Jean-Patrick Grumberg. Le pire danger n’est pas l’extrême droite mais l’extrême gauche : Université Berkeley développe des zones interdites aux Juifs

Si ce n’était pas si effrayant, on pourrait reconnaître l’ironie de voir les progressistes du campus de l’université Berkeley essayer si fort de signaler la belle vertu progressiste, qu’ils en deviennent plus dangereux que les néo-nazis.

Neuf groupes différents d’étudiants en droit de la faculté de droit de l’université de Californie à Berkeley ont commencé cette nouvelle année universitaire en modifiant leurs statuts : désormais, il est interdit d’inviter des orateurs qui soutiennent Israël ou le sionisme. Et il ne s’agit pas de groupes marginaux qui représentent un petit pourcentage de la population étudiante : il s’agit des Women of Berkeley Law, de l’Asian Pacific American Law Students Association, de l’Association des étudiants en droit du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, des Law Students of African Descent et du Queer Caucus

Le doyen de Berkeley Law, Erwin Chemerinsky, un sioniste de gauche, a fait remarquer qu’il est lui-même banni en vertu de cette norme, tout comme 90% de ses étudiants juifs.

Cela fait maintenant un siècle que les zones sans juifs ont disparu de la baie de San Francisco (« No Dogs. No Jews »). Néanmoins, cette mesure effrayante ne surprend pas les juifs qui ne se laissent pas influencer par la propagande selon laquelle le danger vient de l’extrême droite : c’était vrai jusque dans les années 60. Ce n’est plus le cas. Ca pourrait revenir, il faut rester attentif, ça revient toujours, mais se focaliser sur un danger qui n’existe pas revient à se laisser surprendre par un danger aussi insidieux qu’il est virulent, et pire, soutenu par une presse de gauche qui le cache systématiquement.

Les étudiants en droit de Berkeley ne sont pas les seuls gauchistes à exclure les sionistes 

  • À l’université d’État de New York New Paltz, des militants socialistes ont chassé deux victimes d’agressions sexuelles d’un groupe de discussion parce qu’elles étaient sionistes. 
  • À l’université de Californie du Sud, des étudiants Démocrates ont chassé Rose Ritch, vice-présidente du gouvernement étudiant juif, en menaçant de « de faire expulser son cul sioniste »
  • À Tufts, ils ont tenté d’évincer Max Price, membre du comité judiciaire du gouvernement étudiant, en raison de son soutien à Israël.

Ces exclusions reflètent l’évolution de l’antisémitisme de gauche, totalement absent des reportages, sur les campus. 

Et bien entendu, de fil en aiguille, les incidents antisémites dépassent désormais les discours de haine, ils empoisonnent la vie des jeunes juifs sur les campus, menacés en permanence, obligés de se cacher, de se taire, et de regarde par dessus leur épaule pour ne pas être physiquement attaqués.

Désormais, les groupes antisionistes ciblent directement les Juifs américains

L’antisionisme est de l’antisémite, c’est établi, démontré, et reconnu. Même le président Macron, qui n’est pas particulièrement philosémite – ni hostile aux juifs, l’a déclaré et répété. 

L’utilisation de « sioniste » comme euphémisme pour « juif » n’est rien d’autre qu’un tour de passe-passe. Comme d’autres formes de judéophobie, il s’agit d’une idéologie de la haine, qui traite Israël comme le « Juif collectif » et entache l’État juif de diffamations et d’accusations mensongères semblables à celles utilisées depuis des siècles pour vilipender les Juifs. 

L’idéologie développée par les militants antisionistes établit une vision conspirationniste du monde, incluant parfois la théorie complotiste de génocide, d’apartheid, et de massacre intentionnel d’enfants palestiniens. Etant donné que le sionisme est un aspect intégral de l’identité de nombreux Juifs, même de gauche, son dénigrement est analogue à l’antisémitisme et aux autres formes de haine.

Certains commentateurs défendent ces exclusions pour des raisons de liberté d’expression, arguant que « les groupes ont également le droit d’être sélectifs, de fixer leurs propres règles d’adhésion ». Ils ont raison. 

Cependant, si ces groupes d’étudiants en droit sont en faveur de la liberté d’expression, leurs règlements antisionistes, qui limitent la liberté d’expression des étudiants sionistes, devrait leur poser problème. Comme ce n’est pas le cas, c’est donc qu’ils ne défendent pas la liberté d’expression, mais celle de cracher sur les juifs.

En revanche, les comportements discriminatoires, donc ces exclusions antisionistes, violent les lois sur les droits civils, comme le titre VI de la loi sur les droits civils de 1964, qui ironie, ont été gagnés par la gauche américaine

  • Il n’est donc pas vrai que les groupes d’étudiants ont le droit d’exclure des membres d’une manière qui reflète la haine et le sectarisme. 
  • Dans l’affaire Christian Legal Society v. Martinez, la Cour suprême des États-Unis a confirmé le droit d’une faculté de droit de l’Université de Californie d’exiger des groupes d’étudiants qu’ils acceptent tous les étudiants, indépendamment de leur statut ou de leurs croyances.
  • Si l’on met de côté les précédents juridiques, les grandes universités exigent généralement des groupes d’étudiants qu’ils acceptent « tous les arrivants », quel que soit leur « statut de croyance ». 
  • Les universités adoptent également des règles, alignées sur la législation fédérale, interdisant la discrimination sur la base de diverses classifications telles que la race, l’ethnicité, l’héritage ou la religion.

Mais les activistes de gauche, en adoptant des dispositions anti-juives, outre qu’ils excluent la présence de juifs, achèvent un autre objectif : l’exclusion de toute opinion divergente. Il s’agit là d’un processus totalitaire, ces groupes empêchant tout débat d’idée avec des orateurs et des groupes pro-Israël, et ils s’assurent que les participants ne sont jamais exposés à des faits qui pourraient contredire leur propagande ou révéler leurs mensonges. Et pour le coup, leurs règlements d’exclusion va à l’encontre de leur attitude générale en faveur de la protection des minorités – ce qui laissent de nombreux observateurs s’interroger de la sincérité de leur combat humanitaire.

Ces groupes universitaires, au final, répondent à l’appel infâme des nazis, judenfrei (sans juifs), ce qu’aucun parti d’extrême droite, que ce soit en France, en Italie, en Hongrie ou en Ukraine ne réclame jamais.

© Jean-Patrick Grumberg

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4 Comments

  1. Tout ce qui est dit dans cet article confirme que ces prétendus groupes ou individus d' »extrême gauche » sont en des néo nazis. Il existe un terme précis pour cela : le confusionnisme. C’est quand l’extrême droite se fait passer pour la gauche (en faisant semblant d’être du côté des opprimés et en se cachant derrière une apparence de discours social ou anticapitaliste : comme la NUPES en France).

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