Pierre-André Taguieff. Réflexions sur la mythologie antisioniste

      L’intellectuel engagé Pierre Goldman écrivait dans Libération le 31 octobre 1978 : « Nous fûmes quelques gauchistes juifs à être retenus au seuil du soutien à la cause palestinienne par l’antisémitisme indiscutable qui suintait en sourdine du discours propalestinien ». Aujourd’hui, la plupart des gauchistes juifs des années 1960 et 1970 ont compris la leçon : ils ont cessé non seulement d’être propalestiniens mais aussi d’être gauchistes. Certains sont restés de gauche, avec modération, d’autres sont passés à droite, parfois sans modération. Ils ont fini par comprendre que la frontière entre ce qu’on appelle « antisionisme » et « antisémitisme » était poreuse, qu’elle avait pour effet d’effacer le clivage droite-gauche, et aussi que la défense de la « cause palestinienne » était souvent un masque porté par les nouveaux antijuifs, dont la principale caractéristique est qu’ils se réclament de l’antiracisme. Telle est la vraie nouveauté dans les nombreuses métamorphoses de la vieille « question juive » : l’instrumentalisation de l’antiracisme et de l’antifascisme à des fins antijuives, à travers la diabolisation du sionisme et d’Israël. Il faut préciser en outre que la catégorie diabolisée, « les sionistes », est élargie selon les besoins de la polémique pseudo-antiraciste : elle comprend non seulement les Juifs sionistes au sens strict du terme (qu’ils soient ou non citoyens israéliens) et les Juifs défenseurs d’Israël, mais aussi toutes les personnes favorables à l’existence de l’État d’Israël. C’est donc au nom de la lutte contre le racisme que « les sionistes » ainsi identifiés sont diabolisés et criminalisés. Il y a là un inquiétant retournement idéologique et politique, dont la cause fondamentale est le rejet inconditionnel de l’existence d’Israël, qui forme le cœur de l’antisionisme. 

Comment l’accusation de « sionisme » est devenue centrale

      En 2003, dans un contexte où, depuis près de trois ans, des synagogues étaient incendiées, des cimetières juifs profanés et des Juifs visibles menacés ou insultés sur fond de cris « Mort aux Juifs ! » lancés par des émeutiers, Alain Finkielkraut, au début de son bref essai intitulé Au nom de l’Autre, formulait ce constat aussi lucide que désenchanté : 

« Pendant cinquante ans, les Juifs d’Occident ont été protégés par le bouclier du nazisme. Hitler, en effet, avait, comme l’a écrit Bernanos, déshonoré l’antisémitisme. On croyait ce déshonneur définitif. Il n’était peut-être que provisoire. Ce qu’on prenait pour un acquis apparaît rétrospectivement comme un répit. Et c’est en France, le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de Juifs, que la parenthèse se ferme de la façon la plus brutale[1]« . 

      Déjà, en 1972, Léon Poliakov se demandait avec inquiétude si « les censures dont l’antisémitisme faisait l’objet depuis la Deuxième Guerre mondiale ne commenç[ai]ent pas à disparaître[2]« . Mais, en 2003, il ne s’agissait pas d’un simple retour du refoulé ou d’une « levée des tabous », comme on l’a cru alors. Ni d’une résurgence occasionnelle des passions antijuives héritées de l’antijudaïsme chrétien. Ce n’était pas le vieil antisémitisme français traditionaliste ou nationaliste d’origine chrétienne qui refaisait surface, c’était tout autre chose, de l’ordre d’une émergence que nul n’avait prévue. Sa caractéristique idéologico-politique la plus visible était qu’elle se situait principalement à gauche et à l’extrême gauche. Mais, en France notamment, cette évidence a été masquée par quelques saillies antijuives de démagogues nationalistes situés à l’extrême droite, montées en épingle par la gauche.  

      C’est dans ce contexte qu’en janvier 2002 j’ai publié La Nouvelle Judéophobie, essai dans lequel j’offrais une courte synthèse des réflexions que j’avais faites sur la question depuis le début des années 1980[3], à la suite de l’attentat du 3 octobre 1980 contre la synagogue de la rue Copernic (4 morts) et du massacre commis rue des Rosiers le 9 août 1982 au restaurant Goldenberg  (6 morts), mais aussi de l’affaire Faurisson – qui éclate après la publication dans Le Monde, le 29 décembre 1978, d’un article intitulé « Le problème des “chambres à gaz” ou “la rumeur d’Auschwitz” », signé Robert Faurisson –, eu égard aux liens entre l’offensive négationniste et la propagande antisioniste d’extrême gauche. En témoigne le texte lu par Faurisson le 17 décembre 1980 au micro d’Europe n° 1 : 

« Les prétendues “chambres à gaz” hitlériennes et le prétendu “génocide” des Juifs forment un seul et même mensonge historique, qui a permis une gigantesque escroquerie politico-financière dont les principaux bénéficiaires sont l’État d’Israël et le sionisme international et dont les principales victimes sont le peuple allemand – mais non pas ses dirigeants – et le peuple palestinien tout entier ».  

