Des adolescents croisés à Paris ont parfois oublié jusqu’au nom de l’enseignant de Conflans-Sainte-Honorine, dont de nombreux établissements vont célébrer le souvenir ce vendredi, deux ans après son assassinat le 16 octobre 2020.
À l’heure où le gouvernement incite les établissements scolaires à rendre hommage à Samuel Paty, comme ici à Éragny (Val-d’Oise) l’an dernier, les élèves ne se souviennent pas toujours ce qu’il représente. LP/Anne Collin
« Samuel Paty, c’est un joueur de foot non ? Il est au PSG, c’est ça ? En vrai je ne suis pas trop le foot. ». Anton, 19 ans, affiche un sourire gêné face à notre mine circonspecte. « C’est pas ça ? Pourtant j’ai déjà entendu ce nom. » Presque deux ans après l’assassinat du professeur d’histoire-géographie par un jeune homme de 18 ans radicalisé, et alors que des cérémonies d’hommage doivent avoir lieu à partir de ce vendredi, cet élève en 1re année de CAP accessoiriste ne se souvient plus du nom de Samuel Paty.
Pourtant, son lycée Jules-Verne est situé à Sartrouville, à une quinzaine de kilomètres de Conflans-Sainte-Honorine où a été poignardé puis décapité l’enseignant de 47 ans, le 16 octobre 2020. Quand on lui rafraîchit la mémoire, Anton se dandine un peu, tout penaud. « Mais oui ! lâche-t-il, il y avait même un portrait dans mon lycée après sa mort. Il avait parlé de la religion et ça n’avait pas plu à certains, croit-il se souvenir. On en a parlé ensuite, malheureusement on risque de l’oublier avec le temps. C’est triste mais j’en suis la preuve. »
« Ça fait longtemps, il s’est passé d’autres événements depuis »
Tous les élèves n’ont pas effacé Samuel Paty de leur mémoire, même si Alia, 17 ans, sèche aussi quand on lui pose la question. C’est Rachid, son ami, 17 ans également, qui embraye après s’être interrogé pendant de longues secondes. « Samuel Paty, c’est un prof d’histoire-géo qui a subi des violences parce qu’il avait tenu des propos que certains n’ont pas appréciés, rembobine cet élève de terminale à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). Mais je n’avais pas trop calculé à l’époque. Et puis ça fait longtemps, il s’est passé d’autres événements depuis. »
Une majorité de lycéens ou collégiens croisés ce mercredi autour du Forum des Halles, au cœur de Paris (Ier), font état des longs mois qui les séparent de ce drame et l’oubli qui s’installe. Et si le nom leur dit parfois quelque chose, ils éprouvent des difficultés à relater les circonstances exactes de ce qui s’est passé et la portée symbolique d’un tel événement.
S’il en reste quelque chose, c’est plus dans les enseignements qu’il faut aller fouiller. « On a eu un débat sur la laïcité hier avec notre professeur d’histoire-géographie, raconte Kiyane, une lycéenne parisienne de 15 ans. Au début on devait parler de la minute de silence qu’on va faire pour rendre hommage à Samuel Paty, et puis ça a dérivé sur ce thème. La prof nous a dit que la laïcité est devenue un sujet tabou alors que c’est normalement un principe d’égalité, mais bon, la conversation était relativement apaisée. C’est sûrement parce que je suis scolarisée à Charlemagne, peut-être que dans d’autres établissements ça ne se passerait pas comme ça. »
Des incidents sont déjà à déplorer avant même les hommages prévus, comme en Essonne ou dans le Haut-Rhin. Un enseignant alsacien a porté plainte contre l’oncle d’une de ses élèves après des menaces de mort, ainsi que le lycée de Thann où cela s’est produit. Il avait évoqué en classe « la liberté d’expression, les caricatures de Mahomet et Charlie Hebdo ».
