Plusieurs articles ont insisté sur le développement dangereux du conflit entre la Russie et l’Ukraine dans l’arène proche-orientale. Présente en Syrie pour défendre ses intérêts méditerranéens, la Russie est alliée de l’Iran d’au moins trois façons: le soutien officiel au nucléaire civil iranien (Bushehr), le soutien indirect au nucléaire militaire par le biais de la Corée du Nord dont la Russie est un très proche soutien et enfin le soutien militaire, sous la forme de la fourniture croissante d’équipements militaires offensifs ou défensifs. Mais là où les analystes font une erreur, c’est dans l’idée qu’il existerait une dépendance croissante de la Russie face à l’Iran ou à la Chine, voire la Corée du Nord, auprès desquels on annonce souvent des fournitures d’armes censées refléter une situation militaro-industrielle désespérée du côté de Moscou. C’est en réalité l’inverse.
Le premier paradigme qu’il faut avoir en tête est celui de la maskirovka. Sans entrer dans un cliché, il faut partir du principe constant que les Russes n’ont ni la nécessité ni la volonté ni encore moins l’intérêt de faire preuve de la moindre transparence sur ses actions et moyens militaires. Mais comme tout acte linguistique, la prise de parole fait toujours sens et révèle l’intentionnalité de son auteur. Entre l’accroissement dangereux des capacités sous-marines de la Marine russe en dix ans, qui ne fait pas la Une des journaux, et la publicité donnée aux différentes armes censées ne pas pouvoir être interceptées par les moyens occidentaux existants, nous avons une guerre de propagande qui révèle cependant une rééchelonnement de la stratégie militaire russe.
En effet, si la fin de la guerre froide fut marquée par un recul complet de la capacité militaire russe, qui dut s’employer durement pour maintenir son contrôle territoriale contre les velléités séparatistes en Tchétchénie, un tournant a été mené par Poutine dans la recherche d’une ceinture de dissuasion, c’est-à-dire l’établissement d’une défense destinée non à projeter sa puissance, comme le font les USA, mais à assurer une interdiction d’action de l’ennemi dans la vicinité proche de la Fédération de Russie, incarnée par les multiples strates des défenses anti aériennes. On remarque néanmoins que le développement de ces armes « nouvelles » et « uniques » revendiquées par le président russe ouvre la voie à une seconde étape de la sanctuarisation du territoire russe: celle de la capacité à infliger des dommages irréversibles à l’ennemi en étant capables, en théorie, de viser n’importe quel point de son propre territoire sans contre-mesure possible.
De manière significative, c’est le type de discours que revendique la Corée du Nord depuis plusieurs années: développer des armes qui permettent non pas de répondre à une attaque ennemie, mais de le dissuader d’agir au point de ne pas pouvoir empêcher ses actions hostiles elles-mêmes. La parenté est assez éloquente entre les deux pour ne pas manquer d’en faire le constat. Et nous pouvons relever une revendication similaire de la part de la Chine, notamment dans l’établissement d’une ligne d’attaque extérieure obtenue grâce à ses bases avancées en mer de Chine et ses missiles hypersoniques. Le principe est similaire: la principale force des USA repose sur la projection de puissance qui nécessite deux points d’appui (des bases militaires fixes et des porte-avions) et dépend de deux conditions (la maîtrise des voies maritimes et la sanctuarisation du territoire américain).
Nos experts, si prompts à affirmer les pertes colossales de la Russie ou à se gausser de ses échecs supposés en Ukraine, ne partent pas du principe essentiel que la stratégie repose sur une analyse précise des moyens, forces et faiblesses des adversaires. Refuser d’admettre non seulement la rationalité mais aussi la capacité à élaborer une stratégie défensive / offensive de la part de la Russie obscurcit l’appréhension correct du réel et conduit à des incohérences démagogiques: on nous dira que la Russie voulait conquérir Kiyv en 3 jours tout en constatant qu’aucune armée ne peut prendre une capitale avec aussi peu de troupes. Certains iront jusqu’à parler de mauvaises analyses du renseignement russe mais il est simplement aberrant de croire que les Russes, même sur la base d’un mauvais renseignement, auraient l’illusion que 30.000 hommes seraient suffisants pour prendre le contrôle d’une ville de 3 millions d’habitants. La conclusion logique est la suivante: la finalité de l’opération sur Kiyv n’a jamais été son contrôle mais bien d’obliger l’adversaire à protéger sa capitale et à détourner ainsi des forces présentes dans le sud-est du pays. Que l’on juge de la capacité militaire russe à l’aune des gains territoriaux ne doit pas faire oublier que la Russie est parvenue à assurer la jonction territoriale avec la Crimée et à continuer à contrôler ces territoires en dépit des annonces répétées de la défaite future de ses troupes, du moral censé être abyssal de ses troupes, ou de ses manques de moyens, détrompés par les frappes de missiles régulières. Autrement dit, le discours officiel est une hérésie qui provient autant de la maskirovka russe que d’une tentative désespérée de vendre à l’opinion publique l’horizon proche d’une victoire, qui amèrement s’éloigne chaque semaine.
