Gérard Kleczewski. Dieudonné, Le Graët, Quatennens et le pardon… Quel pardon ?

Dieudonné, Le Graet, Quatennens et le pardon… Quel pardon ?

On ne comprendra pas nécessairement pourquoi j’associe ces trois noms : Dieudonné Mbala Mbala, Noël Le Graët et Adrien Quatennens. Alors j’explique. Ces trois messieurs, dans des contextes fort différents et à des niveaux divers de gravité, ont eu des paroles ou commit des actes qui ont, ces jours-ci, fait les choux gras des gazettes. Chacun d’eux a eu droit à sa polémique, relayée par les médias que l’on dit « grand public », avides de buzz, de sordide et de clics. Des médias qui s’avèrent trop souvent de caniveau.  

Mépris, maintes fois affirmé et confirmé, des Juifs et d’Israël pour l’un. Pour l’autre, le risque évident d’être poussé définitivement vers la sortie de sa fédération pour son comportement déviant avec les femmes et pour avoir tenu des propos de pilier de bar sur une ancienne gloire du football français devenue entraineur. Violence physique sur son épouse avec qui il est en instance de divorce pour le troisième, ce qui l’a mis en retrait forcé de la vie politique… Jusqu’à ce 11 janvier, et son retour insensé au Palais Bourbon…

Dieu ne lui a pas donné la foi… 

Avec la publication d’une lettre de repentir dans « Israël Magazine », relayée par Cyril Hanouna dans son émission de début de soirée, qui avait démarrée par un long et pénible épisode de blagues aux confins de la vulgarité signé Bigard – faisant fuir au passage une nouvelle chroniqueuse voilée -, on a donc appris que Dieudonné Mbala Mbala demandait « pardon à la communauté Juive Française ». Après la stupeur, les tremblements…

Un Dieudonné conseillé par l’avocat Emmanuel Ludot – également défenseur de Bigard, présent comme André Darmon, le rédacteur-en-chef d’Israël Magazine, sur le plateau de TPMP. 
Ludot, l’ex-membre du comité de soutien à Saddam Hussein, le défenseur en 2009 de Youssouf Fofana – assassin-barbare d’Ilan Halimi – et également avocat des parties civiles dans de très nombreuses autres affaires médiatiques, tel le scandale du Levotyrox…   

Embouchant depuis des années si mal les trompettes de la renommée, comme le chantait Brassens, Dieudonné s’est rangé visiblement aux conseils, non seulement de cet avocat mais aussi ceux de Francis Lalanne – chanteur du 20ème siècle, devenu égérie des gilets jaunes, des antivax et des pro-Poutine – et de quelques autres, dont Bigard lui-même. Visiblement aussi son ancien complice Elie. Pour reprendre encore Brassens : les gens de bon conseil ont su lui faire comprendre…  Qu’à l’homme de la rue (et pas seulement aux Juifs), il avait des comptes à rendre. Après avoir excité le peuple, en tous cas une partie clairement définissable, et les folliculaires, Dieudonné demande donc qu’on lui pardonne… 

Je n’écris pas ici pour dire qu’on doit ou pas lui accorder ce pardon, la vague de commentaires dans un sens ou dans l’autre, vue mardi soir sur les réseaux sociaux, était suffisamment abondante, et pour tout dire entêtante, pour que j’ajoute ici, à mon tour, un avis tranché sur la question – ça ne m’empêche pas d’en avoir un cependant. 
Je dirais juste qu’il y a tant de personnes et de familles ciblées et meurtries pendant des années par Dieudonné, dans leur être et dans leur chair, que le pardon n’est pas, ne sera pas, une chose évidente. Que si pardon il doit y avoir, il doit être assumable et justifié par la sincérité réelle de son repentir. 

C’est là qu’est le problème : comment la jauger cette sincérité à l’heure où tout le monde sait ou croit savoir que Dieudonné est « à la rue », professionnellement et personnellement ? Qu’il semble très malade ?  

Les dernières nouvelles de Dieudonné précédant « sa » lettre ne plaident pas pour une telle sincérité. Elles émanent d’un organisme suisse, la CICAD (Coordination Intercommunautaire Contre l’Antisémitisme et la Diffamation) (1) qui évoque un spectacle donné le 7 janvier dernier à l’Uptown de Genève – soit trois jours avant la lettre. La salle est pleine de ses habituels soutiens, y compris Soral. Le spectacle donne à entendre au moins un sketch antisémite. Ainsi qu’un sketch transphobe, joué par le comique qui demande pardon… Il est aussi question dans le communiqué de la CICAD d’un hommage rendu le week-end dernier, relaté par la Tribune de Genève, à un musicien reconverti dans le complotisme et le racisme, décédé un an plus tôt.   

Alors, finissons à son sujet sur un clin d’œil. J’avais écrit il y a quelques années dans un dictionnaire personnel : « Dieudonné – nm. Artiste drôle devenu haineux. « Dieudonné ? Hum, il lui a visiblement tout repris… ». 

Les excuses insincères     

Vous vous demandez toujours pourquoi j’associe le Ch’ti Quatennens et le breton Le Graët, à Dieudonné Mbala Mbala ? Voilà pourquoi. 

Chacun d’entre eux tente ou a tenté de s’expliquer, de demander pardon, de faire amende honorable. Mais pourquoi ressent-on un malaise immense en les entendant se justifier ? Serait-ce justement parce qu’on ne croit pas à la sincérité de leur message ? Parce qu’on ressent que ce repentir est « fake », comme on dit désormais ? Il y a clairement de ça. 

