Archéologie
L’un des premiers lieux de pèlerinage chrétien – une grotte du centre d’Israël associée à la figure de la sage-femme Salomé – a été fouillé durant deux mois par des archéologues de l’Autorité des antiquités d’Israël (AAI). À l’intérieur, des dizaines de lampes à huile sculptées.
Cette grotte située dans une zone forestière entre Jérusalem et la bande de Gaza a été un lieu de pèlerinage chrétien populaire au moins jusqu’au 9e siècle. Elle semble être ensuite tombée dans l’oubli jusqu’en 1982, lorsque des pilleurs l’ont découverte et y ont pénétré. EMIL ALADJEM/AUTORITÉ DES ANTIQUITÉS D’ISRAËL
Pour les autorités israéliennes, elle est « l’une des grottes funéraires les plus impressionnantes jamais trouvées ». Localisée dans le parc national de Tel Lachish, au sud-ouest de Jérusalem, une cavité ayant servi de tombeau familial il y a plus de 2000 ans a livré aux chercheurs une partie de son histoire près de 40 ans après sa découverte par des pilleurs. Elle aurait durant l’Antiquité été considérée comme le lieu de sépulture de Salomé, l’une des sages-femmes qui auraient été présentes à la naissance de Jésus de Nazareth.
Dans un communiqué, les archéologues de l’Autorité des antiquités d’Israël (AAI) ont détaillé les résultats préalables de leur fouille menée dans le cadre de l’aménagement du Sentier des rois de Judée, un itinéraire qui reliera les sites archéologiques et historiques du sud d’Israël. À l’origine, la grotte était vraisemblablement le tombeau d’une famille juive de haut rang ayant vécu il y a quelque deux millénaires. Par la suite, elle serait devenue un lieu de pèlerinage chrétien dédié à sainte Salomé au moins jusqu’au 9e siècle de notre ère, comme l’attestent les croix et les dizaines d’inscriptions gravées sur ses parois à l’époque byzantine et au début de la période islamique, parmi lesquelles celle de « Salomé ».
Une association à Salomé durant l’Antiquité
Selon le Protoévangile de Jacques, un texte apocryphe (c’est-à-dire qui n’a pas été reconnu par les autorités religieuses et qui ne fait donc pas partie du Canon des Écritures) du 2e siècle, Salomé était la sage-femme de Bethléem et fut appelée à assister l’accouchement de Marie, mère de Jésus, dont elle ne pouvait croire qu’elle était encore vierge. Parce qu’elle souhaita ausculter Marie pour réfuter cette affirmation, sa main fut brûlée, puis soignée dès qu’elle toucha l’enfant tout juste né.
« Salomé est une figure mystérieuse », affirment les directeurs des fouilles Nir Shimshon-Paran et Zvi Firer. « [Les caractéristiques de la tombe] attestent que ses propriétaires étaient une famille de haut statut dans la Judée de l’époque du Second Temple (la période qui, dans l’histoire des Juifs, s’étend de leur retour en Judée à partir du milieu du 5e siècle avant J. -C. jusqu’au 1er siècle, ndlr) (…) Il est possible que le nom de Salomé soit apparu dans l’Antiquité sur l’un des ossuaires aujourd’hui disparus de la tombe et que la tradition identifiant le site à Salomé la sage-femme se soit développée, la grotte devenant vénérée par le christianisme. » Le nom « Salomé » ou « Shlomit » était en effet un nom juif courant à cette époque.
Des lampes à huile retrouvées intactes
L’édifice, particulièrement vaste, comprend plusieurs chambres avec de multiples niches funéraires creusées dans la roche. Y ont été retrouvés des ossuaires sous la forme de boîte en pierre, mais aussi des centaines de petites croix et lampes à huile en argile, complètes ou cassées, « datant des 8e et 9e siècles ». Toutes étaient réunies au même endroit, dans une zone que les archéologues associent à un parvis s’étendant sur 350 m2 à l’entrée de la grotte. Entouré de murs en pierre de taille et revêtu d’un sol en dalles de pierre et en mosaïque, celui-ci devait accueillir un petit marché où étaient vendus ou loués aux pèlerins ces objets. « Les lampes ont pu servir à éclairer la grotte ou dans le cadre des cérémonies religieuses, de la même manière que les bougies distribuées aujourd’hui sur les tombes des personnages justes et dans les églises », affirment les directeurs des fouilles Nir Shimshon-Paran et Zvi Firer.
Les chercheurs ont également découvert des sculptures complexes aux entrées de la grotte et dans sa chapelle intérieure, représentant « de délicats motifs végétaux décoratifs, notamment des rosettes, des grenades et des vases d’acanthe, caractéristiques de l’art juif », selon l’IAA. Une fois les travaux de restauration et d’aménagement terminés, le parvis et la grotte seront ouverts au public.
© Marine Benoit
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