JUSTE un podcast…
Avec « La Voix des Justes », France Culture diffuse un podcast bouleversant et merveilleusement réalisé sur ces Français anonymes qui, au mépris du danger, ont sauvé des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale…
Il y a des podcasts utiles et des podcasts qui le sont moins.
Il y a des podcasts informatifs et d’autres dont on peine à comprendre l’intérêt.
Il existe des podcasts bien réalisés et d’autres qui sont construits à la va-vite ou avec les moyens du bord.
La série de podcasts, signée France Culture, « La Voix des Justes » (https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-la-voix-des-justes) est à la fois utile, informative et superbement réalisée.
Elle se compose d’épisodes courts mais puissants. Elle invite à penser que l’héroïsme ne tient pas nécessairement dans le fait de porter des armes et de bien s’en servir. Elle nous enseigne aussi que les Juifs, traqués, arrêtés, violentés, séquestrés, déportés et massacrés par la Gestapo, autant que par le régime de Vichy et tant de zélés complices, ne furent pas tout à fait seuls…
Sans doute moins nombreux que les salauds de tous poils, qui s’en donnèrent à cœur joie dans ces maudites années 40, ces Justes étaient des femmes, ces Justes étaient des hommes qui, au mépris du danger, ont permis courageusement que des enfants, que d’autres femmes, que d’autres hommes, traqués parce que Juifs, puissent se cacher, s’évader, passer parfois en lieu sûr pour échapper aux rafles.
Ces Justes, dont les noms sont affichés, en parallèle de ceux des déportés, sur l’un des murs d’enceinte du Mémorial de la Shoah à Paris, ont fait d’un adjectif, au sens souvent galvaudé par nos politiques contemporains, un nom commun…
… Pas si commun que ça !
Ces Justes, dont on nous parle ici, honorés par Yad Vashem à Jérusalem, ont été l’honneur de la France à l’heure où les Laval, les Pétain, les Bousquet, les Darnand et compagnie jetaient ses valeurs au feu.
Ces Justes qui ont sauvé tant et tant d’enfants, de femmes et d’hommes des griffes de la bête immonde nazie, méritent que leurs noms soient connus et bénis, que leurs descendants, connus ou moins connus, soient remerciés et honorés.
Qui mieux que Simone Veil pouvait être sensible à cette cause ? Rien ne l’énervait autant que ceux qui prétendaient que la France avait été massivement résistante dès 1940, et à contrario que la population n’avait compté en son sein que des salauds !
Rien d’étonnant à ce que ses fils – en particulier Pierre-François – soient aujourd’hui autant engagés pour cette cause qui contribue ô combien au travail de mémoire collective, au même titre par exemple que Sophie Nahum et ses « Derniers ».
Parce que je viens d’une famille largement décimée pendant la guerre, parce que je me suis très tôt passionné pour cette période afin de la comprendre et quelque part de l’accepter, je savais déjà beaucoup… Mais j’avoue avoir appris des choses nouvelles et intéressantes en écoutant ce podcast. Des parcours singuliers. Des cœurs immenses, comme celui d’Hélène Duc qui sauva Juliette Gréco… Mais aussi celui d’inconnus et d’inconnues qui mériteraient tellement de ne plus jamais l’être !
On me dira peut-être que c’est une goutte d’eau d’intelligence et de bienveillance, dans l’océan de bêtise de ce premier quart du 21ème siècle. Peut-être. Mais chaque goutte compte. Et c’est à cette goutte d’eau, surtout si elle partagée et découverte par les jeunes, qu’on peut tenter de s’abreuvoir. S’imaginer que le pire n’est jamais sûr, que le courage peut se trouver au coin de la rue…
© Gérard Kleczewski
Gérard Kleczewski est citoyen et journaliste
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