A guit chabbes tayere fraints
Chabbat chalom à toutes et à tous
Un bon week-end à tous les amis, toutes les amies.
Dimanche soir ce sera le Nouvel an des arbres… Tou BiShevat…
C’est la brume et le vent, c’est l’hiver, puis une journée après ce Chabbat, le Nouvel an des arbres, bientôt la floraison nouvelle. Et voici que la tourterelle turque, un couple, dans l’après-midi midi est arrivée au jardin. Elle a fait un tour de reconnaissance des lieux, comme le merle il y a une semaine visité sa grainetière que je vais aussi garnir, vérifié que les chats étaient bien là, leur coin de sieste au soleil toujours le même, tenté d’évaluer le nombre et la position des nids de pie, l’ennemi de toujours gourmand d’oisillons et de chatons la pie ennemi commun des chats et des oiseaux…
Le monde est plein de mystère et la mémoire affective un très étrange labyrinthe qui tient un peu de la Camargue par temps de brume ou des plateaux du Cantal sous la neige d’août quand on était parti l’oeil vif sous le soleil, voiture ouverte aux parfums de l’été, et que soudain surpris des frimas de la vie on cherche en vain sa route sur un terrain que l’on croyait connaître.
(Qui n’a pas connu ne peut comprendre, qui n’a jamais roulé à huit ou dix à l’heure durant des heures en maudissant le type qui a mis le volant à gauche quand le fossé est à droite, qui n’a pas exploré les carrefours, sous une veste estivale frigorifié par une neige d’août, une lampe torche à la main comme le regretté Diogène, non pour chercher un homme mais une pancarte sur laquelle serait marqué Nasbinals, ne peut saisir).
Car il y a les « amis » avec lesquels on faisait un peu semblant d’être heureux de boire un verre le soir en les écoutant, avec un éloignement qu’on se tenait parfois même à soi-même caché, parler de choses qui nous étaient indifférentes, et il y a ceux avec lesquels on pouvait être à parler de tout de rien et qu’on avait tant de bonheur à revoir, comme ça « parceque c’était lui, parceque c’était moi » nous aurait dit Montaigne.
Il y a peut-être même eu pour certains et pour certaines des hommes ou des femmes avec lesquels ou lesquelles on « sortait », comme on dit et dont le pépiement ou le fat étalage pouvait être presque comme un prix un peu cher pour ne pas être seul(e) – on note l’emploi de l’orthographe inclusive….
Et puis il y a soudain l’être merveilleux dont on ne se lasse pas, l’être surgi dans notre vie, merveilleux, étonnant, comme les premières lumières enfin de cette ville de montagne après tout ce chemin dans la brume et la neige de la route des crêtes, l’être dont on sait qu’on ne se lassera pas et qui ne nous ennuie jamais qu’il nous parle de la chorégraphie de Pina Bausch ou d’un ongle cassé, tout ceci est mystérieux, étrange et peut-être doit demeurer tel comme enclos en quelque coffre à trésor comme celui décoré de pirates qu’un jour mon petit-fils de trois ou quatre ans m’offrit l’œil vainqueur et joyeux disant: tiens, papy, c’est pour tes souvenirs. Et puis aussi parmi tout ce qui s’écrit il y a ce qu’on lit avec sympathie mais un peu « en travers » – et puis il y a les êtres dont l’écriture dit quelque chose de l’âme, même les lignes les plus simples: ceux qu’on retrouve, qu’on recherche, qu’on lit et qu’on relit même au coeur de la nuit, à chaque fois avec un si rare étonnement…
Passez un bon week-end un bon Chabbat, pardonnez ces quelques mots au vieux veilleur émerveillé que je suis…
© Jacques Neuburger
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