Liliane Messika. Une revue prend sa bêtise au sérieux

Encore un sommet vaincu : celui de la bêtise

La bêtise humaine est un sujet universel. Einstein disait que la preuve n’était plus à faire de son absence de limites.

Quand elle est couplée à la méchanceté (elle aussi illimitée), les Juifs sont à peu près certains d’en faire les frais.

C’est pourquoi il est réconfortant de trouver un contre-exemple, encore que, en l’occurrence, la méchanceté n’est pas avérée. En revanche, la bêtise touche à des sommets inégalés.

Il s’agit d’une revue dont chaque ligne porte en elle le stigmate de la grenouille wokiste qui se prend pour le bœuf cartésien. Nous dédions ce poème à ses auteurs, qui ont dû fumer des champignons très hallucinogènes :

Heureux qui, Féministe, a fait un beau voyage,
Ou comme celle.lui-là qui conquit le langage,
Et puis l’a retourné, points médians et collages,
En rendant inaudible la langue et le message !

***

Le voyage dans le wokisme : une plongée psychiatrique sans bouteille

Sans bouteille, mais avec une boussole. 

Elle se nomme GLAD ![1], le point d’exclamation permettant qu’on ne prenne pas cette revue bisannuelle de l’association « Genre, sexualités, langage » pour une exclamation de joie anglophone.

Pour son numéro à paraître fin 2024, sur le thème « Genre-Animalité-Langage », la revue lance un appel à contributions sous la forme d’un « argumentaire » qui liste la faune et la flore d’une jungle au sabir impénétrable[2].

Le.la contributeur.e est invité.e à investiguer l’imaginaire commun partagé par « la consommation carnée et le viol« . 

Comme dessert, il y a du « Black veganism ». Il s’agit d’une conjugaison (à l’impératif) de l’antispécisme, battu en neige et incorporé soigneusement aux luttes antiraciste et antisexiste, afin d’ouvrir « une voie prometteuse pour penser la dénonciation et le dépassement des … animalisations péjoratives et essentialisantes« . 

Malgré leur empathie pour nos amies les bêtes, les charabiatologues admettent que le lion dévore la gazelle, mais la loi de la nature n’a rien à y voir : pour eux, viande et viol sont dans le même bateau. Si le lion mange, ce n’est pas parce qu’il est outillé carnivore, mais parce que son nom est un masculin. Et si la gazelle finit dans son estomac, ce n’est pas parce que son anatomie d’herbivore ne lui laisse aucune chance, mais parce que son nom est un féminin.

Parler de choses insignifiantes en se croyant insigne

Révélation : « Il existe un continuum entre le traitement des corps des femmes, mais aussi des esclavagisé.e.s, des handicapé.e.s, des racisé.e.s et ceux des sols, des animaux, des végétaux. Tous.tes sont naturalisé.e.s, terrains d’expérimentation ou de conquête ».

Un lecteur distrait comprendrait que les handicapés ont droit à autant de respect que les animaux et les végétaux, mais deux observations s’imposent.

Au plan sémantique, il s’agit du contraire de ce que croit le lecteur nanti de quelque chose entre les oreilles. C’est une projection et un racisme. Exégèse : l’homme blanc de plus de 50 ans méprise les femmes, les handicapés, et il est tellement imbu de sa supériorité qu’il ne respecte pas plus la faune et la flore. Projection psychanalytique s’il en est, car les auteurs de la revue se sentent investis à d’une connaissance idéologique absolue, qui les autorise à donner des leçons à l’humanité tout entière.

Au plan psychologique, ce galimatias n’a pas vocation à faire sens. Il ne s’agit que d’une incontinence verbale consécutive à l’ivresse inclusive d’individu (point E point S) qui confondent leur nombril et leur neurone (au singulier).

Zoo-inclusivité n’est pas zoophilie

Les amis des animaux ne sont pas tous zoophiles, car cet adjectif est de plus en plus réservé à ceux qui leur manifestent un amour physique non précédé de la signature en trois exemplaires de leur consentement éclairé.

Quid des zoo-inclusifs ? Ceux qui GLADifient n’aiment pas les animaux, ils les utilisent seulement pour leurs démonstrations de supériorité. C’est dans cette optique qu’ils posent une question métaphysique : dans les verbalisations humaines adressées aux animaux domestiques « quelle place occupe le genre de l’énonciateur.rice, qu’iel soit l’humain.e s’adressant à l’animal ou l’animal dont on imagine le discours ?« 

Cette sodomie coléoptérique posera les jalons d’une langue zoo-inclusive à laquelle les  jargonneurs aspirent, tout en reconnaissant sa complexité : il faudra écrire systématiquement « cheval.jument » ou « poule.coq » et conjuguer au masculin fourmi, girafe et coccinelle…

Conclusion littéraire

– Vous êtes folle, dit le Chat à Alice. 

– Comment savez-vous que je suis folle ? demanda Alice. 

– Vous devez l’être, répondit le Chat, ou vous n’auriez pas lu cet argumentaire jusqu’au bout.

Et la matriarche Sarah, dans sa version séfarade, d’ajouter :

– Pour une fois que c’est pas la faute aux Juifs, il faut plutôt les féliciter que les moquer !

Ce à quoi, Rébecca version ashkénaze répond :

– On commence par parler d’égal à égal avec son chien et on finit par vouloir le tuer en disant qu’il est sioniste !

© Liliane Messika

Une partie de cet article est parue sur CAUSEUR www.causeur.fr/glad-la-revue-qui-ose-tout-cest-a-ca-quon-la-reconnait-260509?


Notes

[1] https://journals.openedition.org/glad/5305

[2] Argumentaire_Genre_animalité_langage.pdf


Écrivain, Essayiste, conférencière, traductrice, Liliane Messika est auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient. Liliane Messika est membre du comité de rédaction de Menora.info.

À lire: Liliane Messika, Lettre ouverte aux antisionistes de droite, de gauche et des autres galaxies, éditions de l’Histoire, 2023.


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1 Comment

  1. J’ai bien rit en vous lisant. Mais pourquoi faire de la pub à un journal.une revue qui mourra très probablement de son décès.sa belle mort, faute de lecteurs.trices, avant même de faire son.sa circoncison ?

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