Témoignage. Romain. Que soit appliquée la Convention de divorce. Je veux voir mon enfant

« Je suis en train de passer à côté de la croissance de ma fille. Je rate plein de choses…
Je suis empêché d’éduquer ma fille. L’éducation de ma fille se fait sans moi ! Pire : elle est faite par un individu qui n’a légalement aucune autorité sur elle !
Ce préjudice-là, qui va m’en donner réparation ? Tout ce que je suis en train de rater, je ne pourrai jamais le récupérer ! »

Sans doute sont-ce ces lignes qui me décident à parler de lui. Lui, Romain, trentenaire, un père confronté à ce qu’il y a de pire lors d’un divorce : la garde de l’enfant. Avec ce qu’elle peut avoir de cruel. De lourd de conséquences. Parfois d’arbitraire : ladite garde, chacun le sait, est souventes fois accordée à la mère.

Ici, il s’agirait presque d’une affaire banale. S’il n’était la séparation d’avec son enfant et la toute-puissance d’une mère à interpréter la décision d’un juge.

Une affaire banale et triste. Une histoire d’aujourd’hui. Ils s’aiment. Elle quitte sa région pour venir le rejoindre à Paris où elle a la possibilité de poursuivre son activité par télétravail.

Un enfant naît. Temps heureux. Comme d’autres parents ces deux-là se disent qu’un enfant sera plus heureux hors Paris. Il quitte la Poste et son CDI. Ils partent. Il est prêt à retrouver du travail. Nous sommes en septembre 2020.

La région choisie est une région qui vit l’été. La période Covid intervenant, trouver un emploi relève de la gageure.

15 juillet 2021 : elle annonce vouloir divorcer. Elle ne le supporte plus. Sic. Il peut rester dans l’appartement le temps de trouver un logement.

Trouver un logement lorsque vous êtes sans emploi s’avère mission impossible.

4 octobre 2021 : Elle le met littéralement à la porte de l’appartement. Le voilà tel un adolescent retourné chez ses parents, avec pour seules affaires ses vêtements, une télé, son PC, un lave-linge.

Très vite il comprend qu’il doit se rapprocher de l’enfant : le voilà de fin octobre 2021 à fin février 2022 logé par des amis à 30 km de l’appartement familial : J’aimais toujours mon ex et je voulais essayer de la convaincre qu’on se remette ensemble.

Il lui faut se rendre à l’évidence et être représenté à son tour par un avocat, un courrier l’ayant informé qu’une procédure était lancée.

Un divorce à l’amiable est prononcé : il stipule que la mère a la garde principale de l’enfant et que Romain, sans logement officiel et emploi stable, bénéficiera d’un droit de visite et d’hébergement au gré des parties. 

Il voit alors sa fille deux, voire trois fois par semaine, les relations avec la mère étant cordiales à défaut d’être toujours respectueuses (de son côté), précise-t-il.

1er mars 2022 : Il part à Paris, engagé par un candidat aux Présidentielles pour être dans son équipe de campagne. Le voilà logé au QG. « Pendant deux mois, jusqu’à fin avril, je téléphone régulièrement à mon ex pour parler à ma fille et elle m’envoie des photos d’elle pratiquement tous les jours ».

Fin avril : il redescend, ayant trouvé un travail d’agent d’entretien dans un camping où il est logé: ce père a décidé d’accepter un emploi quel qu’il soit, pourvu qu’il puisse voir son enfant. Lorsqu’il est en repos (les jeudis et vendredis), il va voir sa fille à la sortie de l’école, rejoignant la maman : « Nous passons une ou deux heures (parfois même plus) tous les trois. Certaines fois, je reste même dîner avec elles avant de repartir au camping ».

20 mai 2022 : Est signée la fameuse convention de divorce stipulant qu’il bénéficie d’un droit de visite et d’hébergement au gré des parties. 

