sièges qu’au bien-être du peuple. Bien sûr que c’est un frein pour nous: on est constamment obligé d’augmenter nos prix, les clients ne suivent pas toujours, et les banques ne font aucun cadeau. Certains – les chiffres sont imprécis – rentrent carrément en France, même si je pense que ce n’est pas du tout la bonne solution: moi je pense qu’il faut au contraire rester ici et combattre ces monopoles pour améliorer notre niveau de vie. Je reste persuadé que la vie est meilleure à Jérusalem qu’à Paris. Je déplore néanmoins toujours le manque de cohésion dans les mouvements associatifs francophones, même si séparément ils aident les familles en difficulté. Les banques aussi s’enrichissent sur le dos des concitoyens, notamment à cause de la hausse des taux d’intérêts pour juguler l’inflation. En fait on pénalise l’israélien moyen qui vit à crédit – et j’en fais partie – , les banques ont perdu l’esprit sioniste et seul le profit les intéresse.
Néanmoins, on a toujours l’espoir que tout cela change. Le pays a connu une croissance exceptionnelle depuis 20 ans et le peuple israélien est très énergique, donc on reste optimiste et puis notre pays a des ressources énergétiques nouvelles que le monde entier nous envie.
S.C. : Comment vous êtes-vous fait connaître, comment avez-vous fait la différence ?
Je me suis fait connaitre uniquement grâce au bouche à oreille et aussi via les excursions originales que j’organise. Je diffère de certains de mos collègues qui eux préfèrent organiser des sorties avec des petits groupes: moi je peux gérer et organiser des bus de 50-60 personnes.
S.C. : Quel est votre public ? Comment vous faites-vous connaître à l’étranger ?
F.C. : Mon public est un public majoritairement constitué de retraités. Le problème c’est qu’en Israël on travaille même le Dimanche et donc ça limite énormément la participation des jeunes dans les sorties. De plus les écoles fonctionnent 6 jours sur 7. Et comme ma clientèle est souvent « shomer Shabbat », c’est difficile d’avoir des familles avec nous, vu que je n’organise jamais de sorties le Samedi ou lors des fêtes, comme le font nombre de mes confrères ici. D’ailleurs certaines agences du pays – pas toutes, heureusement-, évitent d’embaucher des guides shômer Shabbat pour ne pas gêner la programmation des visites guidées.
En ce qui concerne l’étranger, les réseaux sociaux m’aident énormément à me faire connaitre même si j’aimerais développer un site internet… Les gens rentrent en France et parlent de moi et le réseau s’étend. Voila c’est tout simple.
S.C. : Avez-vous une clientèle autochtone ? Tous les âges sont-ils concernés ? Tous les milieux sociaux ?
F.C. : J’ai une toute petite clientèle autochtone car mes sorties sont principalement destinées à la population francophone, même si j’ai de temps en temps des entreprises israéliennes qui me demandent de les guider. Comme je l’ai dit auparavant, la moyenne d’âge de mes clients tourne autour de 60-70 ans et varie selon le thème de la sortie: lorsqu’on va dans un parc – Hermon, Sahne , Hamat Gader- la moyenne d’âge est de 40-50 ans; lorsqu’on visite des sites archéologiques ou des musées à Massada ou Césarée, la moyenne d’âge est de 60 ans et plus.
S.C. : Proposez-vous des séjours « à la carte », ou selon le pouvoir d’achat ?
F.C. : Non je ne propose pas de séjours à la carte mais j’organise souvent des journées avec des groupes privés à des prix variant selon la destination proposée. Les prix que je propose, de l’avis des clients, sont adaptés à tout le monde, même si parfois je propose des séjours dans des hôtels luxueux et que là, les prix augmentent, mais cela reste dans le domaine du possible. Le pouvoir d’achat intervient peu.
S.C. : Racontez-nous ce que vous apporte cette activité sur le plan humain ? Sur le plan patriotique ?
F.C. : J’aime ce métier et j’ai toujours rêvé de l’exercer. J’ai toujours été passionné par l’histoire et la Géographie et le métier de guide met ces passions en valeur. De plus j’adore le contact humain, et cette activité offre le luxe de cultiver les relations humaines. Quand je guide, la passion qui m’anime lors de mes explications arrive à convaincre autrui de la beauté de l’histoire et du lieu. Par exemple, lorsque je suis à Tel SAKI dans le Golan, j’arrive à exprimer les émotions des soldats Israéliens, un matin du 7 Octobre 1973, qui se sont retrouvés cernés par les Syriens et qui n’ont pas le choix de se cacher pour ne pas se faire fusiller… C’est un métier brut en fait. Il n’y a pas de demi-mesure. Soit on aime « découvrir », soit on reste bronzer les pieds en éventail.
Bien sûr aussi sur le plan patriotique c’est très fort, ce métier met en avant mon sionisme et mon amour pour Israël. Cela me rend très heureux.
S.C.: L’image d’Israël est très clivée à l’extérieur : ressentez-vous cela ? Vos circuits peuvent-ils infléchir l’antisionisme ? On imagine difficilement que la crise politique ne se mêle pas à vos circuits…
F.C. : Le Guide est en fait un des ambassadeurs d’Israël dans le monde. On est là pour montrer la vérité d’Israël. Combien de clients non-Juifs m’ont dit à la fin de notre visite leur étonnement d’avoir découvert un pays si différent de ce que les médias leur avaient décrit. J’essaie notamment de parler souvent du rôle de l’armée qui n’est pas ce que montrent les journaux, mais au contraire une armée humaine, qui est là uniquement pour défendre notre pays. Certains me disent même que j’ai fait le bon choix en vivant ici et pour moi, c’est la plus belle victoire.
Je veux montrer comment il y a encore 150 ans il n’y avait ici que désert et désolation et aujourd’hui on a un pays développé a la pointe de l’économie mondiale. J’ai réussi a infléchir l’opinion de certaines personnes et croyez-moi, ce n’est pas si simple que ça… J’évite néanmoins de parler politique dans mes tours car je ne veux pas heurter la sensibilité des uns et des autres mais par contre j’ai une ligne de conduite constante : Dire l’amour D’ISRAËL, Montrer la beauté et la diversité de ce pays : C’est mon credo.
S.C. : Parlez-nous de cette formule « Israël en 5 jours« ?
F.C. : J’ai constaté dernièrement que personne en Israël proposait des tours complets à des groupes de personnes vivant ici ou venant en vacances ici. Je leur propose de visiter le pays en 5 jours. Voir les lieux les plus importants (Jérusalem, Rosh hanikra, Massada … ). Visiter aussi un Kibboutz et un Mochav, et aussi des lieux moins connus mais tout aussi significatifs de la société Israélienne. J’ajoute encore des sorties culinaires: Route des vins, déjeuner chez les Druzes. Enfin, des moments de détente indispensables comme une baignade à Sahne et à la mer morte… Que les touristes aient le sentiment d’avoir visité le pays en entier sans avoir fait un marathon. Ils auront dormi dans de beaux hôtels en Galilée et à Jérusalem … Et profité des plus beaux coins du pays sans s’ennuyer une minute: Tout cela en 5 jours seulement. Nul ne regrettera ce « tour ».
Le premier séjour « Israël en 5 jours » aura lieu entre le Dimanche 8 octobre et le Jeudi 12 Octobre 2023.
Me contacter pour avoir le détail du séjour.
Un tioul טיול ? Ce sont les touristes qui en parlent le mieux !
Sarah Cattan
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