Dans le même ordre d’aberrations intellectuelles, les multiples pseudo-révélations, qui sur l’état de santé du président russe dont le cancer terminal ressemble plus à une maskirovka que les occidentaux désespérés auraient repris sans vérification, pour alimenter un narratif sur un état supposé inférieur de l’ennemi.
Quel est le lien avec Israël? Il se situe à quatre niveaux
1 Etant alignée avec l’axe Iran – Corée du Nord – Chine, la victoire russe ne ferait que renforcer les ennemis mortels d’Israël. De fait, une défaite russe en Ukraine est dans l’intérêt d’Israël mais demeure un horizon aussi incertain qu’improbable, notamment en voyant de quelle façon l’établissement d’une ligne de défense au Donbass et l’utilisation de méthodes éprouvées (usage de drones et d’armes de guerre électronique) qui génèrent un taux alarmant de pertes côté ukrainien autant qu’elle a annulé l’effet initial de certaines armes fournies à l’Ukraine qui en a été réduite dans certaines zones de combat à des attaques ponctuelles à la chlorine..
2 La croyance dans la capacité à vaincre l’adversaire iranien et ses alliés dans une guerre éclair dévastatrice n’est valable qu’à la condition politique d’accepter d’infliger à l’ennemi un prix civil élevé. On le constate en Ukraine, la nécessité opérative conduit les deux camps à ignorer totalement l’impératif de protection des civils: entre l’usage des civils comme boucliers humains par les Ukrainiens ou les bombardements russes répétés dans des villes dévastées, c’est malheureusement l’obligation de survie d’Israël que la société ou l’échelon politique n’est pas prêt d’accepter. Car la capacité d’une armée, que ce soit le Hezbollah ou les Gardiens de la Révolution, à opérer dépend d’une logistique entée sur la société civile est un constat simple. Les moyens de transmission, les moyens de circulation des groupes armés par exemple sont ceux des civils. De fait, on constate, à la suite de la bataille de Raqqa ou de Mossoul, que préserver l’environnement civil est un frein à l’anéantissement de l’ennemi. Des frappes chirurgicales ne garantissent pas la victoire, au contraire, elles augmentent les chances de résilience de l’ennemi.
3 La capacité industrielle est la clé de la victoire: sans destruction du potentiel industriel russe, il n’y aucune possibilité de vaincre le pays. De fait, non seulement les Russes ont encaissé le choc des sanctions mais sont entrés en économie de guerre et continuent d’envoyer des satellites, notamment militaires, dans l’espace. Entre le projet Sféra, qui vise à disposer d’un réseau équivalent à celui de Starlink au projet Liana de surveillance électronique, le manque de publicité par la Russie de ses programmes civils ou militaires ne signifie pas que le pays en soit resté à des technologies datant de l’Union Soviétique. Même les systèmes radar chinois de détection et alerte précoce sont une version d’exportation de leur version russe intégrée déjà à l’armée russe. Que l’armée française de Napoléon III ne manque pas d’un seul bouton d’uniforme n’a pas empêché la défaite face à l’armée allemande. À l’inverse, les déboires de la logistique russe (uniformes, etc) ne devraient pas susciter un sentiment d’auto-satisfaction: et quoi qu’on ait pu répéter dans les médias ou les chancelleries, il est loin d’être démontré que la Russie chancelle. De fait, Israël a bien pris la mesure de l’enjeu en ciblant récemment, sur le sol iranien, des usines de fabrication de drones. Mais il semble aussi que cela est loin d’être suffisant. A l’inverse, l’étroitesse du territoire israélien et la capacité des milices ennemies à arrêter l’économie (par souci de protection des civils face aux salves saturantes de missiles) ou à susciter des vagues de migrations intérieures (comme en 2006), entravent concrètement les capacités de l’armée israélienne à agir à plein régime, sans parler des missiles de précision censés cibler directement les dépôts, bases et infrastructures militaires et civils israéliennes. Si le Hezbollah n’existe que par ses livraisons d’armes, en revanche, l’Iran dispose de capacités industrielles sanctuarisées par la taille du pays et la distance requise pour mener des frappes potentielles d’Israël, sans intervention directe des USA…
4 Le quatrième niveau est celui de l’analyse des objectifs de l’ennemi. La Russie a clairement pour objectif la destruction des capacités militaires de l’Ukraine (objectif immédiat, éliminer l’armée la plus grande et la plus capable à ses portes) mais a formulé aussi clairement son objectif de faire reculer l’OTAN. Que cela prenne la force politique d’une vassalisation de l’Ukraine à moyen terme voire même des pays baltes est moins un enjeu que le fait même que la Russie se sente suffisamment en mesure d’engager le combat et d’affirmer publiquement son intention de poursuivre la guerre jusqu’à la réalisation de son objectif de « démilitarisation » et de révision de ses engagements envers l’Occident. Loin d’être dans une perspective de sacrifier des vagues de soldats, elle procède méthodiquement à la fixation de l’armée ukrainienne jusqu’à attendre son point de rupture. Et c’est là la leçon pour Israël: sa capacité à tenir le coup économique et social d’une guerre totale d’attrition est-elle suffisante face à l’incapacité à décapiter le régime iranien pour en ôter le danger mortel?
