Fuite d’e-mails : Éric Tistounet, le chef des services du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a systématiquement ciblé UN Watch

Éric Tistounet, Chef des services du Conseil des droits de l’homme de l’ONU depuis sa création en 2006, est accusé de manipuler de façon obsessionnelle la liste des intervenants pour empêcher UN Watch de prendre la parole.

Eric Tistounet. UN Photo / Jean-Marc Ferré

NEW YORK, 26 octobre 2022 — Le haut dignitaire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Éric Tistounet, est accusé d’avoir donné l’ordre à son équipe de manipuler la liste des intervenants, ainsi que d’avoir commis d’autres actions illégales afin d’évincer et d’éliminer complètement les discours de UN Watch. C’est ce que révèlent le nouveau témoignage choquant d’une lanceuse d’alerte de l’ONU et la fuite d’un premier lot d’e-mails internes.

Dans une plainte longue de 30 pages déposée à New York au début du mois auprès du secrétaire général de l’ONU António Guterres, UN Watch accuse Éric Tistounet, chef de la branche du Conseil des droits de l’homme du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, « de harcèlement systématique, de censure, et de discrimination ».

Tistounet, a négocié la création du Conseil en 2006, supervisé sa gestion depuis lors, et est considéré comme la mémoire institutionnelle et figure centrale de l’institution.

UN Watch visée parce que critique du Conseil des droits de l’homme de l’ONU

Tistounet, qui est aujourd’hui âgé de 61 ans, est accusé d’avoir donné pour consigne à son équipe au Conseil des droits de l’homme de l’ONU de systématiquement discriminer contre UN Watch et son directeur exécutif, Hillel Neuer.

Éric Tistounet, l’homme qui se considère non seulement comme le cerveau et le fondateur du Conseil des droits de l’homme, et qui de plus, est un grand défenseur du tristement célèbre point à l’ordre du jour contre Israël, ne pardonnera jamais à UN Watch cette intervention.

Plus qu’aucun autre groupe au Conseil des droits de l’homme, UN Watch invite de façon régulière des dissidents de grande notoriété – en provenance de Chine, de Cuba, de Libye, de Russie et de nombreux autres pays – à venir s’exprimer au Conseil. Un grand nombre de ces pays ont fait pression sur les services dirigés par Éric Tistounet, comme encore récemment la Chine lorsque la militante hongkongaise Tanya Chan a pris la parole au Conseil au nom de UN Watch.

Tistounet a par ailleurs été accusé d’être l’instigateur de la politique de l’ONU consistant à transmettre à l’avance à la Chine les noms des dissidents programmés pour prendre la parole au CDH.

Tistounet était obsédé avec l’idée de tenter d’annuler les discours de UN Watch, a demandé à son équipe de manipuler les listes.

Selon un nouveau témoignage donné par la lanceuse d’alerte Emma Reilly – une ancienne spécialiste des droits de l’homme ayant travaillé pour l’ONU dans les bureaux de Tistounet où elle était en charge de superviser les prises de paroles d’ONG au Conseil – Éric Tistounet « m’a de façon répété donné l’instruction de mettre UN Watch en bas de la liste pour les dialogues interactifs et les tables rondes, de façon à ce qu’elle se retrouve placée au-delà du nombre maximal d’ONG pouvant être accommodées et qu’elle perde ainsi son opportunité de prendre la parole. »

Selon Mme. Reilly, Tistounet était déterminé à conserver son pouvoir d’exclure UN Watch des listes des intervenants.

Quand Mme. Reilly a proposé de publier la liste des interventions d’ONG en ligne, afin de ne pas imposer aux militants de se rendre constamment à l’ONU pour découvrir leur placement sur la liste et le calendrier des interventions, Tistounet a refusé.

« M. Tistounet a refusé cette suggestion, explicitement sur la base que cela l’empêcherait de manipuler les listes. Il a encore une fois uniquement mentionné UN Watch comme une ONG qu’il déplacerait vers le bas de la liste pour l’empêcher de prendre la parole. »

Parmi les autres méthodes utilisées par Tistounet pour annuler les créneaux de prises de parole de UN Watch, ainsi que révélés par Mme. Reilly, l’on trouve une directive fictive stipulant que les textes des discours doivent être soumis à l’avance, ainsi que l’ordre donné soudainement à son équipe de couper le segment d’un débat réservé aux ONG alors que c’était à UN Watch de prendre la parole.


