Hussein al-Sheikh s’apprête à prendre le contrôle des positions critiques du mouvement, pour préparer le terrain pour devenir son candidat officiel aux élections présidentielles une fois que Mahmoud Abbas aura quitté ses fonctions.
(1er septembre 2022 / Centre des affaires publiques de Jérusalem)
La bataille pour la succession de l’Autorité palestinienne est passée à la vitesse supérieure. Hussein al-Sheikh, confident et successeur désigné du dirigeant de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, âgé de 86 ans, a entamé le processus de prise de contrôle du mouvement Fatah dans les territoires.
Al-Sheikh prévoit de prendre le contrôle de la direction du Fatah en convoquant la huitième conférence du Fatah, qui élira les institutions du mouvement. Par le biais d’élections internes, il vise à éliminer plusieurs de ses rivaux de la direction et ainsi ouvrir la voie pour devenir le candidat officiel du Fatah aux élections présidentielles une fois qu’Abbas aura quitté la scène politique.
Lundi, al-Sheikh a rencontré tous les secrétaires du Fatah en Cisjordanie pour discuter du besoin urgent, selon lui, de tenir la huitième conférence et d’apporter les changements nécessaires.
Des hauts responsables du Fatah affirment que des associés d’al-Sheikh ont récemment fait pression sur Abbas pour qu’il fixe une date pour la conférence. Initialement prévu en mars, il a été reporté en raison de différends sur la composition des délégués.
La précédente, la septième conférence du Fatah, s’est tenue à Ramallah en 2016.
Ahmad Hilles, membre du Comité central du Fatah de Gaza, a déclaré que la question de la convocation de la conférence serait à l’ordre du jour du comité lors de sa prochaine réunion. Cette réunion, a-t-il déclaré, aura lieu cette année parce que c’est une nécessité nationale.
Hilles réitérait l’exhortation publique d’al-Sheikh quelques jours plus tôt. Al-Sheikh recrute la jeune génération du Fatah dans les territoires, promettant des promotions pour gagner du soutien.
Abbas a récemment pris plusieurs mesures pour renforcer al-Sheikh en tant que son successeur. Il l’a nommé secrétaire général du comité exécutif de l’OLP et a ajouté des alliés au comité qui renforceront le soutien à al-Sheikh.
Abbas a également nommé son associé Rawhi Fattouh à la tête du Conseil national palestinien. On s’attend à ce qu’il recherche une légitimité supplémentaire pour al-Sheikh dans les institutions du Fatah.
Al-Sheikh est considéré comme le confident le plus fidèle d’Abbas, et de hauts responsables du Fatah disent qu’il a promis de s’occuper des besoins d’Abbas et des membres de sa famille après sa retraite. Les deux fils d’Abbas possèdent un vaste empire économique, dont une partie dans l’AP, et al-Sheikh a juré qu’aucun mal ne lui serait fait.
Les responsables du Fatah affirment également qu’al-Sheikh a l’intention d’affaiblir deux principaux rivaux dans la bataille pour la succession en les retirant des centres de pouvoir du mouvement lors des élections internes.
Le premier est Tawfiq al-Tirawi, membre du Comité central et ancien chef du Service de renseignement général palestinien. Un rapport d’une commission d’enquête de l’AP l’a accusé de corruption et de népotisme.
Le deuxième rival en question, Marwan Barghouti, était un architecte de la terreur de la Seconde Intifada et purge cinq peines à perpétuité dans une prison israélienne.
Barghouti est membre du Comité central du Fatah et un adversaire acharné d’Abbas et d’al-Sheikh. Les sondages d’opinion palestiniens montrent qu’il a le plus de soutien parmi le public pour succéder à Abbas.
L’année dernière, Barghouti a annoncé son intention de se présenter aux prochaines élections de l’AP. Abbas et al-Sheikh ont demandé à l’administration Biden et à Israël de s’assurer qu’il ne serait pas libéré lors d’un échange de prisonniers avec le Hamas, expliquant qu’il était un terroriste qui saperait la coordination sécuritaire de l’AP avec Israël et les États-Unis.
Al-Sheikh prévoit d’utiliser la huitième conférence du Fatah pour nommer un allié, le général Majid Freij, au Comité central du Fatah. Il veut également nommer d’autres associés, comme Adnan Ghaith, le gouverneur de l’Autorité Palestinienne du district de Jérusalem, et Ahmad Assaf, le ministre palestinien des communications, à des postes élevés au sein du Fatah.
L’évaluation du Fatah est qu’al-Sheikh provoquera bientôt la convocation de la conférence. Abbas a déjà donné son accord de principe.
La bataille pour la succession de l’AP pourrait s’intensifier de manière dramatique et violente. La rue palestinienne craint une recrudescence des assassinats en Cisjordanie parce que les rivaux politiques d’al-Sheikh ont des milices armées dans un certain nombre de localités.
L’establishment de la défense israélienne surveille de loin et n’intervient pas dans la course à la succession. Les responsables du Fatah affirment cependant qu’Israël soutient les efforts d’al-Sheikh.
Yoni Ben Menachem, un vétéran des affaires arabes et commentateur diplomatique pour la radio et la télévision israéliennes, est un analyste principal du Moyen-Orient pour le Centre des affaires publiques de Jérusalem. Il a été directeur général et rédacteur en chef de l’Autorité de radiodiffusion d’Israël.
Cet article a été initialement publié par le Centre des affaires publiques de Jérusalem .
Merci à Josiane Sberro
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