Quatennens ne supporte pas qu’on remette en cause sa probité et son respect des femmes, mais au lieu de se défendre devant la Justice, il bénéficie de la mansuétude de son parti et de son gourou pour qui le coup, il est vrai, a été rude. 
Au lieu de dire « J’ai menti, j’ai frappé, je demande sincèrement pardon à ma femme, je mérite une sanction exemplaire », son premier réflexe fût d’abord de minimiser (en parlant d’une gifle). Puis de crier au complot, aux accusations mensongères de son ex-épouse. Difficile dans ces conditions de jurer qu’il est sincère. Beaucoup plus simple de croire le contraire, non ? 

Idem pour le père Noël de la FFF. Il s’est excusé publiquement pour ses propos bêtes et méchants sur Yazid (le « vrai » prénom de Zinedine, qui s’apprêterait à partir à Copacabana pour entrainer la Seleção), mais n’est-ce pas trop simple de dire « je m’excuse » (on ne s’excuse pas du reste, on demande à être pardonné) ? 
Surtout que ce propos n’est pas isolé. Qu’on se souvient parfaitement des horreurs proférées avant et pendant la Coupe du Monde Qatarienne par le Noël pour justifier que la compétition ait lieu là où personne ou presque ne rêvait qu’elle soit organisée, et pour fermer les yeux sur les conditions d’esclavage moderne des ouvriers travaillant à la construction des stades. Le repentir du président guingampais, qui vient d’être mis de côté par le comité exécutif de la FFF en attendant les résultats d’un audit interne, est de plus totalement négligeable au regard d’une autre accusation bien plus grave : ses comportements déviants, voire pénalement répréhensibles, avec les femmes. Des comportements attestés par plusieurs témoignages forts. Leur a-t-il demandé publiquement pardon ? A-t-il esquissé le début d’une reconnaissance de ses torts ? Non, jamais à ma connaissance. Peut-être, en agissant ainsi, veut-il défendre son honneur « foulé au pied par la meute médiatique » ? Si ces femmes mentent, qu’il engage donc un procès en diffamation ! Il en a les moyens…  

En conclusion

A la vérité ces trois cas, encore une fois pas comparables sur le fond, révèlent que demander le pardon est une chose bien trop grave et bien trop engageante pour que cela puisse être perçu comme une manœuvre tactique afin de sortir d’un bourbier dans lequel on s’est mis soi-même. 

Je ne sais pas si l’un au moins des trois hommes que j’ai cités dans cet article est croyant. A dire vrai, je ne le pense pas. Mais, en guise de conclusion, j’ai envie de citer Marcel Pagnol qui, dans « La Femme du boulanger », a écrit : “Le châtiment de l’incroyant, ce sera peut-être le pardon de Dieu.” 

© Gérard Klęczewski

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7 Comments

  1. Je dirai qu’il y a des degrés dans la haine des Juifs. c’est pour cela que pour moi,c’est dieudonné M’Bala M’Bala qui remporte la palme, que N.Le Graet dise qu’il n’en à rien à faire d’une « légende du football( qui s’était aussi illustré en filant « un coup de boule » à un italien du camp adverse sous pretexte que celui ci avait mal parlé de sa soeur ou de sa mére,je ne sais plus.) pour une fois que je regardais un match de foot avec mon fils, nous étions interloqués de voir des joueurs se comporter de la sorte. A.Quatennens est sans intérêt LFI c’est l’extrême gauche, nous savons ce que ces gens là pensent de nous et en ce qui me concerne je les considère comme de pauvres incultes . M’Bala c’est autre chose, il est dangereux ,il sévit depuis des années ;malgré ses condamnations, amendes etc..il continue sa « carrière » de pur et dur anti-juif, il a des adeptes, et malgré tout, il n’est même pas interdit de spectacle ,pourtant il coche toutes les cases.

  2. Je n’ai de sympathie ni pour Quatennens ni pour le président du foot français, mais
    ce qu’on leur reproche est peu de chose par apport à ce que l’on reproche à Dieudonné.
    Ce dernier a réuni des années durant les plus grands meetings antisémites de France.
    C’est impardonnable.

  3. Je me demande comment vous avez pu associer les cas de ces trois personnages. La gravité des faits est incomparable et tellement montée en épingle par le camp du bien pour Quatennens, comdamné à une mort politique pour une simple gifle (que serait-ce s’il avait tabassé ou violé ?) et Le Graet dont la seule vraie affaire est d’avoir prolongé Deschamps, malgré le harcèlement des potes et soutiens de Zidane. Quant à Dieudonné, c’est un être tellement ignoble que je ne crois pas un instant à ses regrets.

    • @Kamoun René Les pseudo insoumis sont aussi antisémites que Dieudonné ! Et en plus ils aiment bien se dire «  » »féministes » » » tout en défendant feminazies et islamistes. Donc AUCUNE indulgence.

      • D’accord à 100% pour l’antisémitisme des insoumis qui me révolte, mais Dieudonné récolte quand même la palme. Avoir fait monter Faurisson sur scène, être allé en Iran faire soumission aux enturbannés, être complice de ce salopard de Saural et oser se moquer de la shoah. Dire qu’il n’a pas fait un seul jour de prison !

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