L’accusation de récupération est elle-même une forme de récupération. Doublement hypocrite par rapport aux récupérations simples, car se parant du manteau de la vertu indignée. Surtout lorsqu’elle a été précédée de mises en scènes aussi indécentes qu’artificielles (Adama Traoré, George Floyd).
L’accusation de récupération est également ridicule, lorsque ses auteurs se sont attachés à la défense de causes authentiques, sans voir leur rapprochement avec le destin de Lola. Aylan comme Lola sont tous deux les victimes des politiques totalement incontrôlées d’immigration.
La décence ne consiste pas à hurler mais encore moins à faire taire pour les besoins cyniques de son agenda politique. La décence consiste à honorer de sa douleur, mais à l’accompagner de l’intelligence de la situation pour qu’elle ne se reproduise plus jamais.
Il y a corrélation entre immigration et criminalité. Les listes de criminels de toutes origines à des fins de relativisation sont des arguments de cafés du commerce. Il faut avoir le courage de se confronter aux chiffres, non pas d’une dizaine de noms divers de son expérience personnelle, mais de centaines, de milliers de cas représentatifs. Et éviter de tomber dans des pièges élémentaires. Ce n’est pas le chiffre de la criminalité en valeur absolue qu’il faut examiner. C’est le pourcentage de contribution à la criminalité d’une population qui est à comparer avec le pourcentage que cette population représente par rapport à la population totale. Lorsque le premier pourcentage est 3 à 4 fois plus élevé que le second pourcentage, l’on peut tourner comme l’on veut tous les contre-arguments, la conclusion sera là, inéluctable. Les “progressistes” ont pour cette raison horreur des chiffres et des faits.
L’essentialisation consiste à dire, à la vue du ratio des deux pourcentages précédents, que c’est “parce qu’ils ont cela dans le sang”, ou parce qu’ils ont telle ou telle couleur de peau. L’immense majorité de ceux qui ouvrent les yeux ne tombe pas dans un piège aussi imbécile. Dire que le principal facteur est la culture arabo-musulmane des dernières décennies, faite de victimisation, de loi du plus violent, d’intolérance à toute critique, d’antisémitisme et d’aigreur à l’encontre de l’occident n’est nullement de l’essentialisation mais en est l’exact inverse. La preuve en est que ceux qui en parlent le mieux et qui le dénoncent sont issus de la culture arabo-musulmane (Boualem Sansal, Kamel Daoud, Fatiha Boudjahlat…). Ils ont horreur de la complaisance – condescendance des progressistes, mépris déguisé en humanisme qui assigne des populations entières à une condition d’immigrés à vie.
Les chiffres qui ne distinguent pas parmi les citoyens français, ceux de la troisième génération de l’immigration arabo-musulmane, dont 65% estime que la charia prime sur les lois françaises, sont une grossière façon de noyer le poisson. Ils n’amoindrissent pas l’argument, au contraire ils en doublent la force : ce n’est effectivement pas l’immigration incontrôlée le seul problème, mais l’immigration incontrôlée doublée de la non assimilation de ces citoyens français. La citoyenneté bradée pour satisfaire toutes les démagogies ne fait que confirmer la cause première des atrocités que les français vivent chaque jour.
Ceux qui intentent des procès en essentialisation savent pertinemment tout ce qui précède mais entretiennent volontairement la confusion entre véritables récupérations et analyse de la situation, entre essentialisme et jugement lucide sur les civilisations. Ils en sont d’autant plus abjects – de véritables ordures morales – parce qu’ils détournent en toute connaissance de cause des milliers de morts pour servir les intérêts de leur agenda politique.
© Marc Rameaux
Marc Rameaux est économiste et professionnel des hautes technologies. Il a publié Le Tao de l’économie. Du bon usage de l’économie de marché (L’Harmattan, Février 2020)
Très bon article. D’autant que ceux qui essentialisent et tiennent des discours racistes sont précisément ceux qui militent pour les causes artificielles que vous citez. Je pense qu’on peut parler de « crimes d’Etat » lorsque les institutions (legiferantes, médiatiques ou associatives voire judiciaires) se rendent complice de cette barbarie qui du coup devient une barbarie institutionnalisée.