A ne pas vouloir accepter la totalité des défis engagés par l’ennemi et ses alliés, on risque de ne pas donner une réponse appropriée. Non seulement des villes ukrainiennes sont entièrement dévastées mais des dizaines de milliers de soldats sont sacrifiés sur le front pour tenir du prix ultime leurs positions. La bataille de Bakhmut est perdue, seul le sacrifice de brigades entières permet encore de garder les quartiers ouest pris en tenailles. Mais la clé de la bataille du Donbass ne se situe pas à Slaviansk ou Kramatorsk mais sur la ligne de collines qui se situe entre Bakhmut et ces villes ukrainiennes.
Cela doit servir d’avertissement pour Israël: non seulement l’économie occidentale est trop désindustrialisée et trop dépendante, léthargique, pour être prête à une économie de guerre, mais la solidarité occidentale envers Israël – « coupable d’oppression » envers les Palestiniens – est rien moins que garantie. De fait, sans nier qu’il y ait des enjeux fondamentaux autour d’une Cour suprême en Israël qui s’érige en instance absolue, supérieure au vote démocratique (mais sans une Constitution qui en serait la justification), le leadership politique devrait commencer par faire prendre conscience à l’opinion publique du péril qui se présente et de la nécessité de réorienter la vie sociale, économique et politique dans ce but, de la même façon que la société juive en 1947 avait pris conscience que sa survie collective était en jeu.
© Sacha Bergheim
Quel rapport entre la Chine ou la Corée du Nord et les ennemis d’Israël ???? Et l’auteur de l’article ignore-t-elle que l’OTAN est alignée sur l’axe Arabie saoudite-qatar-Turquie + BLM ?
Même l’UE (et non la Russie) finance ou soutient de plus en plus le Hamas : TJ a consacré plusieurs articles sur ce sujet. Donc analyse totalement anachronique et hors sol.
« La leçon des faits n’instruit pas l’homme prisonnier d’une croyance ou d’une formule. » Gustave Le Bon
Le rapport est dans la manière de pouvoir impliquer la population civile ce qui ne parait plus être subitement plus une position taboue et surtout de savoir si l’hinterland industriel occidental est toujours à la disposition d’Israël.
« Étant alignée avec l’axe Iran Corée du Nord Chine la victoire russe ne ferait que renforcer les ennemis d’Israël »… Contre sens idéologique politique et géopolitique total.
« La leçon des faits n’instruit pas l’homme prisonnier d’une croyance ou d’une formule »..
Le plan à 30 milliards d’Obama avait pour finalité de favoriser la dépendance d’Israel et de fait le contrôle de ses choix militaires stratégiques. Donc le plan « Elan » de Kochavi visait à y répondre en utilisant la force à son niveau maximum dans un délai court de façon à disloquer les capacités de l’ennemi et gérer au mieux la seconde phase – dont la logistique et la dépendance matérielle. Souvenons-nous qu’en 2014 Obama pose un véto à la livraison de missiles hellfire. La guerre en Ukraine démontre qu’une armée puissamment équipée – peut-être aussi mal préparée mais c’est une autre question – ne parvient pas à remporter la décision face à un adversaire de niveau proche. On peut contrôler le niveau de réponse du Hamas parce qu’on contrôle grosso modo ses entrées et sorties, mais ce ne sera pas la cas avec l’Iran. Et la capacité de porter un coup décisif ne peut pas fonctionner comme avec le hamas, au contraire, ils se préparent depuis longtemps à gérer à leur avantage le second round, une fois la première salve passée.
