Frédéric Terrier et Myriam Varin Bréant. « Fin de vie: Y penser ne tue personne »

#FinDeVie #MourirDansLaDignité #YPenserNeTuePersonne

Notre modeste et personnelle Participation au débat :

Cogito ergo sum 

Je désire mourir quand je ne pourrai plus penser ni vous entendre.

Ni vous comprendre.

Je veux mourir lorsque je ne pourrai plus aimer. 

Je désire mourir lorsque je ne pourrai plus rien comprendre.

Lorsque je ne pourrai plus regarder entendre écouter sentir toucher et rire et pleurer.

Je ne veux pas mourir lorsque je ne pourrai plus me mouvoir, communiquer, déglutir, me lever.

Qui sera en mesure de déterminer que je ne pourrais plus penser puisque je ne pourrais l’exprimer ?

Fred


#JourDePluie #findevie #DécèsMédicalementAssisté

Quand les débats qui font la Une s’invitent à la pause-café.

Bien sûr que j’y ai déjà pensé à ce moment où tu seras peut-être enfermé dans ton corps et que peut-être tu aurais fait ce choix de programmer ta mort.

Non seulement l’idée me vient et va à l’esprit, mais toi et moi avons en commun l’expérience du suicide d’une personne connue. Pour la survivante que je suis elle est insupportable. Pour toi , il t’appartient d’y répondre. Mais surtout, j’ai ce souvenir du 22 juin dernier. Ton souvenir à toi est parcellaire, alors laisse-moi te raconter.

Tu es positif au Covid. 

Quand j’arrive Uthoff a fait son méchant ouvrage. Tu es paralysé dans un corps brûlant. Tu n’as même pas pu atteindre ton portable pour appeler. J’essaie de te déplacer de la lounge chair où tu t’es endormi… Tes membres sont figés durs comme la pierre. Assez vite je comprends que si tu sens ma présence, tu ne peux communiquer, que par moment ta conscience est par intermittence, que tu commences à sombrer. Quelles fonctions vitales sont en passe sous la température de se contracter, jusqu’à s’immobiliser et s’arrêter ? Je l’ignore.

Je ne peux te transporter alors je t’enveloppe de serviettes trempées, j’organise la venue des secours, le 15 , le médecin régulateur, puis tes proches, ce frère aîné en priorité sur le sang-froid duquel je sais que je peux m’adosser.

Mais ce que tu dois aujourd’hui réaliser c’est que pendant toutes ces interminables secondes d’urgence, je n’ai pas cessé de t’informer de chacune de mes décisions pour toi, de t’expliquer ce que je faisais pour que si par chance tu sentais tes vêtements que j’ôtais, l’eau glacée sur ta peau, si tu entendais encore des bribes même au loin de ma voix, j’avais un peu de ce consentement qui manquait.

J’ai fait de mon mieux dans les circonstances, en conscience, mais j’ai décidé à ta place et pour toi. Toi qui as désormais un peu de visibilité sur cette destinée singulière qui t’attend certainement d’être prisonnier d’un corps qui ne répond plus.

L’issue du 22 juin est heureuse, le Covid ne t’a pas emporté. La fièvre, elle, l’aurait pu. Ce qui est certain c’est qu’après ça nous avons tous les deux mis en place un protocole d’urgence en mon absence, un cordon humain de sécurité.

L’autre bénéfice que je vois, moi, c’est qu’enfin nous avons pu l’évoquer, cette question de la fin de vie. Me concernant tu sais que de mon côté ce n’est ni un tabou ni quelque chose que je n’ai pas préparé par la force des choses. Mais toi aujourd’hui tu es prêt à y penser… parce que autant je t’accompagnerais de tout mon cœur quels que soient tes choix sur la question, autant décider à ta place parce que tu auras eu la faiblesse de ne pas l’avoir fait, je te le dis franchement c’est violent et injuste. Voilà c’est dit!

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