Il déchire ses diplômes et démissionne, en guise de soutien aux femmes afghanes

Ismail Mashal, Le professeur afghan, déchire ses diplômes pour protester contre l’interdiction d’étudier faite aux femmes par les talibans
© AFP

Il est l’un des rares hommes en Afghanistan à défendre ouvertement les droits des femmes. « Nous régressons! », s’est-il insurgé, déchirant ses diplômes lors d’une interview télévisisée sur TOLOnews pour protester contre l’interdiction faite aux filles d’étudier et démissionnant parallèlement de trois universités privées de Kaboul où il enseignait, ne se sentant pas en mesure, « en tant qu’homme et en tant qu’enseignant, de faire autre chose pour elles », et sentant que ses certificats étaient devenus inutiles: « J’élève la voix. Je suis debout avec mes sœurs étudiantes. Ma protestation continuera même si cela me coûte la vie », poursuit-il, assurant qu’il poursuivra sa campagne en faveur de leurs droits: « Une société où les livres et les stylos sont arrachés aux mères et aux sœurs ne mène qu’aux crimes, à la pauvreté et à l’humiliation », dénonce celui qui enseigne le journalisme depuis plus de dix ans. 

Pour rappel: après les avoir bannies des écoles secondaires, les talibans ont interdit aux femmes d’accéder à l’enseignement universitaire, « le code vestimentaire islamique strict requis » étant incompatible avec le statut d’étudiante…, argument réfuté par Ismail Mashal, qui rétorque: « Ils nous ont dit de mettre en place le port du hijab pour les femmes, nous l’avons fait. Ils nous ont dit de séparer les classes, nous l’avons fait aussi ».

Ladite interdiction qui touche environ 20 millions de filles et n’a aucun fondement dans la charia islamique n’a pas été levée pour autant.

Ainsi, en dépit de leurs promesses de se montrer plus souples, les talibans sont revenus à l’interprétation ultra-rigoriste de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir. Mieux: ils ont, depuis leur retour au pouvoir en août 2021, accru les mesures à l’encontre des femmes , ordonnant aux ONG afghanes et internationales de ne plus travailler avec des femmes afghanes, lesquelles étaient dans la foulée exclues de la plupart des emplois dans la fonction publique, n’ayant plus le droit de se rendre dans les parcs, gymnases et bains publics ni celui de voyager sans un proche parent masculin. 

L’épouse du Professeur Mashal est concernée par le sort réservé aux femmes afghanes et sa fille, qui achève le cycle primaire,  ne sera plus autorisée à poursuivre les cours. 

Pour info: les manifestations de femmes restent sporadiques et rassemblent rarement plus de quarantaine de participantes.

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