Ariel Schmidberg. L’Iran change les règles du jeu et Israël se bat sur tous les fronts

Ariel Schmidberg

L’expérience montre que les mots « paix » et « État d’Israël » ne vont pas ensemble. La plupart du temps, la situation sécuritaire y oscille entre « tension », « haute tension » et « pic de tension ». Les périodes « calmes » ou « tranquilles » font figure de rares exceptions. Ce n’est pas une coïncidence si Tsahal, par exemple, appelle les fréquentes attaques en Syrie – une par semaine en moyenne – la « campagne d’entre-deux-guerres ». Chaque soldat sait que l’armée israélienne ne connaît que deux niveaux opérationnels : la guerre et la préparation à la guerre.

Israël se bat actuellement sur tous les fronts, et ce n’est pas un cliché. Attaques par balles, attaques à l’arme blanche, attentats à la bombe et attaques à la voiture-bélier, dans les grandes villes comme sur les routes de Cisjordanie. Pouvons-nous continuer ? Il y a aussi des tirs de roquettes et de mortiers en provenance du Liban, de Syrie et de la bande de Gaza. Sans parler des incursions de drones depuis ces mêmes territoires.

Et ce n’est pas tout. Il y a les émeutiers sur le Mont du Temple, lieu particulièrement sensible de Jérusalem. (Prêtez attention aux vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux. Les fidèles « innocents » n’entrent généralement pas dans les mosquées avec des bâtons et des pierres.

N’oublions pas non plus que, ces dernières semaines, Israël a également été confronté à des cyber-attaques incessantes. Aucun autre pays au monde ne doit affronter une telle réalité. Même l’Ukraine n’a qu’un seul ennemi.

Pas moins de 18 Israéliens innocents ont été sauvagement assassinés par des terroristes depuis le début de l’année 2023. Leur seul crime était de conduire leur voiture pour aller en vacances ou faire des courses, d’attendre à un arrêt de bus, de se promener en ville ou de se promener le soir sur la promenade du bord de la mer. C’est ainsi qu’en un instant, des vies ont été fauchées et des familles détruites. Et sans la protection de systèmes tels que le Dôme de fer, le nombre de morts et de blessés de ce côté-ci de la frontière serait certainement plus élevé de dizaines de milliers.

Israël se trouve au milieu d’un voisinage hostile. Ces dernières semaines, il a été dit, sur toutes les scènes possibles (et cela a été écrit ici plus d’une fois) que ses ennemis savent comment sentir les faiblesses et qu’ils peuvent agir contre Israël. En Iran et au Liban, on se frotte les mains depuis plus de trois mois face aux immenses manifestations en Israël contre la réforme judiciaire proposée par le gouvernement Netanyahou, qui a divisé la population et déstabilisé la force de réserve de Tsahal.

Malheureusement, les calculs ont été réalisés à un moment particulièrement sensible – les jours de la Pâque pour les Juifs et au milieu du mois de Ramadan pour les Musulmans, qui est devenu particulièrement explosif ces dernières années. L’expression banale « c’était écrit » est néanmoins très juste et reflète ce que chaque Israélien a vécu dans les rues ces dernières semaines. Précise, mais pas rassurante.

Et si nous avons dit que « c’était écrit », alors il est clair que celui qui l’a écrit est l’Iran – cette fois avec un changement régional particulièrement dramatique et inquiétant. Depuis des années, l’Iran galvanise ses alliés à la frontière d’Israël. Qu’est-ce qui va changer maintenant ? Principalement deux choses.

1) L’augmentation du soutien que l’Iran apporte à l’organisation terroriste Hamas, qui lui permet d’accroître l’intensité de ses opérations, mais surtout d’étendre son activité à des fronts supplémentaires. Ces derniers jours, cela est particulièrement visible dans deux endroits : le Liban (le lancement de missiles depuis le sud du pays en direction d’Israël jeudi dernier était le fait du Hamas au Liban et non du Hezbollah) et Jérusalem (le Hamas est responsable de l’embrasement de l’atmosphère avec sa célèbre – et infondée – affirmation selon laquelle « Al-Aqsa est en danger »).

2) Approfondir la coopération avec les partenaires de l’Iran à nos frontières. La coopération entre le Hamas et le Hezbollah, qui se manifeste tant sur le plan pratique que sur le plan déclaratif (la photo du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avec le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, n’est pas un hasard), est une source d’ennuis pour Israël.

Ces changements représentent un défi pour l’establishment sécuritaire dans l’immédiat, mais peut-être surtout à long terme, car ce type de coopération ne tend qu’à s’intensifier avec le temps, et tant le Hamas que le Hezbollah n’ont qu’à y gagner. Le Hamas bénéficiera de l’expérience et de la puissance militaire du Hezbollah (une organisation terroriste qui est en fait une armée dotée d’un État – après tout, le Liban ne fonctionne pas vraiment), et Nasrallah bénéficiera de l’audace du Hamas de Haniyeh (qui, à bien des égards, fonctionne encore comme un groupe terroriste brutal).

Le tir de 34 roquettes par le Hamas depuis le sud du Liban en direction d’Israël jeudi n’était qu’une sorte de test d’armement. L’establishment sécuritaire israélien doit trouver tous les moyens de séparer les organisations et les fronts le plus rapidement possible, avant qu’il ne soit trop tard. Et il est peut-être déjà trop tard.

© Ariel Schmidberg

Ariel Schmidberg est Directeur de l’information sur i24NEWS

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