      Pour comprendre le sens de cette émergence, il fallait cesser de chercher des continuités historiques et des héritages idéologiques en fouillant dans le passé de la nation française ou plus largement des nations européennes, et considérer l’une des conditions de possibilité du surgissement de cette nouvelle grande vague antijuive, qui, au début des années 2000, n’en était qu’à ses débuts : la présence en France de la population musulmane la plus importante d’Europe. Car l’imaginaire politico-religieux de cette population musulmane était déjà fortement imprégné des thèmes de la propagande antisioniste venant du monde arabo-musulman, qui s’inscrivaient dans l’antijudaïsme islamique traditionnel et entraient en synthèse avec ceux des antisionismes d’extrême gauche, marqués par un antinationalisme et un anticolonialisme de principe, mais surtout héritiers de l’antisionisme soviétique, qui mêlait antifascisme, anti-américanisme et  antiracisme, non sans puiser dans une vision conspirationniste du sionisme comme puissance mondiale occulte. Dès la fin des années 1960 et le début des années 1970, cette rhétorique de propagande s’était à la fois fixée et internationalisée[4]

      La centration négative des ennemis des Juifs sur le sionisme n’est pas le fruit du hasard. Elle est notamment liée au fait que l’idée sioniste reste vivante, non moins que l’État-nation qu’elle a inspiré. C’est pourquoi il convient d’avoir à l’esprit ces remarques de l’historien Georges Bensoussan : « De toutes les réponses juives à la modernité, le sionisme seul a survécu. Ce n’est pas là jugement de valeur mais constat. Le socialisme universaliste a sombré et l’autonomisme du Bund a été balayé par la Shoah[5]« .  L’engouement des Juifs pour le communisme est désormais chose du passé, ce qui a entraîné la désuétude du stéréotype d’accusation sur-employé à l’époque nazie : « le judéo-bolchevisme » et « le judéo-bolchevique », c’est-à-dire le « Juif international » ayant pour programme d’action la révolution mondiale. Le stéréotype d’accusation qui a survécu est celui de la « haute finance juive » ou du « financier juif international », exploiteur, dominateur et manipulateur. On sait qu’il est toujours véhiculé par le mythe Rothschild, qui reste ancré dans l’imaginaire social occidental, non sans avoir fait le tour du monde.   

      L’hostilité antijuive s’est ainsi fixée sur « le sioniste », construit à son tour comme l’ennemi du genre humain. La dénonciation du « sionisme mondial » s’est banalisée. Le « complot sioniste mondial » a remplacé le « complot judéo-maçonnique » et le « complot judéo-bolchevique », non sans intégrer, en les reformulant, certains thèmes d’accusation ritualisés par la diffusion des deux grands récits de complot antijuifs précédents. Mais la grande nouveauté idéologique et discursive aura été l’islamisation progressive de la propagande antisioniste, notamment après la révolution islamiste iranienne de 1979.       

D’un antisionisme à d’autres

      S’il est vrai que le mot « antisionisme » est équivoque ou, si l’on préfère, polysémique, il faut partir d’une enquête sur les emplois du terme, les identifier et les distinguer précisément. Les débats interminables sur la question viennent du choc entre des thèses dogmatiques, dérivant de définitions du type « L’antisionisme est la figure contemporaine de l’antisémitisme » ou « L’antisionisme n’a rien à voir avec l’antisémitisme ». La question première est la suivante : de quoi parlons-nous quand nous parlons d’ »antisionisme » ? Pour simplifier et clarifier la question, il convient de distinguer les quatre significations principales du mot « antisionisme » qui, dans les controverses, interfèrent et se chevauchent souvent, engendrant des dialogues de sourds. Ces significations ne sont pas seulement distinctes, elles sont contradictoires à divers titres. Énumérons-les brièvement : 1° L’opposition au projet sioniste ; 2° la critique de la politique israélienne ; 3° la dénonciation complotiste du « sionisme mondial » ; 4° la négation du droit à l’existence de l’État d’Israël ainsi que le projet et la volonté de détruire cet État-nation pour le remplacer par un État palestinien ou un État islamique. On connaît la prophétie menaçante du fondateur des Frères musulmans, Hassan al-Banna, qu’on trouve citée dans le préambule de la Charte du Hamas (rendue publique en août 1988) : « Israël s’élèvera et restera en place jusqu’à ce que l’Islam l’élimine, comme il a éliminé ses prédécesseurs ». La prophétie est régulièrement répétée par les prédicateurs musulmans participant à la propagande palestinienne. C’est principalement en référence à cet antisionisme islamiste exterminateur qu’on peut définir l’antisionisme radical comme une forme contemporaine de racisme[6].   

      Depuis le début des années 1970, les propagandes anti-israéliennes – l’arabo-musulmane et la soviétique au premier chef – ont convergé pour rendre idéologiquement acceptable l’équation  « sionisme = racisme », dans le prolongement de l’équation « sionisme = colonialisme », lancée à l’époque de la décolonisation. Avec l’arrivée au pouvoir en Iran de l’ayatollah Ruhollah Khomeyni – connu pour sa haine « théologique » des Juifs –, la diabolisation du sionisme et d’Israël, élargie à celle des Juifs désignés comme ennemis de l’islam, a occupé une place centrale dans la propagande islamiste, qui mettait en avant la question palestinienne et appelait au jihad contre les Juifs[7]. Dès lors, pour les ennemis de l’État d’Israël, le sens politique du mot « antisionisme » s’est réduit au couplage de deux positions de principe : l’antiracisme et l’anticolonialisme. L’évidence idéologique s’est installée : être antiraciste et anticolonialiste, c’est être nécessairement antisioniste. 

      Au cours des années 1990 et 2000, lorsque s’est constituée la configuration que j’ai qualifiée d’ »islamo-gauchiste » en 2001-2002, l’antiracisme est devenu un quasi-synonyme d’anti-islamophobie, ce qui témoignait du succès de l’opération idéologique islamo-gauchiste par excellence : définir l’islamophobie comme l’une des principales formes contemporaines du racisme. Le « sionisme » pouvait dès lors être dénoncé comme un double racisme, dont les cibles et les victimes étaient autant les Palestiniens que les musulmans. En tant qu’auto-désignation méliorative, le mot « antisionisme » s’est intégré dans le vocabulaire courant des milieux (néo-)antiracistes et (néo-)anticolonialistes, donc dans le discours d’une partie de la gauche et dans celui de l’extrême gauche tout entière. L’accusation de  « fascisme », rituelle dans la propagande soviétique, est venue s’ajouter à celles de « racisme » et de  « colonialisme ». L’évidence idéologique s’est installée : être antifasciste, c’est être nécessairement antisioniste.  