Romain précise : « C’est là que l’incompétence de mon avocate a joué contre moi : il était ajouté qu’à défaut d’accord entre nous, je devais voir notre fille un samedi sur deux de 10h à 18h. Or, le samedi, je travaillais ! À l’époque cela n’était pas grave, car mon ex me laissait voir Erin quand je voulais, mais ça a eu des conséquences sur la suite des événements ».

29 mai 2022 : Romain apprend que son ex a un copain.

La donne est changée : la jeune femme lui demande de ne plus lui envoyer de messages désormais.

2 juin 2022 : Un jeudi, la mère, via un SMS, lui demande s’il peut aller chercher Erin seul à l’école et la lui ramener. Ramenant sa fille, il se retrouve nez à nez avec le nouveau compagnon, lequel, alors qu’un coca lui est proposé par la mère, lui parle comme s’ils étaient des amis de longue date et distribue des « ma puce » ou « Pépette » à l’enfant, surnom que Romain croyait … réservé … aux 2 parents. 

Dans la foulée, Romain est informé que le compagnon s’installera définitivement au domicile. La conversation s’envenime : voilà Romain décrété Personna non grata au domicile. Il lui est signifié que désormais il ne pourra plus voir sa fille qu’un samedi sur deux comme le stipule la Convention de divorce.

Le nouveau compagnon annonce que s’il le souhaite, photos et vidéos de l’enfant seront envoyées par son entremise.

Romain change d’avocat.

Il fait parallèlement, en juin 2022, le choix de démissionner de son emploi au camping pour se rapprocher géographiquement et bien mener le combat qu’il sent s’amorcer . Le voilà plongeur dans un restaurant, et logé non loin avec un bail officiel.

Sur les conseils de son avocat, il dépose plainte à la gendarmerie pour non-présentation d’enfant, mais les gendarmes arguent du fait que la Convention de divorce ne stipule pas de jour précis lors duquel il doit avoir sa fille, et que la mère ne se rend pas coupable de non-présentation d’enfant.

Son avocat décide d’écrire au Procureur de la République.

Courant juin 2022 : il envoie des mails à la directrice de l’école ainsi qu’à la maîtresse de l’enfant pour leur indiquer la situation. Elles ne souhaitent pas se mêler davantage de son affaire.

Il continue à solliciter des photos de sa fille à son ex, laquelle répond qu’elle envoie des photos à ses parents et qu’il n’a qu’à s’adresser à eux.

Les appels Visio consentis avec l’enfant étant troublés par la présence du nouveau compagnon, Romain y renonce : Depuis lors, je n’ai plus eu ni photos de ma fille, ni appels avec elle…

Il prévient son ex qu’il a changé d’emploi et qu’étant désormais en repos le dimanche, il souhaite voir sa fille ces jours-là. Il ajoute qu’il a désormais un nouvel avocat et l’avertit que si elle s’obstine à faire que les choses ne se passent pas bien, il devra passer par la justice. Elle répond sur un ton narquois : « Tu veux jouer, on va jouer, mais tu vas perdre ». 

Une anecdote révélatrice de manque d’intégrité doit être rapportée : la mère lui envoie une photo de sa vignette d’assurance automobile collée sur le pare-brise de sa voiture accompagnée de la phrase : Ma fille ne montera plus dans ta voiture tant qu’elle ne sera pas assurée. En vérité, la voiture a été assurée à la MACIF dès son achat le 29 avril, mais seule une vignette temporaire est sur son pare-brise. Une altercation l’oppose sur le sujet au compagnon qui use de violence ; Romain dépose plainte à la gendarmerie. Entre temps, il apprend par la MACIF que sa carte et sa vignette d’assurance définitives ont bien été envoyées en juin… à son ancienne adresse:  il comprend alors qu’il a été odieusement manipulé. 

