TRIBUNE. “La démocratie est florissante en Israël”
Pierre Lurçat a lancé cette pétition:
Un groupe d’intellectuels s’affirment inquiets pour Israël dans les colonnes du “Monde” et affirment que la démocratie y est en danger, dénonçant une dérive autocratique et “illibérale” du nouveau gouvernement israélien. Le débat virulent qui se déroule aujourd’hui en Israël suscite la réflexion. Néanmoins, il mérite mieux que des prises de position à l’emporte-pièce. Si les signataires étaient mieux informés de ce qui se passe en Israël, ils ne reprendraient pas sans vérifier les slogans des manifestants et de ceux qui ont fait de la réforme judiciaire leur nouveau cheval de bataille.
En effet, contrairement aux mots d’ordre entendus en Israël, l’enjeu de cette réforme, qui est certes perfectible, n’est pas de porter atteinte au caractère démocratique de l’Etat hébreu, mais bien de le renforcer, en rétablissant un équilibre et une séparation des pouvoirs qui ont été bafoués depuis 1992 par la “Révolution constitutionnelle”, proclamée à l’époque par le juge Aharon Barak. Lors d’une séance nocturne et en catimini, celui-ci avait alors réussi à faire voter par la Knesset – le Parlement israélien – deux lois fondamentales sur la dignité humaine et sur la liberté professionnelle. Ces deux lois fondamentales avaient été adoptées par une Knesset à moitié vide et leur signification véritable avait été cachée au public – y compris aux députés qui les avaient votées.
La Révolution constitutionnelle est effectivement passée quasiment inaperçue du public et des médias. Cette “Révolution constitutionnelle” qui fut quasiment le fait d’un seul homme est, pour le lecteur français, d’autant plus incroyable qu’elle ne repose sur aucune décision d’une assemblée législative ou constituante ; le juge Barak s’étant arrogé ex nihilo la compétence de proclamer qu’Israël était devenu du jour au lendemain une démocratie constitutionnelle. “C’est l’unique Constitution au monde qui est née de la décision d’un tribunal”, s’était à l’époque exclamé le juge Moshé Landau.
La Cour suprême d’Israël est aujourd’hui la plus interventionniste du monde, agissant quotidiennement pour valider ou invalider les décisions du gouvernement, de l’administration ou de l’armée et empiétant sur les compétences des pouvoirs exécutif et législatif et ce, en l’absence de Constitution véritable. Réunissant les pouvoirs de la Cour de cassation, du Conseil d’État et du Conseil constitutionnel, elle est devenue de facto le premier pouvoir en Israël. C’est cette situation inédite et sans équivalent dans le monde démocratique que l’actuelle réforme entend rectifier, en redonnant au Parlement et au gouvernement israéliens les pouvoirs qui leur ont été enlevés.
La virulence du débat public en Israël tient aussi au fait que ce débat politique et juridique en recouvre un autre, plus profond et jamais résolu depuis 1948, celui sur le caractère juif de l’État d’Israël. C’est en réalité ce dernier qui constitue l’enjeu véritable du vif débat actuel et non le caractère démocratique de l’État, qui n’est nullement remis en cause. L’actuelle coalition au pouvoir entend ainsi rétablir le fragile statu quo datant de l’époque de Ben Gourion et l’équilibre entre Juifs non-croyants et religieux, mis à mal par trois décennies d’activisme laïciste judiciaire d’une Cour suprême, autrefois très respectée. En entrant de plain-pied dans le débat politique et en prétendant abolir – au nom d’une idéologie progressiste – le caractère national juif de l’Etat d’Israël pour en faire un “Etat comme les autres”, la Cour suprême a non seulement trahi l’esprit des fondateurs de l’Etat et de la Déclaration d’Indépendance, mais elle a aussi scié la branche sur laquelle elle est assise : la confiance du public israélien.
