Comme si j’avais besoin d’un jour pour ne pas oublier.
יום ה שואה
Yom Ha Shoah. La journée de la Shoah.
…
Le livre de l’écrivain israélien Amir Gutfreund, « Les gens indispensables ne meurent jamais », est un livre indispensable à lire.
Son titre en hébreu ״השואה שלנו״, notre Shoah, est bien meilleur, selon moi.
Qui sont ces gens indispensables ?
Les survivants ? Mais eux aussi, disparaissent.
…
Dans un faubourg de Haïfa, deux enfants, Amir et Eli, veulent savoir, mais personne ne répond. « Ils n’ont pas l’âge… »
Par bribes, avec obstination, ils essayent de recoller les morceaux, sans tout comprendre.
Un seul va livrer ces secrets.
Maître Perl, le quincailler, qui fut autrefois avocat, range clous et vis, de façon obsessionnelle, dans des tiroirs. Sa mémoire est également faite de tous ces tiroirs qu’il ouvre méticuleusement à ces enfants.
« Je posais à Maître Perl l’éternelle question :
Y eut-il de méchants Juifs ?
Maître Perl médita sa réponse…
De méchants Juifs…Tu comprends, les Allemands… ils avaient leurs méthodes. Les Juifs, eux, voulaient vivre…
Il se tut.
Peut-on leur faire un procès ? Où est la ligne de démarcation entre le bien et le mal ? La morale a beau jeu…
Dans le ghetto de Bochnia, vivait la famille Zomer. Un jour, les Allemands les ont attrapés, ayant appris par une dénonciation que le père et le fils connaissaient un abri où des Juifs s’étaient réfugiés …On les menaça de les exécuter s’ils ne les dénonçaient pas.
Le plus jeune des fils, qui avait à peu près ton âge, ne demandait qu’à vivre. Il commença à parler.
Son père lui ordonna : Tais toi et déshabille-toi !, car les Allemands ne tiraient pas sur les gens habillés, par égard pour les vêtements.
Ils se déshabillèrent et furent fusillés.
Sans avoir parlé.
Tu vois, le fils… Comme toi… Il souhaitait vivre.
Alors, où sont les bons et les mauvais Juifs ? Peux-tu me le dire ? »
…
Les gens indispensables sont vous et moi, qui ne sommes pas des survivants mais qui chaque jour nous souvenons.
© Daniel Sarfati
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