      L’amalgame polémique entre « sionisme » et « impérialisme » est également une constante de la rhétorique « antisioniste » diffusée par la propagande soviétique, puis reprise par l’extrême gauche, une partie de la gauche et les pays arabes ainsi que l’Iran. Dans un article publié le 4 octobre 1967 par un périodique soviétique, on lisait par exemple : « De nos jours, le sionisme est l’idéologie, le système d’organisation et la pratique de la bourgeoisie juive pro-impérialiste. Son credo est essentiellement l’anticommunisme. D’ailleurs, l’anticommunisme de la société sioniste internationale de ces trafiquants de la politique de la finance, de la religion et du commerce a aidé le sionisme à se développer et à devenir le collaborateur et l’instrument stratégiques des États-Unis[8]« .  Il y a là une première version du « complot américano-sioniste » que les islamistes radicaux dénonceront à partir des années 1980.  

      Au cours des deux dernières décennies, l’antisionisme conspirationniste s’est banalisé sur les réseaux sociaux. Mais la nouveauté est que des universitaires de gauche et des militants des droits de l’homme n’hésitent plus désormais à diffuser des messages accusant « les sionistes » ou « les Israéliens » d’être les « maîtres du monde » ou de « diriger l’Amérique ». C’est ainsi que le juriste belge d’extrême gauche Jean-Marie Dermagne, qui est l’un des avocats de la vénérable Ligue des Droits Humains (LDH) et le vice-président du « Syndicats des avocats pour la démocratie », a posté ce message sur son mur Facebook le 4 janvier, au lendemain de l’élimination du général iranien Qassem Soleimani par l’armée américaine : « Les vrais maîtres du monde, ce sont les Israéliens. Trump, le sinistre fanfaron, n’est (comme ses prédécesseurs) que leur marionnette armée. Ce sont eux qui tirent[9]. » Maîtres du monde et fauteurs de guerre : tels sont « les Israéliens » selon ce distingué militant « humaniste »  et « antiraciste ».  

Délégitimer pour éradiquer

      Il s’agit de délégitimer l’État d’Israël par tous les moyens, pour l’isoler sur tous les plans, en organisant notamment contre lui un boycott généralisé. La campagne palestinienne « Boycott, désinvestissement et sanctions » (BDS) s’inscrit dans ce dispositif, en tant que visage « humanitariste » et compassionnel donné à une propagande de guerre, centrée sur la lutte pour le monopole du statut de victime. Pour ce faire, les propagandistes antisionistes instrumentalisent l’antiracisme et l’anticolonialisme, entretenant le mythe messianique du propalestinisme rédempteur. L’objectif est de susciter de l’indignation contre les Israéliens et de l’empathie pour les Palestiniens, en vue de mobiliser l’opinion internationale contre Israël et ses soutiens. Le modèle d’action est ici celui du boycott du régime d’apartheid de la République sud-africaine : depuis le début du XXIe siècle, l’assimilation de l’État d’Israël à un système d’apartheid est devenue le thème fondamental de la propagande « antisioniste ». Cet amalgame polémique est dénué du moindre fondement : il n’y a pas un racisme d’État en Israël, dont la population comprend 20, 9% de citoyens arabes, en majorité musulmans, qui jouissent des mêmes droits que leurs concitoyens juifs.  

      Dans la propagande antisioniste, qui ne se réduit pas à la propagande anti-israélienne, les amalgames diabolisateurs forment une longue chaîne : Israël/sionisme-nazisme-fascisme-colonialisme-racisme-expansionnisme-impérialisme-apartheid-génocide. Les métaphores polémiques les plus employées sont pathologisantes ou bestialisantes : « kyste », « cancer », « monstre tentaculaire », « ennemi parasite », etc. Quant aux amalgames diffamatoires, ils vont de « l’État gangster » à « Israël = régime d’apartheid », « politique d’Israël = nettoyage ethnique » ou « politique génocidaire », « sionisme = racisme », « sionisme = nazisme », etc. D’où la fabrication de slogans et de clichés de propagande, indéfiniment recyclés dans les discours néo-antiracistes et néo-antifascistes contemporains. À Berlin, en avril 2003, lors d’une des réunions préparatoires du Forum social européen (FSE), les tentations antijuives de certains milieux « altermondialistes » s’étaient manifestées par la présence d’individus arborant des T-shirts sur lesquels on pouvait lire cette prédiction fondée sur des analogies historiques trompeuses :  « Le monde a arrêté le nazisme. Le monde a arrêté l’apartheid. Le monde va arrêter le sionisme ». L’antisionisme radical est le produit d’une fusion entre ces machines à diaboliser et à diffamer que sont devenus l’antifascisme et l’antiracisme dans les mains de la nouvelle extrême gauche[10]

       Les stratégies de délégitimation par diabolisation ont pour conclusion logique des appels de l’élimination de l’État d’Israël. Sur la question, les hauts dirigeants de la théocratie islamique d’Iran se sont montrés les plus directs. Dès son élection en 2005, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n’a cessé de menacer les « sionistes »  d’être effacés « de la surface de la terre » en tant que « germes de corruption ». Le 2 juin 2008, à l’occasion du dix-neuvième anniversaire de la mort de l’ayatollah Khomeyni, Ahmadinejad formulait un diagnostic concernant l’État d’Israël, dont il prédisait la fin imminente : « Le régime sioniste a atteint le terme de son œuvre et disparaîtra prochainement des cartes géographiques ».  En 2005, il avait déjà déclaré qu’Israël serait « rayé de la carte ». Trois ans plus tard, il réaffirmait sa prédiction de la disparition de l’État juif, « régime criminel et terroriste sioniste qui a derrière lui soixante ans de pillages, d’agressions et de crimes », et annonce corrélativement la destruction du « régime satanique des États-Unis ». Dans la terminologie khomeyniste, la destruction du « petit Satan » (Israël) et du « grand Satan » (les États-Unis) est la condition de la délivrance ou de la libération de l’humanité, enfin prête à être islamisée.