On parle « beaucoup de l’État laïque, de la liberté et d’égalité », nous confient Manuella et sa copine Fatima, deux élèves de 16 ans scolarisées dans deux lycées professionnels à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). « Et j’enlève mon foulard lorsque j’entre dans le lycée, parce que cela fait partie des règles de la République », précise Fatima, même si chez elle aussi les circonstances ayant mené à l’assassinat restent très floues.
« En général, on aborde les notions telles que la liberté d’expression ou le respect des autres dans les cours d’EMC (enseignement moral et civique) plus qu’en histoire-géo. D’ailleurs, cette histoire avec Samuel Paty n’aurait jamais dû aller aussi loin, et si certains avaient pu se sentir offensés, ils auraient dû en discuter », racontent Élise et Lucie, 16 ans, en 1re à Saint-Maur (Val-de-Marne).
Mis en place en 2015, l’enseignement moral et civique est censé transmettre aux élèves un socle de valeurs communes (dignité, liberté, respect de la personne…), et développer le sens moral et l’esprit critique. Un enseignement qui trouve toute son actualité, deux ans après l’assassinat de Samuel Paty, au moment où les atteintes à la laïcité en milieu scolaire poursuivent la tendance à la hausse lors de cette rentrée 2022 avec 313 signalements recensés en septembre (notamment pour des incidents liés au port de tenues religieuses), selon les dernières données communiquées ce jeudi par le ministère de l’Éducation nationale.
© Frédéric Gouaillard
https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjjj_W0wuL6AhUEyYUKHeJCBUIQFnoECAoQAQ&url=https%3A%2F%2Fwww.leparisien.fr%2Fsociete%2Fsamuel-paty-il-est-au-psg-cest-ca-les-eleves-se-souviennent-peu-ou-pas-du-professeur-decapite-14-10-2022-H6YZH7IN45GSDFDIFD52P36ZXE.php&usg=AOvVaw2FKdNBTssrA3heMpsbMs9x
Il faut se souvenir que Samuel Pay a été «victime du terrorisme islamiste». C’est très exactement ce qui est écrit sur la plaque du square qui lui rend hommage et c’est ça qu’il faut combattre.
Malheureusement, bien des gens ne nomment pas choses …
Une Éducation Nationale à l’image de son ministre !
Le niveau d’inculture de la jeunesse occidentale moderne n’a rien à envier à celui des pays les plus reculés d’Afrique ou du Moyen-Orient. Mais le phénomène n’est pas nouveau : Je l’avais déjà constaté durant les années 90, dans un lycée où il y avait d’ailleurs très peu de « mixité ».
La plupart des élèves ne lisaient que 3 livres par an : les 3 livres au programme et dont la lecture était obligatoire…
@Jérôme Onyx
Il y a quelques années, je croise dans la rue une assez jolie jeune femme que j’avais connue (mais pas au sens biblique du terme) au lycée, et on engage la conversation. Elle m’apprend alors qu’elle étudie l’art dans une faculté et ajoute qu’elle se passionne pour le Surréalisme. J’en viens assez naturellement à citer le nom d’André Breton…
_ André Breton ? fait-elle, visiblement surprise.
_ Oui, André Breton…L’écrivain…L’auteur du « Manifeste du Surréalisme »…
_ Connais pas !
Que des élèves aient déjà oublié cette ignominie que fut la décapitation d’un professeur, un homme innocent, acte barbare entre tous et, pour ajouter à l’horreur du geste si c’est possible, horreur basée sur des calomnies, prouve à l’évidence le terrible, l’affreux délitement des valeurs et de la moralité de la société française. Délitement VOULU et orchestré par un gouvernement dont le ministre de la justice s’exprime exactement comme le ferait un psychopathe, un antisocial niant la souffrance des victimes, niant l’insécurité, psychopathe maintenu en place et soutenu par le président de la république. La barbarie, le crime sont volontairement banalisés dans la France de Macron et c’est une absolue abomination.
Il y a quelques décennies, de tels faits n’auraient jamais été oubliés. Aujourd’hui, ils sont devenus la norme, une norme abjecte. Comment en sommes-nous arrivés là, grâce à qui ? .