Tistounet a transmis à l’avance les discours de UN Watch à son ami Jean Ziegler, l’expert du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qui a créé le prix Kadhafi des droits de l’homme

Dans un rapport  datant de juin 2006, UN Watch a dévoilé le rôle joué par l’expert du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, Jean Ziegler, dans la création et la gestion du prix Mouammar Kadhafi des droits de l’homme, un prix qui a été décerné au dictateur vénézuélien Hugo Chavez, à l’antisémite américain Louis Farrakhan, ainsi qu’au français condamné pour négationnisme de la Shoah Roger Garaudy, la même année où Jean Ziegler s’est vu remettre lui aussi le prix.

Tistounet, prend ses repas avec Ziegler, et a participé à une table ronde  en l’honneur de ce sympathisant de Kadhafi. Jean Ziegler a quant à lui écrit la préface d’un des romans d’Éric Tistounet.

Selon Emma Reilly, “Monsieur Tistounet a étendu son ciblage de UN Watch au profit de son ami intime, Jean Ziegler, dont les mandats à l’ONU ont été régulièrement critiqués par UN Watch. De façon unique parmi les détenteurs de mandats, Monsieur Ziegler se rendait fréquemment au bureau de liaison avec les ONG pour demander à consulter la liste des intervenants, afin de vérifier si oui ou non UN Watch prendrait la parole. »

« Il demandait aussi à l’avance des copies des discours de UN Watch, que nous avions reçu l’ordre de lui transmettre. Aucune autre ONG n’a été ciblée de cette manière, et aucun autre mandataire ne s’est vu accorder cette faveur. »

Des e-mails ayant fuités montrent que Tistounet a donné l’ordre à son équipe d’utiliser un cyber-café afin de poster anonymement en ligne des commentaires négatifs contre Hillel Neuer, le directeur de UN Watch.

Ainsi que le dévoilent un premier lot d’e-mails internes troublants, que des collègues inquiets de Tisounet à l’ONU ont fait parvenir à UN Watch, quand celui-ci a appris en novembre 2007 que Hillel Neuer avait été arrêté par erreur par la police américaine suite à une méprise sur son identité, sa réponse, envoyée en copie à 50 employés du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, fut « Vous avez illuminé ma journée. »

Tistounet a écrit à son équipe : « La question est : comment mettre cela sur youtube sans laisser de trace. Il serait bien que quelqu’un (évidemment hors de l’ONU, et comme il a été suggéré récemment depuis un cyber-café par exemple) le place discrètement à côté de ses vidéos concernant le Conseil… »

Tistounet a rêvé d’un mandat d’arrêt d’Interpol contre Hillel Neuer, et a dit à son équipe d’enfreindre les règles de l’ONU pour s’y conformer au cas où un serait émis

Tistounet a également écrit à son équipe du Conseil des droits de l’homme :

« J’ai oublié de dire : si jamais l’individu ci-dessous [Hillel Neuer] venait à être sujet à un mandat d’arrêt d’Interpol (les soi-disant ‘notices rouges’), n’hésitez pas à nous le faire savoir. J’ai le sentiment que dans ce cas précis, nous pourrions débattre de la validité de ces outils d’Interpol de façon moins dogmatique. Il se pourrait qu’avec l’unité de la société civile nous puissions oublier d’émettre notre objection habituelle à l’Unité de Sécurité quand ils l’excluront de la liste des personnes autorisées à entrer dans nos locaux… Bravo, eric »

En d’autres mots, le chef de cabinet du plus grand organe des droits humains au monde a donné l’ordre à son équipe de violer leur propre procédure onusienne pour se conformer à un éventuel – mais complètement faux et erroné – mandat d’arrêt émis contre Hillel Neuer.

Et cela afin, du moins c’était l’effet escompté, de prohiber à ce dernier l’accès aux locaux de l’ONU à Genève, ce qui aurait pour conséquence de l’empêcher de témoigner devant le Conseil des droits de l’homme en séance plénière.

Cette attitude scandaleuse de Tistounet et de son équipe est analysée en détail dans la plainte déposée par UN Watch.

Tistounet a personnellement intercepté les discours de UN Watch, rédigé des réprimandes injustifiées à destination du président du Conseil, et manipulé le temps de parole imparti à UN Watch.  