      Lors de la Journée mondiale d’Al-Quds à Times Square (New York), le 31 mai 2019, l’activiste antisioniste Nate Chase, membre du World Workers Party, a été fort clair : « Nous ne voulons pas de deux États ! Nous voulons tout ! » (slogans répétés par la foule). Et de préciser : « Parce que chaque centimètre – du fleuve à la mer – est la Palestine ! […] Israël n’existe pas ! Il n’a jamais existé, n’existe pas et n’existera jamais ! Il n’y a que la Palestine! » Face à « l’entité sioniste connue sous le nom d’Israël », caractérisée comme une « marionnette raciste » créée par les « impérialistes américains », un seul mot d’ordre était lancé le même jour par Rokeya Begum, jeune activiste du mouvement pro-palestinien Within Our Lifetime : « Brisez l’État sioniste colonialiste[11] ! » Cette militante antisioniste a aussi scandé le slogan « Mondialisez l’Intifada ! » Une guerre révolutionnaire mondiale est déclarée contre le racisme et le colonialisme incarnés par un « sionisme » fantasmé.   

      L’antisionisme internationaliste reprend ainsi l’héritage de l’imaginaire révolutionnaire communiste, mais après avoir substitué la cause palestinienne à la cause prolétarienne en tant que « cause universelle », non sans donner à cette dernière un parfum victimaire en l’associant à la cause de la prétendue « religion des faibles », l’islam.  L’antisionisme est devenu l’idéologie du grand parti sans frontières des « faibles » et des « victimes ». Or, comme tout musulman est censé être une victime effective ou potentielle de l’ »islamophobie », érigée en principale forme contemporaine de racisme, la lutte contre le sionisme se confond avec la lutte contre l’islamophobie, donc avec la lutte contre le racisme. Être antisioniste, c’est être antiraciste. Les antisionistes s’inscrivent ainsi dans le camp du Bien et de la Vertu. L’antisionisme exterminateur se réclame frénétiquement de la morale, qui incite à protéger les faibles et à défendre les victimes contre les dominateurs et les bourreaux que sont les « sionistes ». 

Ces thèmes et ces images de propagande sont massivement diffusés sur les réseaux sociaux et dans les médias. On peut ici parler d’une mythologie politique dominante et mondialisée, qui s’impose par des mécanismes d’intimidation jouant sur l’indignation morale. Face à cette entreprise de criminalisation et de diabolisation d’Israël et du sionisme, il faut commencer par faire la part de l’illusion, de la mauvaise foi, de l’aveuglement idéologique et de l’imposture plus ou moins intéressée, voire subventionnée. Il importe surtout de résister à l’intimidation en lançant une contre-offensive intellectuelle.      

© Pierre-André Taguieff

Pierre-André Taguieff, philosophe, politiste et historien des idées, directeur de recherche au CNRS, a notamment publié sur la question : Criminaliser les Juifs. Le mythe du « meurtre rituel » et ses avatars (antijudaïsme, antisémitisme, antisionisme) (Hermann, 2020) ; Liaisons dangereuses : islamo-nazisme, islamo-gauchisme (Hermann, 2021) ; L’Antiracisme devenu fou (Hermann, 2021) ; Sortir de l’antisémitisme ? (Odile Jacob, 2022). 


[1] Alain Finkielkraut, Au nom de l’Autre. Réflexions sur l’antisémitisme qui vient, Paris, Gallimard, 2003, p. 9. 

[2] Léon Poliakov, « L’antisémitisme à travers les âges » (1967, complété en 1972), in id.Les Juifs et notre histoire, Paris, Flammarion, 1973, p. 32. 

[3] Voir par exemple Pierre-André Taguieff, « L’antisionisme arabo-islamophile », Sens, n° 11, novembre 1982, pp. 253-266 ; id., « L’antijudaïcisme contemporain. Rupture de tradition et nouvelle naissance », Cahiers Bernard Lazare, n° 101-103, mai-juillet 1983, pp. 27-30 ; id., « La nouvelle judéophobie. Antisionisme, antiracisme, anti-impérialisme », Les Temps Modernes, n° 520, novembre 1989, pp. 1-80. 

[4] Voir par exemple le pamphlet de Lucien Cavro-Demars, Aux sources du Sionisme et de ses ravages dans le monde, Beyrouth (Liban), 1971. 

[5] Georges Bensoussan, Une histoire intellectuelle et politique du sionisme 1860-1940, Paris, Fayard, 2002, p. 11. 

[6] Pierre-André Taguieff, La Nouvelle Propagande antijuive. Du symbole al-Dura aux rumeurs de Gaza, Paris, PUF, 2010, pp. 57-74. 

[7] Yossef Bodansky, « Les Juifs et l’islam militant après Khomeyni » (tr. fr. Claire Darmon), Revue d’histoire de la Shoah, n° 180, 2004/1, pp. 62-108. 

[8] Cité par Zev Katz, « Après la guerre de 1967 », in Lionel Kochan (dir.), Les Juifs en Union soviétique depuis 1917[1970], Paris, Calmann-Lévy, 1971, p. 454. 

