1 novembre 2022. Élections législatives en Israël

Photo TOI 1er Novembre 2022

Taux de participation de 28,4% à 12h, le plus élevé depuis 1999

Initialement prévues pour le 31 octobre 2025 au plus tard, ces élections sont organisées de manière anticipée pour la cinquième fois consécutive en moins de quatre ans suite à l’émiettement de la coalition au pouvoir. 

Pour rappel, les élections législatives de mars 2021 avaient déjà été organisées de manière anticipée pour la quatrième fois consécutive en moins de deux ans à la suite de l’échec de la Knesset à adopter un budget pour l’année 2020. Les tensions au sein du gouvernement avaient alors mis fin à l’accord conclu entre le Likoud du Premier ministre Benyamin Netanyahou et le Parti Bleu Blanc de Benny Gantz, qui prévoyait que ce dernier devienne Premier ministre en 2022.

S’il demeurait la première force à la Knesset avec un quart des sièges, le Likoud subissait un recul. Le 5 mai 2021, le président Reuven Rivlin confiait le mandat de former une coalition à Yaïr Lapid, dont le parti Yesh Atid était arrivé deuxième. 

Lapid avait fini par recevoir le soutien du Yamina de Naftali Bennett, puis d’Israel Beytenou d’Avigdor Liebermann, du Parti travailliste de Merav Michaeli, du Meretz de Nitzan Horowitz ainsi que de Bleu-Blanc de Benny Gantz. 

Pour obtenir la majorité des députés, le gouvernement devait encore avoir le soutien de députés arabes israéliens réunis au sein de la Liste unifiée. Il finit par obtenir leur soutien et annonça le 2 juin peu avant minuit avoir réussi à former une coalition.

L’accord conclu entre les nombreux partis prévoyait que Bennett serait Premier ministre au cours des deux premières années — jusqu’en août 2023 — avant de passer la main à Lapid, qui devait entre temps être Premier ministre alternatif et ministre des Affaires étrangères. L’accord devait ensuite permettre à Lapid de rester en poste jusqu’au terme de la législature en novembre 2025. 

Le gouvernement Lapid-Bennett avait été approuvé par un vote de confiance de la Knesset le 13 juin : 60 députés votèrent pour la nouvelle coalition et 59 contre, le dernier s’abstenant. Le Likoud tenta entre temps en vain d’invalider la formation du gouvernement, arguant qu’il appartenait au formateur désigné par le président de diriger le gouvernement, soit Lapid et non Bennett. Cette objection fut rejetée par la présidence. 

Dissolution de la Knesset

Le gouvernement ne dispose donc dès son origine que d’une fragile majorité d’une voix sur l’opposition. En avril 2022, la défection d’un député de Yamina la lui fit perdre, plaçant les deux blocs à égalité au parlement. Le gouvernement finit par devenir minoritaire courant 2022 : une première fois du 19 au 22 mai, à la suite de la démission de la députée du Meretz Jida Rinawie Zoabi avant que celle-ci ne revienne sur sa décision, puis à nouveau le 13 juin, lorsque le député de Yamina, Nir Orbach, démissionna à son tour.

Le Likoud annonça rapidement son intention de déposer une motion de dissolution de la Knesset le 22 juin. Deux jours avant cette dernière, après avoir survécu à deux motions de censure de l’opposition mais avoir échoué à proroger la loi sur les colonies, Bennett et Lapid convinrent de dissoudre la Knesset et d’organiser des législatives anticipées en octobre 2022.

La motion de dissolution de la Knesset, adoptée en lecture préliminaire et en première lecture, acta la dissolution le 30 juin. 

Comme le prévoyait l’accord de coalition, l’intérim fut assuré par Yaïr Lapid, qui devint Premier ministre le 1er juillet 2022 jusqu’à la formation du nouveau Cabinet par la prochaine législature. Bennett annonça quant à lui son retrait de la vie politique, et céda la direction de Yamina à Ayelet Shaked le 29 juin.

Mode de scrutin

Israël est doté d’un parlement unicaméral, la Knesset, dont les 120 sièges sont pourvus tous les quatre ans, au plus tard le troisième mardi du mois hébraïque de heshvan, au scrutin proportionnel plurinominal avec listes bloquées et seuil électoral de 3,25 % dans une seule circonscription nationale. Après décompte des voix, les sièges sont répartis à la proportionnelle aux candidats de tous les partis ayant franchi ce seuil, une première fois sur la base du quotient simple, puis pour les sièges restants selon la méthode de la plus forte moyenne, connue en Israël sous le nom de Méthode de Bader–Ofer.

La loi électorale prévoit cependant la possibilité pour deux partis de signer un accord d’apparentement avant les élections, ce qui leur permet alors d’augmenter leur chance de se voir attribuer un siège lors du calcul de la répartition des sièges restants.