Tistounet a personnellement obtenu tous les discours de UN Watch en avance, afin de pouvoir rédiger des réprimandes injustifiées afin de donner au président du Conseil un motif pour interrompre UN Watch.

« M. Tistounet avait une directive permanente, que lorsqu’une déclaration était communiquée à l’avance par UN Watch, celle-ci devait lui être transmise directement, qu’il se trouve au perchoir [du Conseil des droits de l’homme] ou dans son bureau, et que si jamais il ne pouvait être joint immédiatement, [la déclaration] devait être placée sur son bureau. Cette directive n’existait pour aucune autre ONG, » a déclaré Mme. Reilly.

« Parfois, quand un discours de UN Watch était reçu à l’avance, M. Tistounet me demandait de rédiger des nouveaux termes pour le Président afin de lui donner l’impression que le discours enfreignait les règles. »

« Il était parfaitement au courant que les conseils qu’il donnait aux présidents successifs du Conseil, de réprimander UN Watch pour désobéissance aux règles étaient faux, et qu’aucune règle n’était en réalité enfreinte. »

De plus, quand il sentait qu’il pouvait le faire impunément, Tistounet manipulait l’horloge pour soustraire du temps de parole à UN Watch.

« Quand des appels au règlement [interruptions par les délégations d’États membres] sont faits pendant les discours, le directeur de la liaison avec les ONG et le Secrétaire sont chargés d’appuyer sur un bouton sur le podium afin de mettre en pause le temps de parole de l’ONG. M. Tistounet a donné la directive  que l’on ne devait pas appuyer sur ce bouton pendant les discours de UN Watch, et que leur temps de parole devait continuer à être décompté pendant le rappel au règlement. Cette directive ne s’appliquait qu’à UN Watch. »

« M. Tistounet a clairement exprimé à de nombreuses occasions que son but final était d’exclure M. Neuer et UN Watch en général des locaux de l’ONU. »

Après que Tistounet ait manipulé la liste des intervenants de la session de juin 2022 du CDH, UN Watch, qui s’était inscrite à 36 débats, en a reçu 0

Dans sa plainte, UN Watch a présenté la liste des intervenants aux sessions de juin 2021 et juin 2022 de l’ONU, pour prouver que M. Tistounet a falsifié les résultats générés par le système d’enregistrement informatique afin d’empêcher à UN Watch de prendre la parole.

À la 50ème session du CDH, qui s’est tenue en juin et en juillet 2022, UN Watch s’est rapidement inscrite à 36 débats avec des experts de l’ONU, format connu sous le nom de ‘dialogue interactif’,  mais en a reçu 0. D’autres ONG à Genève se sont inscrites à un nombre bien moindre de débats et ont reçu 10 créneaux pour prendre la parole.

UN Watch a demandé aux services de M. Tistounet s’ils étaient en mesure de fournir une explication rationnelle autre qu’une intention délibérée de leur part d’enfreindre les règles. Ils ont été incapables d’en donner.

De façon notable, Éric Tistounet a autorisé plusieurs organisations de façade pour le régime chinois à utiliser les créneaux  refusés à UN Watch.

De même, pendant une période d’un an allant de juillet 2019 à juillet 2020, les services de M. Tistounet ont fait disparaître 13 soumissions écrites de UN Watch. Nous avons protesté, mais en vain. Cette escalade dramatique dans la censure imposée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU n’a pas laissé d’autre choix à UN Watch que de déposer une plainte formelle.

UN Watch demande une enquête indépendante

UN Watch demande à ce que le secrétaire général ouvre une enquête indépendante, et qu’il suspende immédiatement M. Tistounet de ses fonctions pendant la durée de celle-ci.

« Nous appelons à des solutions concrètes pour assurer que UN Watch puisse exercer son droit à la parole au Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur une base d’égalité avec toutes les autres ONG, » a déclaré M. Neuer.

Il y aura une très forte opposition de la part de la bureaucratie du Conseil des droits de l’homme de l’ONU et de dictatures comme la Chine qui méprisent UN Watch.

Les amis et soutiens de UN Watch sont invités à écrire à leurs organisations et à leurs représentants élus, à partager avec eux notre plainte, et à leur demander à ce que leurs gouvernements exigent une enquête de l’ONU.

C’est seulement si les grandes démocraties comme la France, les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Canada demandent au secrétaire général Guterres de lancer une enquête indépendante, que UN Watch pourra retrouver son droit légitime à prendre la parole et à remplir sa mission.

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