Mais mettre le Qatar, la Turquie et l’Arabie Saoudite sur le même plan, ou croire qu’il n’y a aucun lien entre l’Iran et la Corée du Nord (notamment sur le plan du nucléaire militaire ou les missiles balistiques), ou encore entre la Corée du Nord et la Russie (cf centrale nucléaire de Deir ez Zor détruite par Israel), sans parler du traité d’amitié entre Moscou et Pékin ou des déclarations chinoises concernant l’engagement absolu de Pékin dans la lutte pour un « monde multipolaire », alibi revendiqué par Poutine, ce n’est pas un contresens mais un déni de réalité.
Analyse militaire pertinente…Mais analyse géopolitique totalement à côté de la plaque comme si son auteur débarquait de la lune. Si Israël ne comprend pas qui sont ses véritables ennemis…
Je dirais plutôt « comme si Israel ne comprenait pas qu’il n’y a pas de véritables amis » 😉 Le problème n’est pas dans l’identification des ennemis mais dans la conduite politique et militaire qui en découle. On peut le constater avec la guerre de 2006 et les opérations à Gaza. Ce n’est pas la certitude qu’on est plus fort ou de magnifiques innovations, performantes et léthales, qui est insuffisante mais la résilience face à des attaques à la fois militaires, économiques, juridiques, communicationnelles de multiples fronts. Et là, croire que la guerre en Ukraine n’aura pas un effet altérant notre capacité offensive est … regrettable.
Bonsoir Sacha. La Corée du Nord est soutenue à bout de bras par la Chine et celle-ci a une alliance géopolitique et économique avec la Russie. En effet, et tout le monde le sait. Mais quel rapport avec l’Iran et le Hamas ? : Israel n’est pas une cible de Pékin. Encore moins de de Moscou (qui voulait se rapprocher avec Israël avant la guerre). En revanche c’en est une de Biden et L’UE qui soutiennent à l’extérieur (tout comme l’onu) la « pauvre Palestine victime des méchants Israéliens » (c’est le discours officiel de nos médias français sous contrôle de l’état français) et qui a l’intérieur de leurs frontières mènent une politique totalement islamiste ou proBLM et anti juive (et anti chrétienne aussi par la même occasion). Si vous n’avez pas encore conscience pris de ces réalités (dénoncées et démontrées par TJ en maintes occasions) c’est inquiétant.
Mais vous craignez dites vous un ralentissement ou une chute de la coopération militaire des USA A CAUSE de la guerre en Ukraine (qu’ils ont eux-mêmes provoquée même si c’est Vladimir Poutine qui ensuite l’a déclenchée). Mais ce A CAUSE ne serait qu’un prétexte puisque l’UE et même les USA depuis l’élection de Biden cachent de moins en moins leur hostilité à Israël. Donc c’est en réalité une victoire non pas de Moscou mais de l’axe Washington-Londres-Paris-Berlin-Bruxelles qui constituerait une nouvelle victoire pour les islamistes (nos gouvernements les soutiennent !) et plus largement les ennemis d’Israël.
(Lisez L’immonde et Liberation : leur détestation d’Israël n’a d’égale que celle de la Russie…et réciproquement)
Bonjour Charles, merci de votre réponse.