[9] http://www.lbca.be/communiques/303-un-avocat-de-la-ligue-des-droits-humains-pris-en-flagrant-delit-d-antisemitisme#.XhIQPGRKh90

[10] Voir Pierre-André Taguieff, La Nouvelle Propagande antijuiveop. cit. ; id.Judéophobie, la dernière vague, Paris, Fayard, 2018 ; id., « L’éternelle renaissance de l’espace néo-gauchiste : néo-antifascistes et néo-antiracistes », Revue politique et parlementaire, n° 1103, avril-mai-juin 2022, pp. 47-61. 

[11] Déclarations citées dans l’article : « Journée d’Al-Quds à Times Square, New York : Nous ne voulons pas de deux États ! Nous voulons tout ! Israël n’existe pas ! », 12 juin 2019, http://memri.fr/2019/06/12/militants-a-un-rassemblement-de-la-journee-dal-quds-a-times-square-israel-nexistera-jamais-chaque-centimetre-est-la-palestine-mondialisez-lintifada/

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30 Comments

    • 1) ce qu’il faut ajouter c’est que c’est dès la… première ligne, que le nommé Taguieff donne dans le révisionisme ingénu. Car c’était bien au nom du credo d’extrême-gauche qui était le sien (et qui lui valut d’être assassiné) que Pierre Goldman dénonçait les complaisances dont bénéficiaient, jusque du côté du sale journal ‘Libération’, de prétendus défenseurs de la cause palestinienne mais qui poursuivaient des buts antisémites.
      2) le truqueur n’est pas mieux inspiré à propos de… Faurisson dont il oublie que c’est de l’extrême-droite que celui-ci provenait et qu’il avait déjà ses entrées au journal ‘Défense de l’Occident’ lorsqu’en décembre 1978 le sale journal ‘Le Monde’ le présenta comme un… innocent universitaire.
      Encore, la faute à pas d’chance, pour le pompeux-cornichon Pierre-André Taguieff…

      – (copie)

  1. Conclusion :
    Racisme inversé = Racisme tout court.
    Antisionisme = Antisionisme
    « Antiracisme » + »Progressisme » +Islamisme radical = les formes modernes de Extrême droite et du nazisme.
    Officiellement au pouvoir en France depuis 2017.

    Remarque essentielle : ce discours raciste et antisémite est avant tout l’œuvre de la classe politique, des médias principaux (l’Immonde en est un exemple), du swhobiz et des milieux universitaires du style « sciences politiques », « sociologie » etc ou encore des associations dont certaines subventionnées par l’Etat.
    De Los Angeles et Washington à Gaza, Istanbul et Téhéran en passant par Londres, Berlin et Paris : le 4eme Reich

  2. Au USA le révisionnisme pro palestinien pro islamiste et antisémite est majoritaire dans toute la sphère « démocrate » et tout particulièrement dans sa frange afro américaine : Angela Davies, BLM, Farrakhan etc…En Angleterre ce sont Corbyn et certains abrutis congénitaux du showbizz y compris Emma Watson, la star pour ados attardés. En Allemagne les milieux « verts » et pro immigrationnistes. Dans tous les cas les mouvances néo fascistes votent Obama/Biden, Macron/Melenchon, Corbyn, Angela Merkel etc…

    • Bien sûr @ Jérôme Onyx.
      Aux États-Unis, Trump n’est qu’un épouvantail qui fait oublier que le nouveau fascisme est principalement à gauche, et pas seulement à l’extrême – il y a les wokes excités, certes, mais les riches démocrates bon teint pleins de condescendance qui soutiennent BLM le perpétuent eux aussi. Ionesco avait bien vu dans Rhinocéros que le fascisme c’est justement ce qui est là sous nos yeux et que personne ne voit. On hurle qu’il est à droite alors que non, il est là, à gauche, évident et pourtant invisible.
      Merci à Pierre-Henri Taguieff pour une analyse toute en finesse et en rigueur. Cette précision dans le propos est salutaire.
      Yohann

  3. @luc nemeth
    Je ne sais ce que veut dire « pompeux-cornichon » et si c’est ainsi qu’on interpelle son adversaire à l’extrême-gauche, mais un peu de logique, que diable, on aime la logique dans les AG normalement, non ? Taguieff n’a pas du tout écrit que Goldmann n’était pas d’extrême-gauche, ni que Faurisson n’était pas d’extrême-droite. Il décrit justement un changement de paradigme, où les signes de la gauche et de la droite s’inversent, et où le fascisme est désormais à gauche, et plus à droite. Goldmann est toujours d’extrême-gauche, bien sûr, et Faurisson d’extrême-droite – Taguieff ne dit pas le contraire -, ces deux-là ne bougent pas, c’est le paradigme qui a pivoté autour de la « question juive ». Avant de parler de cornichons on apprend à raisonner.

    • Oui sauf que je qualifierai plutôt le PIR et BLM de mouvances d’extrême droite suprémacistes et confusionnistes (confusionnisme : l’extrême droite qui se dissimule sous la gauche) et idem pour le parti démocrate, la FI, Le Monde…Les théories raciales et racistes de ces mouvements reprennent exactement la rhétorique nazie (« race » privilégiée, essentialisme racial etc) : c’est du pur Mein Kampf ! Enseigné dans les universités anglosaxonnes et françaises et véhiculé par Le New York times, le Washington post, le groupe Le Monde…Comparez les textes des nazis de jadis et ceux des indigénistes ou afro suprémacistes et vous verrez que c’est exactement la même chose. Il y est même question de « pureté de la race » et d’appels aux génocides…rien de moins. Quant aux rapports entre nazisme hitlerien classique et « cause palestinienne » ou arabe ils sont bien connus. On la retrouve d’ailleurs chez Soral (dont je ne parle presque jamais parce que son influence en dehors des réseaux sociaux est inexistante) et Dieudonné.
      Le GUD est encore lié à certains membres du RN mais les fascistes du RN sont cachés comme une maladie honteuse alors qu’à la NUPES ils sont en tête de liste : la différence est de taille.

