Danielle Khayat. Gardons-nous de rejoindre le wokisme sous le prétexte de la lutte contre l’antisémitisme

Le wokisme, ce recul déguisé en progrès: DeJuana Thompson, de l’organisation Woke Vote, lève le poing à l’intérieur du Lincoln Memorial alors que des manifestants pour la «justice raciale» se rassemblent à Washington, le 28 août 2020. Photo: Jonathan Ernst-Pool pour l’AFP.

Hier soir, à 20 h 43 très précisément,  j’envoyais par WhatsApp le message suivant à mon amie Sarah Cattan :

« J’ai renoncé à écrire un commentaire sous l’article de Daniel Sarfati relatant sa lecture d’un Simenon.

Pas envie de provoquer un tsunami.

Nous écoutons Chopin, dont les meilleurs interprètes sont souvent des Juifs. Sa correspondance est pourtant un florilège de propos antisémites. 

Balzac fréquentait le salon de la Baronne Betty de Rothschild tout en étant antisémite. 

Et le jeune journaliste « Sim », plus connu sous son identité retrouvée ensuite de Georges Simenon, écrivait des brûlots antisémites en 1926. Mais plus rien de tel par la suite.

Si on s’en tient à ce critère d’antisémitisme – très courant jusqu’à la banalité avant la Shoah -, il ne resterait plus beaucoup de livres dans nos bibliothèques, ni de concerts à écouter. 

Je n’apprécie pas cette forme de cancel culture, pas plus que les autres.

Comme pour l’Histoire de France, il faut admettre les périodes noires. Pas les encenser. Juste considérer qu’elles ont existé et font partie de l’héritage.

Donc, je lis Simenon, j’aime la musique de Chopin comme les réparties d’Audiard. 

Aucun livre de Céline toutefois parmi les centaines (milliers ?) de mes livres. Comme Brasillach, il est à part. Excommunié. Mais je ne vois pas de contradiction. »


Je découvre ce matin que la polémique a, entre-temps, enflé.

Alors, je publie ces réflexions qui n’engagent que moi. Je pourrais ajouter tant de noms à ceux déjà énoncés : Voltaire, Zola, Vigny, les Frères Goncourt, Hemingway …

Toutefois, je reste convaincue, profondément, que prétendre traquer avec le regard d’aujourd’hui les errements du passé est dangereux et mortifère. Le wokisme pénètre insidieusement les esprits, tout comme le fit l’antisémitisme avant la Shoah. Il représente une forme renouvelée d’inquisition, avec ses exclusions et ses auto-da-fé.

Gardons-nous de le rejoindre sous le prétexte de la lutte contre l’antisémitisme. Et souvenons-nous de la mise en garde de Joseph Roth : « l’idéologie représente le degré mortel de la stupidité « .

© Danielle Khayat

Magistrat en retraite

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