Bruno Benjamin. L’insécurité ou le nécessaire consensus politique

Les Français sont atterrés par la violence dans laquelle nous vivons. Mais la problématique n’est ni de droite ni de gauche : elle est l’affaire de tous.  Un fléau à à éradiquer tous ensemble.

Ces dernières semaines, des actes terribles de violence ont suscité l’effroi dans l’opinion. L’amplitude de leur retentissement est proportionnelle à leur hypermédiatisation. Au meurtre de Lola (12 ans) à Paris, a suivi celui de Justine (21 ans) à Brive, puis cette maman qui à Marseille, sur le bord de l’Huveaune, a tué son fils autiste de 11 ans, parce qu’elle n’arrivait plus à gérer la situation créée par le handicap de son enfant. Plus que des faits divers, il s’agit là de véritables phénomènes de société. 

Mais où va-t-on ? Il n’est pas interdit en effet de réfléchir aux dimensions collectives de ces drames épouvantables, surtout lorsque, dans le cas de Lola, la meurtrière présumée, une algérienne de 24 ans en situation illégale, avait reçu une obligation de quitter le territoire français (OQTF).

Le moins que l’on puisse dire, et les débats à l’Assemblée l’attestent, c’est que l’insécurité est devenue un sujet omniprésent dans l’espace politique. Aucune formation ne s’interdit d’en parler, quoique de manière différente et parfois diamétralement opposée : l’extrême-droite cible les carences de l’État, le gouvernement fustige la « récupération politique », l’extrême- gauche évoque la précarité sociale, et pour les Républicains, Éric Ciotti, Député des Alpes-Maritimes, se dit « révolté par le laxisme migratoire criminel. »  

Mais, au-delà de ces prises de position, en exploitant la médiatisation, les partis politiques témoignent que l’insécurité devrait n’être ni de droite, ni de gauche. Toutefois, ils seraient beaucoup plus crédibles s’ils s’inspiraient de la « méthode Giuliani ». L’ancien maire de New-York, l’intraitable Rudolf Giuliani, dès son élection en janvier 1994 prônait la « tolérance zéro » contre la délinquance qui minait  la mégapole américaine. Ses agents ne laissaient rien passer. Toute infraction était sanctionnée sur-le-champ. Un tag ? Vite effacé. Un carreau cassé ? Remplacé dans l’heure. 

En France, ce qui est choquant, c’est le déni de réalité. Et ce, malgré les chiffres de la délinquance en augmentation continue. Bien qu’on ait tous les moyens de permettre aux citoyens de vivre en sécurité (intelligence artificielle, vidéosurveillance, patrouille de police, etc.), nombre d’élus, imprégnés de bienpensance et, pour complaire à une minorité rétive à la sanction, jouent à l’autruche. La tête dans le bac à sable, ils oublient leur statut qui les oblige à faire preuve de volonté pour éradiquer le fléau. Ce faisant, ils assurent une fonction de levier, mieux, un rôle élévatoire à l’extrême-droite. 

Dans une société en mutation – précarité sociale, taux de chômage élevé, technologies nouvelles, flux incessants de nouvelles populations, d’idées et de cultures – l’État devrait exercer ses prérogatives régaliennes. Or, si la police est généralement créditée de bien faire son travail, la Justice, elle, est considérée à tort ou à raison, par l’ensemble des Français, comme laxiste. Pourtant, et le rapport Bonnemaison le soulignait dans les années 1980, « l’appareil répressif est de maintenir le consensus national autour d’un certain nombre de valeurs sur lesquelles est basée la vie en commun, de conforter la solidarité nationale. » En d’autres termes, cela passe, hier comme aujourd’hui, par la prévention et la répression. 

La sécurité est l’affaire de tous dans l’analogie à la lutte contre la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme. Je le redis : seuls les décideurs politiques ont les moyens de cette lutte qui doit être implacablement menée, sans clémence ni indulgence. Car pour le citoyen-contribuable, c’est le minimum auquel il a le droit. Aux gouvernants de trouver des solutions, aux Partis politiques de s’accorder en évitant surenchère et démagogie. Il en va de la cohésion de la société et de chacun en particulier.   

© Bruno Benjamin

Bruno Benjamin est Président honoraire du CRIF Marseille-Provence.

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1 Comment

  1. Dans un pays démocratique et un État de droit ce genre de situation ne serait même pas concevable. Le déni de réalité c’est aussi et surtout celui concernant les motifs souvent racistes et/ou religieux de cette violence. Et c’est aussi de ne pas avoir compris que la France tout entière est un territoire perdu de la République. Comme le reste de l’Europe. Les associations « antiracistes » refusent même de s’occuper des victimes n’ayant pas la bonne couleur de peau alors que leurs agresseurs ou bourreaux pourront eux se faire passer pour des victimes. Le déni de réalité c’est de continuer à qualifier l’Amérique du Nord et l’Europe de « démocraties » et d’endroits civilisés.

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