      • @ Jérôme Onyx
        Mais nous sommes absolument d’accord – le fascisme (ou le nazisme, si vous préférez) est à l’extrême-gauche ! Absolument. On est raciste à la seconde où on se met à parler de « white male » (et on en parle, tout le monde en parle, c’est vraiment Rhinocéros). Mon point de contention avec vous c’est que Taguieff ne dit pas autre chose. Et montre que la « question juive » est de manière affolante le point où tout se retourne et se brouillent les distinctions droite-gauche. Très cordialement, (je pense que nous sommes d’accord ! Et avec Taguieff également)
        Yohann

  4. Quel interminable bavardage que celui de Taguieff…
    Mettons y un peu d’ordre ; brièvement.

    Le mot « antisémitisme », d’origine allemande du 19eme siècle et désignant la haine des Juifs, ne peut être appliqué aux arabes étant, eux-mêmes, sémites.
    Taguieff a donc raison de parler de « judéophobie » ou d’antijudaïsme s’agissant d’arabo-musulmans.

    MAIS il omet soigneusement de parler de l’éléphant dans la pièce : l’avènement de l’Etat d’Israël et surtout les étapes préliminaires à cet avènement, dès le début du 20eme siècle.

    Que l’on se le dise : l’animosité arabo-musulmane à l’égard des Juifs était, jusqu’à cette période, quasiment négligeable en comparaison avec celle, féroce, des chrétiens.
    Cette dernière étant alimentée depuis deux millénaires ou presque par, entre autres, l’accusation de déicide, à laquelle il n’existe AUCUN équivalent en Islam.

    La Shoah, exemple au hasard, fut-elle du fait des musulmans ? Ni elle ni rien d’approchant.

    Le changement d’attitude date des premières décennies du 20eme siècle, avec la consolidation de l’implantation juive en « Palestine », suite au démantèlement de l’empire Ottoman dès 1917.
    C’est là où les Arabes de Palestine commencèrent à se rendre compte que l’acquisition, certes pacifique mais massive, de terres par les Juifs venus, majoritairement, d’Europe, les rendait minoritaires et affaiblis dans le pays qu’ils considéraient comme le leur.
    D’où les évènements sanglants des années 1920-1930.

    Le tout aggravé par l’aspect religieux. Puisque l’Islam interdit formellement qu’une parcelle quelconque du « Dar el Islam », la « terre d’Islam » (dont le Proche-Orient), soit gouvernée par une entité non-musulmane.

    L’attitude arabe à l’égard de la chose est donc effectivement « antisioniste » ; à la base il s’agit pour eux de s’opposer au sionisme et non aux Juifs.

    C’est le soutien généralisé des Juifs partout à Israël ; et donc leur assimilation à l’aspiration sioniste, qui transforma l’attitude arabe en « judéophobie ».

    Taguieff cherche à noyer le poisson ; en aucun cas il ne trace la « judéophobie » arabo-musulmane au soutien des Juifs à la genèse d’Israël.

    • @Soxe
      Alors là c’est du grand n’importe quoi. L’idée qu’il existe des « peuples sémites » est la base même de l’antisémitisme. L’origine s’en trouve dans la linguistique historique, et elle provient, à travers l’élaboration moderne de la brumeuse notion de race biologique au 19ème, du classement des langues par familles, en particulier la famille des « langues sémitiques » comme l’hébreu, l’araméen, et l’arabe…. Dire qu’un arabe ne peut être antisémite parce qu’il est sémite, c’est : 1) un sophisme reposant sur une construction historique fausse qui a assimilé « peuples », « races » et « langues » ; 2) et surtout une manière de valider l’antisémitisme, en reconnaissant de manière implicite l’existence de « races sémites ».

      Là où vous avez raison, c’est quand vous dîtes que l’on ne peut parler d’antisémitisme religieux (pour la raison que je viens d’expliquer), mais plutôt en effet, d’antijudaïsme, qu’il soit chrétien (catholique, luthérien) ou musulman d’ailleurs, et c’est ce que fait Taguieff.
      Mais là où vous avez encore tort, en faisant tout commencer avec le sionisme moderne, c’est que vous négligez l’antijudaïsme féroce contenu dans le Coran lui-même, considéré d’ailleurs, contrairement à la Bible, comme dicté directement par Dieu, et non écrit pas des hommes — donc d’une autorité absolue. Le Coran demande au croyant de ne pas choisir ses amis chez les Juifs et les Chrétiens. Considère que les Juifs ont falsifié l’Écriture sainte (là où le christianisme maintient toujours le lien entre Ancien et Nouveau Testament, même si ce lien peut en effet être problématique, la Nouvelle Alliance s’envisageant souvent comme l’accomplissement et le dépassement de l’Ancienne Alliance). Enfin, étudiez le statut codifié par la dhimma des minorités non-musulmanes dans les territoires musulmans conquis dès le 7ème siècle lors des grandes conquêtes arabo-musulmanes : les Juifs en pays musulman, Afrique du Nord, Empire Ottoman…etc ils sont des « dhimmis », sujets non-musulmans « protégés » mais « inférieurs », et devant payer des impôts et parfois un signe distinctif.
      Il faut se documenter, Monsieur. Lisez le grand Driss Chraïbi par exemple, écrivain marocain qui a eu le courage d’affronter la haine du Juif enseignée dans l’Islam. L’antijudaïsme musulman n’a pas attendu Herzl et Israël.
      Cordialement, et bravo à Taguieff,
      Yohann

  5. Mr Soxe est l exemple parfait du travail de la « confiture  » bien connu des ignares qui peuplent les redactions françaises !
    Le petit atome de culture est etalé au dela du raisonnable sur une malheureuse tranche de pain 🥵

    Comme disait notre cousin Confucius  » quand le troupeau de bourricots devale la pente , le sage se planque pour ne pas y etre assimilé 😃

  6. @Yohann Saada et les autres.