Forces en présence

Ci-dessous les principaux Partis ou Coalitions en lice pour le scrutin, certains partis mineurs des coalitions pouvant ne pas y être représentés.

Likoud.            Centre droit à droite. National-libéralisme. Conservatisme. Benyamin Netanyahou.  24, 19% des voix au dernier scrutin, soit 30 députés

Yesh Atid        Centre Sionisme. Libéralisme. Libéralisme économique. Sécularisme. Yaïr Lapid  Anti-Netanyahou       13,93 % des voix au dernier scrutin, 17 députés

Parti de l’unité nationale      Bleu et blanc : Centre Sionisme. Libéralisme. National-libéralisme. Libéralisme économique. Benny Gantz.      Anti-Netanyahou    6,61 % des voix au dernier scrutin, 8 députés

Nouvel Espoir  Centre droit à droite. National-libéralisme  4,74 % des voix au dernier scrutin, 6 députés

Shas. Défense des ultraorthodoxes séfarades et mizrahim. Populisme. Aryé Dery. Pro-Netanyahu.       7,17 % des voix au dernier scrutin, 9 députés

Le Foyer juif  Droite radicale. Sionisme religieux. National-conservatisme. Conservatisme social. Défense des colons et des orthodoxes.      

Esprit sioniste. Énième Parti d’Ayelet Shaked, qui vient d’affirmer qu’elle était retournée pleinement dans le camp de la droite, là où était son cœur. Une droite pragmatique et responsable alliée au sionisme religieux

Yamina. Droite. Nationalisme. Néo sionisme. Libéralisme économique. Fondé en 2019 par … Bennett, Shaked, Smotrich, Peretz. 6,21 % des voix. 7 députés

Parti travailliste. Havoda. Fondé en 1930 par Mapai. Centre gauche. Socialisme. Sionisme travailliste. Pro-solution à deux États. Merav Michaeli. Anti-Netanyahou.      6,09 % des voix. 7 députés

Judaïsme unifié de la Torah. Droite. Défense des ultraorthodoxes ashkénazes. Yitzhak Goldknopf. Pro-Netanyahou.  5,64 % des voix. 7 députés

Israel Beytenou. Centre droit. Laïc et nationaliste. National-conservatisme. Sionisme révisionniste. Libéralisme économique. Sécularisme. Avigdor Liberman. Anti-Netanyahou. 5,63 % des voix. 7 députés

Parti sioniste religieux ou Otzma Yehudit   Parti sioniste religieux : Extrême droite. Ultranationalisme. Sionisme religieux. Conservatisme religieux. Conservatisme social. Pro-solution à un État et État halakhique. Pro-Grand Israël. Bezalel Smotrich. Pro-Netanyahou. 5,11 % des voix. 6 députés

Meretz. Gauche. Social-démocratie. Sionisme travailliste. Sécularisme. Écologie politique. Zehava Gal-On. Anti-Netanyahou. 4,59 % des voix. 6 députés

Hadash-Ta’al Nationalisme arabe. Défense des Arabes israéliens. Antisionisme. Ayman Odeh. Anti-Netanyahou. En coalition. 5 députés

Hadash. Extrême gauche. Marxisme-léninisme. Pro-solution à deux États. Non-sionisme. 

Liste arabe unie. Défense des arabes israéliens. Islamisme. Mansour Abbas. Anti-Netanyahou. 3,79 % des voix. 4 députés

Balad. Gauche. Nationalisme arabe. Sécularisme. Panarabisme. Antisionisme. Sami Abu Shehadeh. Anti-Netanyahou.           En coalition. 1 député

A noter : Les partis arabes traversent une crise interne et se présentent en ordre dispersé, en trois blocs, d’où le risque que certains d’entre eux ne franchissent pas le seuil d’éligibilité. 

Sondages en vue des élections législatives israéliennes de 2022 

Intentions de votes

Les derniers sondages placent le Likoud de Netanyahou en pole position avec un peu plus d’une trentaine de sièges sur les 120 de la Knesset, devant la formation Yesh Atid (Il y a un futur) de Yaïr Lapid qui progresse au point d’être créditée de 24 à 27 sièges. Suivent derrière une dizaine de partis dont les résultats seront cruciaux pour la formation possible d’un gouvernement, notamment pour Netanyahou qui dit chercher à réunir 61 sièges, seuil de la majorité, avec l’appui des formations ultra-orthodoxes et de l’extrême droite.

Pour rappel : l’alliance d’extrême droite de Bezalel Smotrich et d’Itamar Ben Gvir, qui avait récolté six sièges lors des élections de 2021, est créditée aujourd’hui d’environ 14 députés selon les sondages, qui place désormais Sionisme religieux en troisième place de l’échiquier politique.

Si en réunissant ces voix, Benjamin Netanyahou flirte avec le seuil de la majorité, les sondages à ce jour disent qu’il ne l’atteindra pas.

