Le spectre d’une guerre, soit mondiale, soit nucléaire, tel que brandi par Vladimir Poutine, semble décourager toute velléité de riposte
Selon un récent rapport du chef de la CIA, la question qui se pose actuellement n’est plus de savoir si la Chine va envahir Taïwan, mais quand. Le 8 novembre dernier, le président Xi Jinping déclarait : « L’armée doit concentrer toute son énergie pour la guerre… ». De son côté, le 7 février, le président américain assurait que les États-Unis « ne se laisseraient pas intimider par la Chine ». « Nous agirons pour protéger notre pays », a-t-il promis lors de son discours sur l’état de l’Union.
Les relations entre Washington et Pékin ne cessent de se dégrader, surtout depuis l’incident des aéronefs d’espionnage chinois survolant le territoire américain. Mais aussi sur fond d’une concurrence économique et commerciale de plus en plus acharnée, dont les fameuses « routes de la soie chinoises », qui s’étendent aujourd’hui sur 68 pays et sont perçues par les Etats-Unis et l’Union européenne comme une forme de colonisation invisible par le biais de lourds investissements financiers.
A cela, il faut ajouter le changement de donne que constitue l’offensive russe contre l’Ukraine. L’amiral américain Charles A. Richard, membre de la U.S. Strategic Command, va jusqu’à affirmer que la guerre en Ukraine est un « échauffement » avant-coureur d’une « grande guerre » qui opposera les Etats-Unis et la Chine. Tout d’abord, force est de constater la frilosité du monde occidental en matière d’interventionnisme armé. Ensuite, l’affaiblissement de la Russie la précipite dans les bras sauveurs de son allié chinois. Lequel fait aujourd’hui figure de nouvelle super-puissance susceptible de menacer la suprématie géopolitique américaine. Enfin, la Chine est en train de tirer des leçons tactiques et une foule de renseignements quant aux capacités militaires en présence.
A la lumière de l’attitude actuelle du monde occidental envers l’Ukraine, une conquête de Taïwan se révèle donc militairement faisable. Du point de vue géostratégique, tout laisse à penser que Washington fera tout pour éviter une entrée en conflit concrète tant que le sol américain ne sera pas menacé. Le spectre d’une guerre, soit mondiale, soit nucléaire, tel que brandi par Vladimir Poutine, semble décourager toute velléité de riposte.
La Secrétaire américaine aux armées, Christine Wormuth, envisageant une possible opération militaire américaine pour défendre Taïwan, indique que « notre but est d’éviter un affrontement terrestre ». Pékin prend note. Rappelons cependant que le budget de défense américain est d’environ 700 milliards de dollars par rapport à 230 milliards de dollars pour les Chinois. Les forces armées chinoises sont encore loin d’égaler en puissance celles des Etats-Unis. Par contre, la Chine est un ennemi redoutable dans le domaine du cyber.
Sur le terrain, des signes précurseurs confirment ces spéculations. L’année 2022 a été marquée par une forte montée des tensions en Asie. Plus de 1700 incursions d’avions chinois en zone aérienne étrangère ont été recensées. Lors de grandes manœuvres militaires (en août dernier), la Chine a tiré une dizaine de missiles dont certains sont retombés dans les eaux territoriales taïwanaises et japonaises. La Corée du nord a, quant à elle, procédé à 95 tirs de missiles balistiques.
Dans le même temps, les Américains ont délégué d’importantes forces supplémentaires en Corée du Sud, au Japon, au Guam, tant sur les bases militaires existantes que sur de nouveaux points considérés comme stratégiques face à l’intensification de l’activité militaire chinoise en Asie du nord-est. Le matériel nouvellement déployé est aussi la marque d’une montée d’un cran vers un conflit : flottes spécialisées dans les missions de débarquement, bombardiers, installations d’armement hypersonique. Washington a accru sa coopération de défense avec la Corée du Nord, mais aussi l’Australie, les Philippines et Singapour.
Les Etats-Unis viennent de susciter une nouvelle réaction hostile de la Chine en annonçant une importante vente d’armes à Taïwan (plus d’un milliard de dollars). Au total, les ventes d’armes américaines à Taïwan s’élèvent à 35 milliards de dollars depuis 2010 !
Il est certain que tout indique l’imminence d’une confrontation sino-américaine. Celle-ci se bornera-t-elle à une compétition de marché ? Ou peut-elle glisser vers la guerre ? Les deux puissances jouent un jeu dangereux qui pourrait déclencher des hostilités, même si nul n’en a l’intention. Déclarations verbales de plus en plus virulentes, déploiement de forces sur le terrain, grandes manœuvres pour bluffer l’adversaire sont autant de points de friction pouvant provoquer l’étincelle qui mettrait le feu aux poudres.
© Raphaël Jerusalmy
Pour une analyse plus sérieuse et plus détaillée
« La Chine va-t-elle affronter l’Occident ? » https://youtu.be/cObjAILsuyA
Plus en complément « Pourquoi je n’ai plus peur de la Chine » https://youtu.be/1UOUqFkXorM
Pourquoi je n’ai plus peur de la Chine (un tigre de papier) https://youtu.be/1U0UqFkXorM
La chine mange grace au business avec l occident , et , surtout grace au marché americain , je ne crois pas que le fournisseur ( et creancier de la monstrueuse dette US) souhaite affronter son premier client .
Mais dans la montée des ambitions de ce pays etrange car ultra capitaliste mais controlé par le parti communiste , certaines surprises ou certaines catastrophes peuvent survenir , c est certain .