Le voilà en juillet 2022 convoqué au commissariat pour … harcèlement. La policière lui explique que le procureur de la République est intransigeant sur les questions de violences contre les femmes et que les forces de l’ordre ont pour consigne de prendre très au sérieux les plaintes des femmes. Romain est placé aussitôt en garde à vue, avant d’être libéré après deux heures d’interrogatoire et deux heures et demie de cellule ; le voilà contraint à une injonction à être suivi en psychiatrie durant six mois, le tout assorti d’une interdiction de paraître au domicile de son ex-femme.

Vacances d’été : l’enfant est inscrit au centre de loisirs sans qu’il ait été consulté : lui devra s’acquitter de la moitié des frais. Il lui est interdit d’aller chercher sa fille à la sortie du centre de loisirs, seuls la mère et son compagnon étant inscrits sur la liste des personnes autorisées.

Tout l’été, au gré de ses humeurs, la mère accepte ou refuse ses demandes de voir l’enfant, laquelle, lorsqu’enfin il la voit, le questionne : la mère et son compagnon insinuant qu’il ne serait pas son père mais son géniteur, la petite veut comprendre.

Il ne peut plus aller à la sortie des classes voir sa fille : désormais la mère est escortée dudit compagnon. Son avocat propose de le diriger vers une consœur spécialisée dans les affaires familiales.

En septembre la consœur propose de prendre l’initiative d’une tentative de médiation avec son ex avant d’envoyer une requête au juge aux affaires familiales, et propose l’ouverture d’une enquête sociale.

La tentative de médiation échoue.

En octobre 2022 Romain consulte une pédopsychiatre pour lui demander de voir sa fille en consultation. Hélas, il lui est répondu qu’il est obligatoire que la mère donne son consentement.

Lui est alors opposé le refus d’avoir sa fille quelques jours pendant les vacances de la Toussaint : l’enfant étant inscrite au centre de loisirs les deux semaines complètes.

En novembre 2022, Romain est entendu par deux assistantes sociales de la Maison Départementale des Solidarités, suite à un courrier reçu par la Protection Maternelle et Infantile.

Il change d’employeur, toujours plongeur, mais ses jours de repos sont désormais le mardi et le mercredi. Pour autant, toutes ses demandes de voir l’enfant sont rejetées par la mère : Romain l’informe qu’il ne paiera plus la pension alimentaire tant qu’il ne verra pas sa fille.

Le 27 décembre, il est consenti à ce père de voir sa fille pour lui donner ses cadeaux de Noël :  « Je ne l’avais pas vue depuis le 6 novembre ».

Il informe son ex que ses jours de repos sont désormais le mardi et le mercredi mais il lui est refusé de voir l’enfant le mercredi : la mère rétorque avec ironie que la Convention de divorce stipule que le droit de visite est un samedi sur deux de 10h à 18h.


Voilà une affaire qu’un avocat sensé présenterait au JAF en demandant simplement que soit appliquée une Convention de divorce permettant à un père de voir avec régularité sa fille.


Être mère sera-t-il toujours un argument pesant au détriment des droits d’un père à voir son enfant. Des Romain, nous en connaissons tous. Ces pères qui vivent au jour le jour, dépossédés -le terme est juste- de cet enfant qu’ils ne voient pas grandir. Avec lequel ils ne peuvent jouer. Cet enfant qu’ils ne peuvent élever. Ces privations de chaque instant qui engendrent ce sentiment désespéré de « passer à côté ». De louper ces mille petits instants. Les devoirs. Les goûters. L’heure du bain. Les questions. la vie, quoi.

Sarah Cattan

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2 Comments

  1. Soutien à Romain. Il existe probablement beaucoup d’autres cas comme le sien. Un argument de poids pour déconstruire les logorrhées néo féministes des De Haas, Rousseau ou même Fourest et les discours sur le « patriarcat » fantasmé.

  2. On se demande comment on en est arrivé là avec cette Justice qui empêche un père de voir grandir sa fille et une enfant de partager des moments avec son père.
    Triste Justice

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