Contrairement à ce que laissent entendre ces pétitionnaires, le fait d’être un État juif n’est pas contradictoire avec l’idée de démocratie. Les écrits de Jean-Jacques Rousseau, ou plus récemment l’ouvrage d’Éric Nelson La République des hébreux, démontrent comment la tradition hébraïque a au contraire inspiré la pensée démocratique moderne en Occident. Il faut relire les textes des pères fondateurs du sionisme, de Herzl à Ben Gourion et Jabotinsky, ainsi que la Déclaration de l’Indépendance, pour constater que l’État Juif prévoit des droits égaux pour tous ses citoyens, Juifs ou Arabes, égalité qui est aussi une réalité sur le terrain. Comme le prouvent les très nombreuses manifestations qui se déroulent librement dans le pays, la démocratie en Israël est bien florissante.
PREMIERS SIGNATAIRES
Georges-Elia Sarfati (Philosophe), Yana Grinshpun (Analyste du discours), Roland Assaraf (Physicien), Pierre Lurçat (Avocat, écrivain), Jean-Pierre Lledo (Réalisateur), Ziva Postec (Cinéaste), Yves Mamou (Journaliste), Liliane Messika (Ecrivain, traductrice), Renée Fregosi (Philosophe), Philippe Karsenty (Homme d’affaires), Richard Rossin (Ecrivain, ancien secrétaire des Médecins sans Frontière), Paulette Touzard Dawidowicz (Présidente de l’association pour la Mémoire des enfants Juifs déportés du Nord Pas de Calais), Jean-Serge Lorach (Avocat Honoraire, ancien Vice-Président de la Licra), Alain Attlan (Membre d’honneur du CRIF Occitanie), Jean-Marie Gélinas (Président des ”Amitiés Québec – Israël”), Josiane Sberro (Educatrice), Paul Fenton (Professeur émérite), Rachel Israël (Psychanalyste), Jean-Loup Mordekhaï Msika (Plasticien), Abigail Yaari (Professeur de droit), Brigitte Ullmo Bliah (Avocate), Guy Sebag (Avocat), Johann Habib (Avocat), Philippe Bliah, (Avocat), Stéphane Haddad (Avocat), Frédéric Zerbib (Avocat), Guy Sebag (Avocat), Elyeth Bettan, (Avocate-notaire), Bat Ye’or, (Ecrivain), Thérèse Zrihen-Dvir (Ecrivain), Gilles Falavigna (Editeur), Evelyne Tschirhart (Ecrivain), Albert Soued, (Journaliste, Ecrivain), David Benoliel (Philosophe), Olivier Veron (Editeur), Gérard Weisz (Essayiste), Gérard Rosenzweig, (Ecrivain, enseignant), Evelyne Gougenheim (Militante associative)
Avec Pierre Lurça comme initiateur ?
Jamais !
Une pétition pleines d’arriéres pensées et de sous-entendus
P. Lurçat ; le monde et Israël ont besoin de personnes comme lui
Un bon rétropédalage de Mr Lurçat. C’est parce que l’ensemble des troupes d’élite d’Israel ont fait défection que Netanyahou a du céder.
Il serait bon d’expliquer pourquoi les troupes d’élite considèrent que la politique menée par Netanyahou conduit Israel au suicide.
Quelques éléments d’explications sur la démocratie florissante actuellement en Israel: Ce qui s’est passé à Huwara s’apparente à une ratonnade, saluée par un ministre en exercice, Mr Smotrich.
Itamar Ben Gvir veut créer sa milice, recrutée par ses soins et ne rendant des comptes qu’à lui. En Allemagne dans les années 30, cela s’appelait les SA.
Bravo à Mr Lurçat pour saluer cette démocratie florissante. C’est le peuple Israélien qu’il faut saluer, qui est descendu tous les jours dans la rue pour défendre les valeurs de ce pays, et qui va continuer de le faire tant que des Smotrich et des Ben Gvir ne seront pas mis hors d’état de nuire.
mettre un termeprovisiore à satntativede coup d’état
Je ne sais pas si la démocratie est florissante en Israel, mais ce qui se passe aujourd’hu
Lui qui défendait bec et ongle cette réforme sous des motifs juridiques, reste dans le prisme juidique
Signé. Tout comme la pétition d’Arno Klarsfeld. Si vous avez des pétitions contre les médias français, Joe Biden, l’UE, la NUPES ou Macron, je suis également preneur…