    Moi, je parle de faits historiques. Sauf à être ignare total force est d’admettre que la cohabitation historique entre Juifs et Musulmans en terre d’Islam, sans être idyllique dans l’absolu, fut INFINIMENT plus pacifique qu’entre Juifs et Chrétiens en terre chrétienne.

    J’ai déjà rappelé l’histoire sanguinolente entre Juifs et Chrétiens, de l’accusation de déicide à la Shoah et j’abrège ; j’ai déjà rappelé qu’il n’y a RIEN de rapprochant entre Juifs et Musulmans.

    Vous, vous me citez des phrases antijuives sélectionnées dans le Coran. Certes.
    MAIS la bible hébraïque, certes sans mentionner l’Islam car elle le précédait, n’appelle-t-elle pas, en mille lieux différents, à la haine des « goys », des non-juifs ?

    Exemple au hasard parmi tant d’autres : le prophète biblique Jérémy n’appelle-t-il pas Dieu des Juifs, chapitre 10 verset 25, à « verser sa colère sur les peuples (« goys » dans le texte) qui ne le connaissent pas et sur les familles qui ne citent pas son nom » ? Et en version d’origine :
    שְׁפֹ֣ךְ חֲמָתְךָ֗ עַל־הַגּוֹיִם֙ אֲשֶׁ֣ר לֹֽא־יְדָע֔וּךָ וְעַל֙ מִשְׁפָּח֔וֹת אֲשֶׁ֥ר בְּשִׁמְךָ֖ לֹ֣א קָרָ֑אוּ
    Ignorez-vous que ce passage est traditionnellement récité dans la Haggadah du Seder de Pessah ?

    Concernant les chrétiens, et notamment les catholiques, ignorez-vous que leur liturgie était truffée d’antisémitisme primaire jusqu’au concile Vatican 2 il y soixante ans ?

    Une propagande récente mais omniprésente cherche à présenter l’Islam et les musulmans comme ennemis héréditaires de Juifs, histoire de nous embrigader dans une croisade anti-islam.
    C’est non seulement trompeur, mais c’est contraire à nos intérêts. MEFIANCE.

    • @Soxe L’islam englobe Juifs et Chrétiens dans le même rejet voire la même haine. C’est la raison pour laquelle les fascistes du Hamas traitent à peu près de la même façon Chrétiens palestiniens et Israéliens.

      • Aucune réaction à ça, Judith, puisque vous êtes hors sujet.
        Je rappellerai simplement que les croisades étaient une guerre chrétienne contre l’Islam et que les croisés se « faisaient la main » souvent sur les communautés juives sur leur chemin.
        Je répète: la coexistence entre juifs et chrétiens était TOUJOURS plus difficile et plus sanglante qu’entre juifs et musulmans.

        • @Soxe Il me semble que c’est vous qui depuis le début êtes complètement hors sujet. Vos commentaires concernent grosse modo le moyen-âge et la Renaissance. Quel est le rapport avec l’excellent article de PA Taguieff qui est centré sur l’époque contemporaine ????

          • Mes commentaires, dites-vous, concernent « grosse modo le moyen-âge et la Renaissance. »
            En quelle période placeriez-vous la Shoah qui est un élément primordial?
            « Taguieff….est centré sur l’époque contemporaine », dites-vous.
            A-t-il précisé en tenir aucun compte de l’Histoire précédente?
            Et de quel droit se limiterait-il à « l’époque contemporaine »? Cet érudit, manque-t-il de connaissances sur les époques précédentes?
            La Shoah n’est-elle pas contemporaine?
            Comment expliquer son absence du bavardage de Taguieff? Comment expliquer l’absence de l’analyse des évolutions des opinions publics arabo-musulmanes pendant les années 1920-1930?
            Taguieff ment par omission. Il a pour finalité de présenter l’hostilité arabo-musulmane à l’égard des Juifs comme étrangère à l’avènement d’Israël; alors qu’elle est étroitement liée.

        • @Soxe Qu’essayez vous de prouver ? Que l’islam est une religion d’amour et de paix ? Que le christianisme des années 2000 est le même que celui de l’époque des croisades ? Qu’il n’existe aucun lien entre judeophobie et christianophobie ? Puisque vous semblez apprécier les références historiques souhaitez vous un petit cours sur l’histoire du peuple armenien et la situation actuelle des Chrétiens d’Orient.?…Et le nom de Mohammed Ammin al husseini vous dit-il quelque chose ?…

          • @ Judith.

            « … l’islam est une religion d’amour et de paix », c’est de vous, pas de moi. Et hors sujet comme d’hab. Où ai-je dis ça ?
            Moi, je ne considère pas que « … l’islam est une religion d’amour et de paix ».
            Ni le judaïsme. Ni le christianisme (malgré ses prétentions).
            Je connais moins les religions d’Orient, mais je les soupçonne d’être pareilles. A en juger, par exemple, par l’agressivité qui semble s’aggraver des Hindi d’Indes à l’égard de leur minorité musulmane.

            « … le christianisme des années 2000 est le même que celui de l’époque des croisades ». Affaibli, aujourd’hui il ne porte plus le même nom. Aujourd’hui il s’appelle « démocratie ».

            C’est l’étendard (sanglant) utilisé par les USA, avec des résultats catastrophiques, au Vietnam pendant quinze ans, en Irak (deux fois et encore aujourd’hui), en Afghanistan et j’en passe ; beaucoup.
            C’est l’étendard utilisé par la France de Sarkozy en Libye en 2011 pour commettre une imbécilité géostratégique et un crime de guerre (il suffit de voir l’état de la Lybie actuelle et de tout le Sahel pour s’en rendre compte).