Quant à Lapid, il sait lui aussi qu’il devra ratisser encore plus large s’il veut rester au pouvoir : S’il dit être le seul à pouvoir réunir le vote anti-Netanyahou, il doit s’assurer que ses partenaires éventuels atteignent le seuil d’éligibilité, note Gayil Talshir, professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. En effet, dans le système proportionnel en vigueur en Israël, les partis doivent obtenir un minimum de 3,25 % des suffrages pour faire élire des députés (soit un minimum de quatre). Or plusieurs partis oscillent autour de ce seuil et leur capacité à l’atteindre est intimement liée au taux de participation à ce nouveau cycle électoral.

Radicalisation de l’électorat

Les enquêtes d’opinion relèvent une radicalisation de l’électorat. Ainsi, le pourcentage d’Israéliens juifs qui pensent que les Juifs devraient bénéficier de davantage de droits que les non-Juifs est passé de 25 % en 2015 à 42 % en 2021.

Questions économiques

Les questions économiques prennent plus de place dans le débat publique par rapport aux précédentes élections. Alors que 27,6 % de la population israélienne vivait dans la pauvreté en 2021, la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt, qui viennent accentuer un coût de la vie parmi les plus élevés du monde, conduisent 44 % des Israéliens interrogés à déclarer que les questions économiques influenceront leur vote en 2022. 

C’est un niveau historique dans un pays où le débat politique est traditionnellement focalisé sur les questions sécuritaires.

Revirements d’alliance

La campagne est marquée par l’implosion de la Liste arabe unifiée, qui répartit les voix arabes sur plusieurs listes séparées, sans apparentements et donc davantage soumises au risque de ne pas atteindre le seuil électoral.

Le parti ultra-nationaliste Otzma Yehudit décide initialement de concourir seul à la suite de désaccords avec le Parti sioniste religieux. Porté par la popularité d’Itamar Ben-Gvir, il est donné à 10 % d’intentions de vote. Le 26 août, les deux partis s’entendent sur une ré-unification. Otzma Yehudit s’allie également au Likoud de Benyamin Netanyahou. L’accord entre les deux formations comprend notamment l’entrée d’Itamar Ben-Gvir au sein d’un futur gouvernement et une révision des règles de tir à balles réelles pour la police et l’armée afin de les encourager à en faire usage lors de heurts avec des manifestants arabes israéliens.

Affrontements à Naplouse

Affrontements à Naplouse

Dans les mois qui précèdent le scrutin, la faction palestinienne « Fosse aux Lions », formée par d’anciens membres de groupes terroristes palestiniens et originaire de Naplouse et se présentant comme une nouvelle Résistance, a attaqué des cibles israéliennes toutes les nuits aux alentours de la ville, attaquant de front des soldats de Tsahal et revendiquant le meurtre du sergent Ido Baruch le 11 octobre lors d’une manifestation contre les récentes fusillades à Naplouse. La Fosse aux Lions bénéficie du soutien des jeunes Palestiniens.

Cette escalade a entrainé la fermeture de la ville de Naplouse par les autorités israéliennes et de vastes opérations anti-terroristes qui ont montré leur efficacité mais ont fragilisé l’image du Gouvernement actuel accusé d’inaction dans le combat contre le terrorisme.


Élections sous menace de cyberattaques et de manipulations étrangères

Enfin, Israël se prépare à des cyberattaques et des campagnes d’influence menées par des Etats ennemis, notamment l’Iran, et visant à perturber le scrutin. L’Autorité nationale de la cybersécurité s’est préparée à contrecarrer des attaques directes visant à mettre hors service les serveurs du comité électoral central et les infrastructures nationales.


Une autre menace suscite l’inquiétude : Celle d’intervention étrangère via des campagnes d’influence. Pour Yitzhak Amit, Président du comité central des élections, il y a des aspects techniques comme l’attaque de sites web et il y a des questions de contenu, comme les fake news ou la délégitimation des résultats , l’objectif étant de nuire à la démocratie, de provoquer des schismes, des suspicions, le principal danger étant d’essayer d’influencer la société israélienne en diffusant des mensonges à contenu politique. 

Nous voyons parfois apparaître de faux comptes iraniens, suivis par des centaines de personnes, qui diffusent des messages de division et d’incitation à la violence, ou des mensonges pour nuire à l’image d’une personnalité politique, affirme Ofir Barel, chercheur en cybersécurité à l’université de Tel Aviv.

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2 Comments

  1. Netanyahu « Bibi » est un grand politicien des 40 dernière années, qui n’aurait pas signé les accords avec le Liban sous pression de Biden, Macron et Michel Aoun. que font perdre à Israël de l’espace maritime, plus le grand gisement gazier de Qnna. Netanyahu a promis que s’il est élu va neutraliser cet accord signé en perdant par Lapid. Que les israéliens assument leur choix.

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