Raphaël Nisand. Casser le thermomètre n’est pas une solution

On connait tous cette image du patient récalcitrant. Mécontent de la mesure annoncée par le thermomètre il préfère ne pas le croire et le brise malgré le risque ainsi pris pour sa santé.

Il en va un peu de même en politique. Beaucoup s’alarment des récents votes décoiffants exprimés en Suède d’abord, et surtout en Italie. BHL s’est même laissé aller à contester ces votes au nom de la démocratie en arguant que Hitler et Mussolini avaient eu également des majorités électorales.

Factuellement BHL a peut-être raison, mais ce raisonnement semble être une impasse. Le vote dit « populiste » n’exprime-t-il pas aussi de véritables questionnements auxquels les partis de gouvernement n’offrent aucune réponse ? Il y a certes les problématiques quasi existentielles du moment, pouvoir d’achat, inflation, crise de l’énergie mais il y a aussi des questions liées à l’insécurité et au contrôle des flux migratoires.

De ce point de vue, on peut trouver dans nos pays démocratiques toutes les postures idéologiques, mais au final le déni ne sert à rien. Le réel finit par rappeler les dirigeants aux réalités.

En France on le voit bien dans les villes qui ont décidé de traiter la question brûlante de l’insécurité par le mépris. Ce n’est pas parce qu’un maire ou un ministre de l’intérieur dit que tout va bien dans le meilleur des mondes, ce n’est pas parce-qu’un ministre de la justice parle de « sentiment d’insécurité »  que les gens concernés peuvent se dire que tout va bien.

Ainsi la maire de Nantes qui, à la sortie de l’été, avait dit que le bilan de l’été avait été très positif a été contrainte à redresser le tir en quelques jours, déclarant que la situation à Nantes était grave et faisant  un appel aux services de l’Etat pour rétablir l’ordre.

Ces jours-ci également, dans un geste saisissant, un adjoint socialiste au maire de la ville des Mureaux dans les Yvelines a annoncé en plein Conseil municipal qu’il démissionnait de ses mandats et allait quitter la ville car il recevait trop de menaces pour lui et sa famille.

Dans nos centres villes, à Strasbourg comme ailleurs, l’immigration de nouveaux arrivants mobilise les pouvoirs publics, des fonds d’Etat et des collectivités locales et malgré tout des campements s’installent, rappelant les bidonvilles éradiqués de nos villes depuis la fin des années 60. 

Quelle conception du droit d’asile mettre en oeuvre ? Des frontières ont-elles un sens ? Toutes ces questions divisent profondément les européens.  Comment s’étonner dès lors que ces vraies problématiques puissent donner lieu à des votes contrastés ? Au Danemark ce sont les sociaux démocrates eux-mêmes qui ont radicalement changé de politique et ils ont été reconduits. En Suède les mêmes sociaux démocrates ont laissé des villes comme Malmoe devenir des zones de non-droit et ils ont été évincés du pouvoir. L’Italie quant à elle est travaillée de longue date par d’importantes disparités régionales. L’influence prégnante de la mafia dans certaines régions et ce qui se passe autour de l’ile de Lampedusa, qui est l’une des zones de tensions principales au plan migratoire, aggravent l’instabilité italienne.

A l’heure où les périls se montrent de plus en plus menaçants aux frontières de l’Europe, il faut faire ce pari optimiste que les peuples européens ont acquis une maturité démocratique suffisante. 

A cet égard je voudrais citer le criminologue réputé Alain Bauer qui faisait une remarque de bon sens dans une récente interview. Je le cite:

« Quand on ne répond pas aux électeurs, quand on n’écoute pas les électeurs, ils changent d’interlocuteurs. Les électeurs sont des consommateurs d’élections et ne sont plus la propriété des partis politiques ».

Cette idée semble judicieuse et bien vue. Les cordons sanitaires ne se décréteront plus et, s’ils existent, il faudra les constituer par l’action gouvernementale. 
© Raphaël NISAND 
Chroniqueur sur Radio Judaïca  

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1 Comment

  1. Les migrations humaines ont toujours existé et existeront toujours , c est le signe que les echanges fonctionnent entre les communautés .
    Le probleme français c est une invasion musulmane conquerante et destructrice et non pas un apport humain exterieur naturel .

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