Témoignage
Raymond Lévy, né le 21 mars 1923 et mort le 10 décembre 2014 , est un résistant, éditeur et écrivain français. Il est le père du romancier Marc Levy et de Lorraine Lévy, auteur de théâtre.
Avec son frère cadet Claude, Raymond Lévy, alias « Jeannot », s’engage dès mars 1943 dans la résistance Francs-tireurs et partisans – main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) de la région toulousaine. Ils sont affectés à la 35e brigade que dirige Marcel Langer sous le commandement de Serge Ravanel. Les deux adolescents sont arrêtés.
Début juillet 1944, ils sont déportés vers Dachau par le « train fantôme », l’un des derniers convois de déportés qui transportent quelque huit cents condamnés extraits des camps du Sud-Ouest. Dans une chaleur accablante, les wagons à bestiaux, pris sous les bombardements alliés, suivent un parcours sans cesse redéfini au gré des lignes restées en état de fonctionnement. Le 25 août 1944, alors que le train roule, les deux frères participent à une évasion en démontant le plancher et en se glissant entre les bogies. Ils ont la chance, contrairement à beaucoup d’autres, de survivre[réf. nécessaire].
Avec son frère Claude Lévy (coauteur en 1967 de La grande rafle du Vel d’Hiv avec Paul Tillard), Raymond Lévy obtient le prix Fénéon, en 1953, pour le recueil de nouvelles : Une histoire vraie.
Son livre Schwartzenmurtz ou l’Esprit de parti vaut à Raymond Lévy notamment d’être reçu dans l’émission Radioscopie de Jacques Chancel en février 1978. Il raconte dans cet entretien, « …pourquoi il est devenu communiste, comment il a écrit ce livre ; les nombreuses histoires fantastiques le concernant, lui et ses proches ; anecdote à propos de Jean Kanapa. Les communistes sous l’Occupation. Sa situation de commerçant juif traqué à Marseille sous l’Occupation. Ses activités de résistant. Son passé de militant communiste, jusqu’à l’insurrection populaire à Budapest en 1956 (contre le régime communiste hongrois imposé par l’Union des républiques socialistes soviétiques). L’attitude du PC à l’époque. Les raisons de sa rupture avec le communisme. Réflexions sur l’antisémitisme et la responsabilité de l’Église catholique. La rafle du Vel’ d’Hiv’ ; l’horreur de ce type d’événement indépendant de la question de nationalité. Son père, d’origine turque. L’identité juive. Le féminisme. Son activité d’écrivain… »
Dans « Eté 44 », Marc Levy raconte le trajet de son père vers l’enfer de Dachau. Il témoignera aussi via un documentaire réalisé par Pierre Belet, « Eté 44, un train pour l’enfer », du parcours du « train fantôme », l’un des derniers convois de déportés qui, à l’été 1944, quitta Toulouse pour rejoindre Dachau. Son père et son oncle, tous deux résistants, étaient à bord.
« Avec ma sœur Lorraine, on savait que papa avait été du bon côté, mais pas qu’il avait été un grand résistant car il bottait toujours en touche lorsqu’on le questionnait. A 14 ans, j’ai compris quelque chose lorsque nos parents nous ont réunis devant la télé pour regarder Holocauste, avec Meryl Streep. C’est la seule fois de ma vie que j’ai vu mon père pleurer. Il était un roc. Cela m’a bouleversé. J’ai eu peur de l’interroger. Le 24 septembre 1983, alors que j’étais un jeune homme, ma mère m’a demandé de les accompagner à Toulouse : « On va décorer ton père. Il t’expliquera en chemin. » Le ministre de la Défense, Charles Hernu, qui a prononcé un discours extraordinaire sur le rôle de la 35e brigade, lui a remis la Légion d’honneur. Aussitôt la cérémonie terminée, papa l’a rangée dans sa poche. Ce jour-là, Claude Urman, un ancien de la MOI, m’a tendu sa carte de visite : « Si tu veux connaître la vraie histoire de ton père, viens me voir. » Dès le surlendemain, j’étais chez lui. Comme il travaillait à la préparation du procès de Klaus Barbie, il avait les reproductions des cahiers de police : « Tourne les pages, et à chaque fois que tu verras le nom de Jeannot, c’est ton père. » C’est là que j’ai découvert tout ce qu’il avait fait. J’ai ressenti un sens des responsabilités. Lui et ses copains ont souffert dans leur chair pour que nous soyons libres. Il nous revient d’être, par tous les moyens, gardiens de cette liberté, de la transmettre à nos enfants et de leur faire comprendre, particulièrement aujourd’hui, que la liberté est encore plus importante que la sécurité. »
Avec Gwénaëlle Loaëc et Le Parisien
Merci de ce bel article.Je ne suis pas grande fan de Marc Levy mais ca, ce n’est pas une bluette.
Tres honoree de rencontrer ce grand monsieur qui etait son pere.
Merci pour cet article. Un autre grand monsieur était Raymond Lévy (1927-2018), ancien PDG d’Usinor et de Renault.
Mon père, Emile Vajda, né le 06/05/1919, décédé le 03/08/1992, a été le dernier responsable opérationnel de la 35ème Brigade. Il a été arrêté en même temps que Raymond et Claude Lévy. Blessé lors d’une attaque aérienne visant à stopper ce « train fantôme », il n’a pas pu fuir et a été déporté à Dachau. A son retour, vivant mais grand invalide de guerre, il a été homologué officier, puis nommé officier de la Légion d’Honneur.
Merci, Daniel. Que sa mémoire soit ici honorée
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