L’urgence morale n’est pas une stratégie pour l’Ukraine
NOAH ROTHMAN / National Review / 2 mars
Le succès ukrainien, contre toute attente, est un spectaculaire retour sur investissement pour l’Occident, mais le soutien baisse : Selon un sondage de l’Associated Press, moins de 50% des Américains sont en faveur de l’aide militaire aux défenseurs ukrainiens, par rapport à 60% au mois de mai. Cette baisse d’enthousiasme, malgré la rhétorique exultante des élus triomphalistes, est normale. Les objectifs occidentaux étant mal définis, rares sont ceux qui s’associent au but ukrainien de libération totale, y compris des territoires occupés depuis 2014, et encore moins à poser comme préalable une défaite russe.
[Quelques scénarios envisageables : ]
Si la résistance ukrainienne et le soutien occidental se maintiennent, la vision optimiste maximale n’est pas exclue : récupération de tout le territoire, y compris le Donbass et la Crimée. Mais comment ? Une offensive qui perce la ligne de contact dans le Donbass forcerait une retraite russe vers le sud et de l’autre côté de la frontière, fragilisant les territoires sur la mer d’Azov et la mer noire. Ce qui serait terriblement difficile, mais rien par rapport à la Crimée. A l’avis du général australien à la retraite Mick Ryan (avis partagé par l’ancien ministre ukrainien de la défense Andriy Zagorodnyuk), la reconquête exigerait une offensive aérienne, maritime et terrestre menée par une centaine de milliers d’hommes soutenus par un blocus et une puissance de feu au nord. Des moyens maritimes et aériens dont l’Ukraine ne dispose pas. Néanmoins, cette pression militaire placerait la Crimée sur la table des négociations du cessez le feu, permettant à la Russie de sauver la face et de se retirer, en gardant l’accès au détroit de Kertch, voire aux ports de Sébastopol.
Un résultat qui conserverait l’ordre international « fondé sur des règles » mais exigerait le transfert pérenne de moyens de défense et éventuellement de garanties de sécurité occidentales. Ce serait une paix fragile. Mais il y a pire. Selon un responsable américain de la défense cité par le Washington Post, l’Occident fournit aujourd’hui des armes avancées, redoutant un front impénétrable, un conflit figé et une baisse d’enthousiasme tel qu’on pourrait confronter Zelensky avec le fait accompli d’une Ukraine divisée. Ce dénouement, éventuellement acceptable pour Berlin, Paris et Washington, ne le serait pas pour la Pologne, la Slovaquie et les Etats baltes qui agiraient seuls, avec le risque d’une conflagration, créant une dynamique qui briserait l’alliance de l’Otan–un cadeau pour la Russie. Une victoire partielle cimenterait le partenariat russo-chinois, entrainant l’introduction d’armes chinoises en Europe ; les partenaires des Etats-Unis dans le Pacifique, terrifiés, feraient la paix avec la Chine aux dépens des Etats-Unis.
Entre ces deux scénarios on pourrait envisager un dénouement en demi-teinte, comparable au statu quo post-2014, qui avait mené aux accords ridicules de Minsk, lesquels avaient chargé la Russie du rôle de médiateur neutre dans un conflit qu’elle avait en fait provoqué. Des Européens seraient chargés du maintien de la paix, ce qui serait à leur intérêt car ils dépendraient de nouveau des énergies russes. Les chancelleries européennes se remettraient à cajoler la Russie, tout en cautionnant la fiction que les milices anti-Kyiv qu’elle finance sont totalement organiques. Le conflit serait gelé provisoirement, comme tant d’autres—le Nagorno-Karabakh, la Transnistrie, l’Abkhazie, l’Ossétie du Sud–prêts à rebondir selon le bon vouloir russe. Des insurgés pro et anti-russes s’organiseraient, le tout sous le parapluie nucléaire russe, pourtant limité à la dissuasion mutuelle.
On n’y est pas encore. Il y aura encore des mois de combat, intensifié sous la pression des soutiens respectifs. Mais les guerres ont une fin qui vient quand il n’est plus raisonnable de poursuivre militairement des objectifs plus facilement satisfaits par la politique.
L’administration Biden a la mérite d’avoir identifié nos intérêts en jeu dans cette guerre et cherché à les protéger, mais la patience des Américains a des limites. Si le président ne peut pas encore définir le dénouement–personne ne le pourra– il devrait préciser les contours d’un résultat acceptable et dire comment notre stratégie nous y mènera. Au lieu de quoi, posant en vainqueur héroïque, il clame l’urgence morale de la cause ukrainienne et promet un soutien américain illimité sans articuler les intérêts tangibles en jeu. Ça ne marchera pas encore pour longtemps.
