L’islamisme est un boa constrictor
1979 -2023 : plus que quarante années d’obscurantisme : prise du pouvoir par Khomeny, première vague des talibans en Afghanistan, terreur islamiste en Algérie, (pays désormais soumis à une régime de collaboration officieuse entre militaires et intégristes) ; poussée fondamentaliste en Tunisie (faisant de ce pays, malgré la défaite islamiste une zone toujours à risque), une Libye en proie aux démons du tribalisme et de l’islamisme ; apparition de l’Etat islamique à cheval entre Syrie et Irak, ou encore une Afrique sub-saharienne ravagée par l’islam radical. J’aurais pu m’appesantir sur les attentats islamistes et leurs centaines de morts, mais il suffit de s’en tenir à ces bouleversements géopolitiques pour comprendre que l’islamisme n’est rien d’autre, comme dit l’écrivain algérien Boualem Sansal, qu’ »un boa constrictor »[1].
Il y a des peuples qui lisent de gauche à droite, d’autres de droite à gauche. Les islamistes, eux, lisent de travers. Mais surtout, ils égorgent ceux qui ne pensent pas comme eux ; ils décapitent ceux qui ne pensent pas comme eux ; ils déchiquettent à coup d’explosifs ceux qui ne pensent pas comme eux. Ils condamnent à mort le courageux Hassen Chalghoumi, digne d’un résistant anti-nazi.
Les nouveaux Diafoirus d’Occident
Mais tels les célèbres médecins de Molière qui, faute de savoir guérir, se cachent derrière un latin d’apothicaire pour masquer leur impéritie, nos dirigeants incapables de nous guérir contre l’islamisme s’embourbent dans des discours sans fin. Ils colloquent, ils ergotent, ils théorisent, mais au bout du compte il y a la réalité : des centaines de victimes d’attentats qu’on met en terre. Comme l’a si bien écrit Eric Vuillard[2], « les plus grandes catastrophes s’annoncent souvent à petits pas ».
Nazisme et Islamisme : bonnet brun et noir bonnet
Il n’y pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Depuis la conférence de Munich en 1938, nos dirigeants pratiquent la politique de l’autruche. Situation idéale pour les Frères Musulmans, qui, depuis Londres, véritable base-arrière stratégique, manipulent avec un art consommé de la perversité. Ainsi, a-t-on vu apparaître une forme encore plus pernicieuse que l’islamo-gauchisme : l’islamo-wokisme. « Les jeunes islamistes utilisent désormais le langage de la discrimination, de l’antiracisme, et un discours indigéniste. Cette nouvelle approche leur donne un accès inespéré au monde politique, médiatique et à la société civile », écrit le professeur L. Vidino de l’université George-Washington[3].
Les islamistes résonnent en militaires. Car, si hommes politiques, universitaires et médias (journaux, radio et télévision) forment l’État-Major, les banlieues leur fournissent la piétaille pour les basses œuvres. Et la meilleure façon de galvaniser les troupes reste le choix d’un ennemi commun. Voilà pourquoi Israël est devenu la nation repoussoir par excellence. Universitaires, journalistes d’une certaine presse[4] sont résolument antisionistes… mais, disent-ils, pas antisémites. Ce n’est là qu’une pirouette sémantique qui évite l’incitation à la haine raciale. Sauf que personne n’est dupe : antisionisme = antisémitisme, point barre. Accuser Israël d’Etat fasciste est devenu une sorte de leitmotiv chez les conscientisés comme disent les woke. Jadis victime, Israël est devenu bourreau.
Dans ce contexte les islamistes n’ont guère de difficultés à infiltrer la société civile. Ils adaptent leur langage comme les caméléons changent de couleur. Comme Hitler, qui, à Munich s’est ouvertement moqué des démocraties, les islamistes avaleront tôt ou tard ceux qui, aujourd’hui, les servent. « Dans cette bouillie gélatineuse de mensonges et de confusion délibérée, une seule tendance reste claire. Au nom du pouvoir ils sont prêts à trahir toutes les théories dont ils se servent pour arriver au sommet » : ce texte a été écrit le 17 décembre 1933 par Klaus Mann, pourtant il nous parle avec une brûlante actualité. Nazisme et islamisme c’est bonnet brun et noir bonnet.
Ils veulent assassiner notre liberté
Nos identités culturelles et spirituelles sont trop précieuses pour que nous ne les revendiquions pas en apprenant les uns des autres. Nous sommes tous des artistes parce que l’Homme est avant tout un créateur. Qu’il soit cuisinier, employé, écrivain, plasticien ou musicien, il crée de la liberté. Qu’il soit avec des amis pour prendre un verre après une dure journée de labeur à une terrasse, il crée de la liberté. Qu’il se dise de gauche ou de droite, mais profondément laïc et républicain, par son droit de vote, il crée de la liberté.
C’est précisément cette liberté-là que les islamistes veulent assassiner.
© Michel Dray
[1] Écrire dans la violence du monde, Conférence donnée le 1er novembre 2016 à l’université de Lausanne.
[2] Eric Vuillard « l’Ordre du Jour » Acte Sud 2017
[3] Qu’on lise avec profit le hors-série de TJ « Le Monde/Israël, un lynchage sans fin ».
[4] Klaus Mann dans un article intitulé « Esprit de logique » contre Hitler publié le 17 décembre 1933 à Bâle.
Historien, Analyste en géopolitique méditerranéenne, Michel Dray travaille depuis de longues années avec des universités, des écrivains, des acteurs de la société civile et des chercheurs dans le cadre d’un Think Thank hors des Réseaux sociaux sur les analyses géopolitiques en Méditerranée. Il fut en 2021 Président du Jury du « Festival International de Cinéma et Mémoire commune » au Maroc.
Un article remarquable, sans langue de bois. Il est sidérant que certains refusent de voir les vérités qui y sont énoncées.