En fait, pour reprendre le terme anglais, Israel est une réalité « dispensable » pour les intérêts russes car le pays est considéré comme une succursale de la politique extérieure américaine. Qui plus est, la reconnaissance russe concernant Israel se fait officiellement sur la base des lignes dites d’Auschwitz de 1949 (ils reconnaissent Jérusalem-ouest comme souveraine, mais la partie est, issue de l’occupation jordanienne comme « palestinienne »). Moscou a qualifié les opérations du Mossad en Iran contre les usines de drones d’actions « terroristes » et la coopération en Syrie n’a pu fonctionner que par ce que la Russie y a vu le moyen d’être le faiseur de roi en forçant Israel à frapper les forces iraniennes – sans que la Russie n’ait besoin de le faire, car c’est un concurrent dans la reconstruction et le contrôle de la Syrie – tout en imposant systématiquement une ligne rouge sur laquelle joue l’Iran. La Russie est le premier parrain du régime de Pyong-Yang (on rentre par la voie ferrée Vladivostok Pyong Yang sans contrôle, et non venant de Harbin…) et a pu se couvrir derrière le régime dictatorial coréen pour assurer un soutien indirect au programme militaire iranien (l’Iran est le seul pays ayant pu officiellement assister à des essais nucléaires en CdNà. Donc je dirais que la Russie est AUSSI un ennemi dans le sens où le président russe n’a jamais dérogé à un principe diplomatique et stratégique qu’il acceptait de collaborer avec Israel que dans la stricte mesure où cela sert les intérêts russes et / ou ne s’y oppose pas. De fait, la Russie se trouve alignée avec les ennemis d’Israel. La Chine dispose aussi d’une posture opportuniste, cherchant avec sourire la collaboration avec Israel uniquement dans le cadre de la perspective de profiter de la hitech israélienne, mais l’alignement chinois politiquement ne reconnait aucun droit spécifique à Israel. De fait, l’hostilité occidentale converge avec celle de la Russie qui devient plus ouverte et ne s’accommode plus d’un vernis de conciliation. Le changement est patent avec la vente de Sukhoi 35 à l’Iran et il faut s’attendre à la levée du veto de Poutine sur le S400 qui rendrait plus difficile encore la possibilité de frappes sur les systèmes militaires iraniens (sans être impossible). Au final, ce post visait à passer du constat d’une situation désastreuse en Ukraine pour le camp occidental et le volet d’opportunités que cela représente pour le camp anti-israélien du bloc continental eurasiatique constitué des quatre pôles russie, iran, chine, cdn. Chaque acteur a son autonomie et aussi ses intérêts divergents dans ce même bloc, mais je ne discerne aucun intérêt de chacun à ne pas converger sur le dossier israélien et contre Israel, bien sûr. Si Biden ne cache pas son hostilité, le besoin en technologie israélienne limite la casse si on peut dire.
C’est une autre lecture que je propose qui est avant tout une invitation à l’échange et à la prospective 🙂 Bonne soirée
Bonjour Sacha. La Russie fait de la politique étrangère cynique et sans scrupules comme les autres pays (*) Parfois elle combat l’islamisme, parfois elle le soutient (la Tchetchenie est un regime islamiste barbare) et elle participe aux manigances anti Israéliennes quand cela lui est profitable. Ce que fait autant et même encore davantage l’UE et ce que font de plus en plus les USA depuis Obama. Avec l’explosion de haine « Black lives matter », un tournant décisif s’est selon moi opéré d’autant que sa propagande raciste et antisémite a pris possession du discours public outre Atlantique (jusque dans les universités et Wikipedia). Il y aura un Avant et un Après y compris en ce qui concerne Israël et le Moyen-Orient. Si j’établis une différence entre la politique anti Israélienne de l’UE et de la Russie c’est que la seconde relève beaucoup moins de l’idéologie que du cynisme et de l’opportunisme alors que chez l’UE non seulement elle va beaucoup plus loin (soutien et financement des terroristes palestiniens) et répond à une véritable adhésion aux idées antisémites. La preuve en est que toute la politique intérieure (migratoire, legislative) et la rhétorique de l’UE est fondamentalement antisémite (et christianophobe) et aboutit inéluctablement à une augmentation des violences antisémites à l’intérieur même de ses frontières. La menace russe n’est pas à négliger mais reste selon moi sans commune mesure avec celle de nos ex démocraties.
Bien à vous.
(*) Europe : soutien à de nombreux régimes islamistes, alliances avec la Turquie et l’Azerbaïdjan et j’en passe
Là où je vous rejoins tout à fait, c’est dans le fait que l’antisémitisme européen est une menace profonde, pérenne et acharnée puisqu’elle est inscrite dans l’ADN culturel. Deux lectures vont dans ce sens, celle de Shmuel Trigano (sur l’effacement d’Israel face aux rêves impériaux) et de Detlev Claussen (sur l’usage du signe juif comme ferment social répondant aux promesses non tenues de la modernité). Disons que dans le conflit, les gains russes en Ukraine et la crétinerie idéologique de l’administration US ouvrent une nouvelle ère de confrontation en Orient, avec un réalignement (cf la « paix » entre téhéran et riyad sous égide sino-russe) où la Russie encourage et soutient le client le plus coriace à négocier, le corps des gardiens de la révolution (entre le S400, les Su35 ou la production de masse / amélioration de l’usage des essaims de drones).
PS: il est intéressant de noter que même la ligue arabe est fondée à l’instigation britannique! et dans un but expressément antisémite!
Bien cordialement