Marjorie Taylor Greene: Zelensky « veut que nos fils et nos filles meurent là-bas »
Britanny Bernstein / National Review / 3 mars
La foule à la Conservative Political Action Conference (CPAC), agitée par Marjorie Taylor Greene (R., Ga.), a hué le nom de Volodymyr Zelensky, « qui veut que nos fils et nos filles aillent mourir en Ukraine ». La citation tronquée est probablement tirée d’une conférence de presse marquant le premier anniversaire de la guerre. Interrogé par un journaliste américain sur la baisse de soutien à la fourniture d’armes, le président avait répondu que si l’Ukraine perdait, la Russie, poursuivant sa stratégie d’agression, viserait les Etats baltes, membres de l’Otan, obligeant les Américains « à envoyer leurs fils et filles à la guerre comme nous, à se battre, à mourir, et c’est terrible ».
Insistant sur son opposition, depuis le début et toujours, à l’aide pour l’Ukraine, Greene a dit que ce pays a besoin de la paix, pas la guerre et qu’elle est prête à le dire à Zelensky devant une caméra, en le regardant dans les yeux « Bas les pattes ! Ne touchez pas à nos fils et nos filles ! Ils ne vont pas aller mourir là-bas » !
Greene, qui a soutenu un strict contrôle financier de l’aide militaire fournie à l’Ukraine, a déclaré sur Fox Newsque la poursuite de l’investissement pourrait mener à la troisième guerre mondiale. Elle est co-sponsor d’une résolution avancée le mois dernier par Representative Matt Gaetz (R., Fla.) visant à mettre fin à cette aide. L’administration Biden a annoncé une nouvelle enveloppe de $10 milliards de soutien financier, plus $2 milliards d’aide militaire.
Marjorie Taylor Greene Claims Zelensky ‘Wants Our Sons and Daughters to Go Die’ | National Review
CPAC 2023: Trump promet « vengeance « , s’en prend à l’establishment GOP, des « tarés, néocons, idiots et no-borders zélotes »
Naomi Lim, White House Reporter / Washington Examiner / 4 mars
[Extrait]
S’adressant à un public de méga-fidèles, Trump a évoqué indirectement l’Ukraine, cherchant à se démarquer de Ron DeSantis, en le rapprochant à l’ancien président G.W. Bush, loin de la base MAGA de Trump.
« On ne redeviendra jamais un parti qui dépense sans limite pour se battre dans des guerres étrangères, tout en amputant le budget des anciens combattants et des retraités bien de chez nous. Je suis le seul parmi les candidats à pouvoir le promettre : J’empêcherai, ce sera très facile, la troisième guerre mondiale. Et la foule de crier, en réponse : Non à la guerre ! »
« J’avais déclaré en 2016: Je suis votre voix. Et je vous dis aujourd’hui: Je suis votre guerrier, je suis votre justice. Et pour ceux qui ont été trompés et trahis, Je suis votre vengeance « .
Voir en français :
Voir aussi :
Les Brits / Ukraine / le débat
https://unherd.com/thepost/unherd-debate-should-the-west-send-more-military-support-to-ukraine/
© Nidra Poller
Nidra Poller, née aux Etats-Unis dans une famille d’origine mitteleuropéenne et posée à Paris depuis 1972, est une romancière devenue journaliste, le 30 septembre 2000, par la force des choses, dit-elle, par l’irruption brutale, dans mon pays d’adoption, d’un antisémitisme génocidaire, Nidra Poller est connue depuis comme journaliste, publiée entre autres dans Commentary, National Review Online, NY Sun, Controverses, Times of Israel, Wall Street Journal Europe, Jerusalem Post, Makor Rishon , Causeur, Tribune Juive, Pardès …
Elle rédigea longtemps le vendredi une Revue de la Presse anglophone pour la newsletter d’ELNET.
Elle est l’auteur d’une œuvre élaborée en anglais, en français, en fiction et en géopolitique, dont L’Aube obscure du 21e siècle (chronique), madonna madonna (roman), So Courage & Gypsy Motion (novel)
J’assume la contradiction, ajoute Nidra, me disant romancière mais pas auteure.
Observatrice des faits de société et des événements politiques, elle s’intéresse particulièrement aux conséquences du conflit israélo-palestinien et aux nouvelles menaces d’antisémitisme en France. Elle fait partie des détracteurs de Charles Enderlin et France 2 dans la controverse sur l’Affaire Mohammed al-Durah et soutient la théorie d’Eurabia (en particulier avec Richard Landes).
J’ai lu les 10 premières lignes, et je ne sais si j’ai envie de rire ou pleurer…
Je crois que je préfère encore André Marcowicz à Mme Homais.