            Au risque de me répéter : des caisses de résonance propagandistes (dont, hélas, TJ) cherchent à nous dresser, tels des caniches de guerre, contre l’Islam ; histoire de faire le sale boulot pour ceux qui ne sont PAS nos amis.
            AVERTISSEMENT.

  7. Il faut admettre que la cohabitation avec l islam fut plus « simple «  pour les juifs.
    Ne serait ce que du strict point de vue culturel et linguistique
    En effet le fait de partager la langue arabe permettait aux juifs une meilleure connexion avec leur environnement.
    A l inverse en Europe de l est , les juifs parlaient et vivaient dans une culture yiddish.

    • La cohabitation des juifs avec les musulmans était effectivement toujours plus « simple ».
      MAIS votre explication par la langue ne tient pas. Vous semblez ignorer des faits.
      Les juifs d’Europe maitrisaient en général la langue du pays, souvent mieux que les autochtones.
      Ils savaient lire et écrire ; ce qui n’était pas le cas de nombreux autochtones.
      Ils ne parlaient yiddish qu’entre eux.
      Cela dit, peu importe le pourquoi. Nous sommes d’accord sur l’essentiel: le christianisme était antisémite par essence ; pas forcément l’Islam.

    • « Les populations ashkénazes étaient de culture yiddish, aucun polonais ne parle yiddish », dites-vous. On pourrait acquiescer à ça.

      MAIS les « populations ashkénazes » parlaient AUSSI polonais et les autres langues de leur pays « d’accueil »… Au moins aussi bien que les autochtones.
      A l’instar de vous-même qui parlez Français et l’écrivez sans fautes.
      Maimonide maitrisait certes l’Arabe MAIS aussi l’Hébreu. Rachi était francophone accompli.
      Philippe Roth, Juif américain, n’est-il pas immense écrivain en Anglais ?
      Et Julian Tuwim, poète polonais d’origine juive ?
      Exemples parmi d’autres, car c’était toujours comme ça.

      « En Afrique du Nord, nous partagions la même langue », dites-vous. EXACTEMENT comme les ashkénazes… Car, il existait toujours l’enseignement de la Thora, en Hébreu donc ; et très longtemps « à la maison » un judéo-arabe et un « judéo-espagnol » (Ladino) truffé d’Hébreu.

      C’est quoi, un « sépharade » ? Sinon un ashkénaze qui ne parle pas le Yiddish ?

      MAIS encore et toujours, vous ne faites que confirmer ma thèse d’une cohabitation judéo-musulmane plus pacifique qu’avec les Chrétiens.
      Vous lui attribuez des causes linguistiques discutables, mais c’est secondaire.

      D’ailleurs le lien de cause à effet pourrait être inversé : c’est A CAUSE de l’attitude plutôt pacifique des Musulmans à l’égard des Juifs que ces derniers étaient réceptifs à la langue locale…
      Autrement dit, la langue n’est pas la cause mais la conséquence.

  8. Les logorrhées de Soxe sont malheureusement symptomatiques d’un état d’esprit encore très répandu : une façon de présenter les faits largement biaisée, la refus évident de répondre aux questions ou d’évoquer les sujets qui fâchent (la christianophobie et la tragédie du peuple arménien, par exemple) et le déni de réalité complet. Parler d’un passé révolu et d’une manière très partielle a toujours pour but de nier la réalité contemporaine : les commémorations officielles servent d’ailleurs principalement à cela. MÉFIANCE. AVERTISSEMENT.

  9. La difference de traitement des populations juives selon les cultures ambiantes , musulmane , chretienne , ou autre est un immense debat qui , apres etude un peu serieuse , impose des visions tres nuançés .
    Effectivement la volonté simplificatrice , voire caricaturale , n apporte aucune réponse satisfaisante .
    Les communautés juives , selon les epoques et les lieux rencontrerent des attitudes tres differentes , et le travail de recherche que certains ont accompli serieusement sur ces sujets apportent des informations souvent surprenantes , il faut donc se documenter .
    Pour l afrique du nord , je conseille  » l exil au maghreb  » un formidable livre temoignage ecrit par 2 grands historiens anglais , ou aussi l oeuvre de G Bensoussan .

    • @ T.Amouyal
      Merci de ramener ici un peu d’esprit de nuance et de sens historique.

      Il faut en effet distinguer les époques, les régions. Il y a eu en effet des espaces de cohabitation entre les communautés dans les territoires conquis par les musulmans, quoiqu’on ait tendance à beaucoup exagérer l’idylle de la convivencia andalouse…. Et on ne peut nier l’importance des interactions culturelles qui ont tissé le monde judéo-arabe. Encore faut-il replacer ces épisodes dans leur contexte historique.

      Par ailleurs Soxe parle (à juste titre) du concile Vatican II, qui a constitué un aggiornamento de l’Église catholique, notamment à l’égard de l’accusation de peuple « déïcide ». L’Église peut se permettre cet aggiornamento parce que la Bible est écrite par des hommes, et qu’elle peut donc être relativisée, d’où en effet une réforme intérieure du christianisme qui s’est faite sur la très longue durée. C’est une autre affaire de relativiser le Coran, censé être dicté par Dieu, et qui est donc d’une autorité absolue – non relativisable. Les deux textes n’ont pas du tout le même statut herméneutique. On se demanderait qui, en plus, serait à même d’impulser un aggiornamento de l’islam, vu qu’il n’y existe aucune autorité institutionnelle centralisée, comme dans le catholicisme.
      Bien cordialement,
      Yohann S.

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