Schlomoh Brodowicz. La Reine Elisabeth et les bourrins frankaouis

Lors d’une des distributions hebdomadaires du Dollar, mon maître, Rabbi de Loubavitch, eut la visite du Rav Eliezer Waldman qui était membre du défunt parti israélien très très à droite « Te’hia ».

À cette époque, on parlait de fortes pressions que le gouvernement américain voulait exercer sur Israël en matière de négociation avec les Palestiniens.

Le Rav Waldman dit au Rabbi qu’il s’apprêtait à publier une brochure contenant des paroles talmudiques évoquant les malédictions qui s’abattraient sur les peuples qui chercheraient à nuire au peuple juif.

Le Rabbi lui dit alors :
« Il ne convient pas pour un juif de souhaiter aux non-juifs des choses qui relèvent du “contraire de la bénédiction”. Ce n’est pas notre vocation. Notre vocation est de convaincre les non-juifs de nous laisser accomplir la Torah et les Mitsvot, car en sorte, il en résultera pour eux des bénédictions et par conséquent pour le peuple juif également ».

Quant l’autre réagit en demandant Rabbi à quoi servaient alors ces paroles du Talmud, le Rabbi lui répondit de les prendre et de les insérer dans les textes que l’on récite le jour de la commémoration de la destruction du Temple, et que si tout allait bien d’ici là, le Machia’h sera venu et on n’aura pas même besoin de les réciter.

Étonnant non ? aurait dit le regretté Pierre Desproges…

Pourquoi ai-je trouvé bon de relater cet épisode ?

Lorsque j’ai rendu hommage (comme des centaines de millions de personnes dans le monde) à la reine Elisabeth, il s’est évidemment trouvé des pisse-vinaigre, (en particulier, mais pas seulement, parmi les israélo-frankaouis…) pour renâcler en arguant que la reine Elisabeth qui avait fait plusieurs fois le tour du monde n’avait pas daigné visiter Israël.

Je confesse humblement que ce judéo-israélo-centrisme me fait remonter les huiles, tant il est gavé d’ignorance encyclopédique et de l’histoire d’Israël et des usages diplomatiques.

En premier lieu, les visites de chefs d’État répondent à des protocoles qui ne doivent rien à l’improvisation. Elles sont préparés longtemps à l’avance par les représentations respectives des pays concernés. Autrement dit, pour qu’un chef d’État effectue une visite officielle, il faut que l’État visité ait d’abord adressé une invitation, généralement par son ambassadeur.

A-t-on une preuve que l’État d’Israël ait jamais adressé une invitation à la reine Élisabeth d’effectuer une visite en Israël ?
A-t-on la preuve qu’une telle invitation se soit vu opposer une fin de non-recevoir ?

Mais puisqu’on y est, parlons-en, des visites officielles.

Avant François Mitterrand, aucun président de la Ve République n’avait effectué de visite en Israël. Alors, lorsque la chose a été annoncée, la communauté juive de France a exulté. Enfin un président allait rompre avec l’indifférence du Quai d’Orsay.
Ben voyons !

Sauf que par la suite, c’est le même François Mitterrand qui a permis à Yasser Arafat de prendre la poudre d’escampette de Beyrouth lors de la guerre de 1982.

Sauf que le même président Mitterrand a par la suite été le premier dirigeant européen à recevoir Yasser Arafat, ce qui a eu autant d’effets bénéfiques sur la paix au Proche-Orient que la crème solaire sur la Vénus de Milo.

Par la suite, c’est le président Chirac qui voulut y aller de son écot en se rendant en Israël, ce qui n’a pas empêché ce mal élevé de causer un esclandre mémorable à Jérusalem et lui a valu l’honneur du magazine « Jeune Afrique » avec en titre « Un héros arabe ».

Suite à quoi, le même Chirac s’en est allé rendre une visite conviviale au président syrien ‘Hafez el Assad (à qui il a probablement eu la bienséance de ne pas demander des nouvelles d’Alois Brunner – celui qu’Adolf Eichmann appelait son « meilleur lieutenant » – que la France avait condamné à mort par contumace. 
La politesse, c’est pas fait pour les chiens.

Quant à Macron, lors de sa visite, il n’a pas pu manquer d’honorer cette belle tradition d’impertinence diplomatique en faisant lui aussi son petit barouf dans la ville sainte.

Enfin, la cerise sur le MacDo, De Gaulle, ce grand homme qui leva la main de David Ben Gourion en criant : « Israël notre amie ! Israël notre alliée ! », il a fait quoi pour Israël, à part initier une politique iniquement pro-arabe du Quai d’Orsay qui ne s’est jamais démentie depuis bientôt 60 ans ?

Mais pourquoi faut-il que certains feujs, parce qu’ils habitent la Terre sainte, parce qu’ils ont un grand confetti sur la tête et un filet de barbe autour du visage, croient bon de transformer la tradition juive et la terre d’Israël en un camp retranché qui ne voit que des ennemis chez tous les non- juifs qui n’ont pas pour devise « Israël vivra ! Israël vaincra ! » ?

Est-ce un bel écho aux paroles des prophètes comme celle de Zacharie qui dit: « Que Jérusalem demeure ville ouverte ! »

Et toutes ces paroles prophétiques qui annoncent que lors des temps messianiques les peuples afflueront à Jérusalem pour rendre hommage au peuple juif et à son D.ieu ?

La Torah, son immense patrimoine, la richesse des valeurs qu’elle a données à l’humanité tout entière doit-elle être réduite à un judaïsme bourrin où l’amour de Sion fabrique des Juifs qui comme dit le Psalmiste « ont des yeux mais ne voient pas, et des oreilles mais n’entendent pas »?

La loi de Moïse mérite-t-elle de produire des chauvinistes obtus et ce que le regretté Desproges appelait des « berrichons de base et des parisiens baguettes »?

La tradition juive n’invite pas ses fidèles à courber l’échine, loin de là ! Mais le grand Maïmonide écrit que la Torah a pour vocation de façonner la personne humaine.

Et si le peuple juif qui fut le premier dépositaire des grandes valeurs humaines ne donne pas un exemple de dignité en honorant la mémoire des souverains dont le talmud dit : « La royauté d’ici-bas a quelque chose de la royauté céleste », Alors, qui donnera cet exemple ?

© Schlomoh Brodowicz

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