Mikhaïl Gorbatchev est mort à l’âge de 91 ans.
Figure historique du XXème siècle
Artisan du rapprochement Est-Ouest, Mikhaïl Gorbatchev s’est éteint à l’âge de 91 ans. Acteur majeur de la perestroïka, il était pourtant vu en Russie comme le responsable du chaos qui a suivi la fin de l’Union soviétique.
En ne l’ayant pas laissé mourir avant le 24 février 2022, Dieu n’a pas été tendre avec Mikhaïl Gorbatchev. Car l’ancien leader de l’URSS a dû passer les derniers mois de sa vie à assister à la destruction insensée de tout ce qu’il défendait. Et peut-être à réfléchir au fait que, parfois, la décision de ne pas recourir à la force à un instantt peut conduire à un carnage bien plus grand plus tard. Si Mikhaïl Gorbatchev avait maintenu l’Union soviétique (peut-être sans les pays baltes) et utilisé la force comme l’a fait Deng Xiaoping, nous n’assisterions peut-être pas aujourd’hui à une guerre intestine insensée qui a déjà coûté des dizaines, voire des centaines de milliers de vies en Ukraine et qui, dans le pire des cas, pourrait dégénérer en holocauste nucléaire. Les hommes politiques, même les plus humains, doivent malheureusement faire ce calcul où les vies humaines ne sont que des chiffres dans la balance.
Gorbatchev a ouvertement refusé de le faire. Peut-être était-ce une erreur de le dire ouvertement : personne ne le prenait plus au sérieux, de Bakou à Washington, alors qu’il était assis au sommet du plus grand arsenal nucléaire du monde, de la deuxième armée du monde, de centaines de milliers de policiers et de forces de sécurité intérieure, et qu’en tant que secrétaire général du parti monopolistique, il disposait de la loyauté incontestable de 20 millions de ses membres.
Sur le plan strictement politique, il doit être jugé sévèrement, comme l’un des plus extraordinaires échecs de l’histoire. Sur le plan humain, il peut l’être avec beaucoup plus de magnanimité : il a permis à des dizaines de millions de personnes de retrouver la liberté, a non seulement proclamé, mais s’est tenu aux principes de la non-violence dans les affaires intérieures et étrangères, et a quitté son poste de son plein gré, alors qu’il n’était pas obligé de le faire, simplement parce qu’il ne voulait pas se battre et risquer des vies pour le conserver. Mais sa bonté naturelle, en réalité incompatible avec la politique, l’a mené à laisser le champ libre à des hommes bien pires.
Il était incapable de diriger un empire complexe, chargé de trop d’histoire, multinational et vaste comme l’Union soviétique. Le pays était en outre « plombé » par ses satellites réticents, la guerre ingagnable en Afghanistan, la course aux armements avec un adversaire beaucoup plus fort et une économie quasi-stagnante. La situation dont avait hérité Gorbatchev était loin d’être facile. Mais elle était gérable, et le fait que personne n’ait prédit le déclin économique, militaire et politique précipité de l’Union soviétique le confirme. Gorbatchev, en essayant d’améliorer les choses, les a rendues catastrophiques. Rétrospectivement, et peut-être par respect pour Gorbatchev (car nous lui devons le respect), beaucoup de gens ont tenté d’expliquer la descente dans le chaos en affirmant que le système était « irréformable » et que tout était prédéterminé. Le rôle de l’homme Gorbatchev, dans cette vision de l’histoire est presque inexistant. Mais c’est faux. Un dirigeant plus compétent, un politicien plus avisé, un homme plus impitoyable aurait géré les choses différemment et peut-être évité la catastrophe.
La part la plus mystérieuse de son histoire est finalement celle de son accession au pouvoir. Pas du tout en suggérant une conspiration, il n’y en a pas eu. Ce qui laisse perplexe ceux qui y réfléchissent, c’est de comprendre comment l’incompétence dont a fait preuve Gorbatchev dans sa gestion de l’économie et de la politique au niveau central a pu ne pas être remarquée bien plus tôt alors qu’il gravissait les échelons du pouvoir. Comment personne n’avait-il remarqué ses défauts à Stavropol ? Comment les bureaucrates qui l’ont porté au pouvoir après avoir travaillé avec lui pendant plusieurs décennies n’avaient-ils pas perçu sa volonté farouche de se dégager de leur emprise derrière son sourire affable alors que tous les clignotants étaient au rouge ? Comment Andropov, qui n’était ni un grand humaniste, ni par définition, en tant que patron du KGB, un homme qu’on pouvait aisément rouler, a-t-il pu ne pas voir les failles de Gorbatchev qui, une fois au pouvoir, feraient exploser l’Empire tout entier ?
Probablement, n’y aura-t-il jamais de bonne réponse à cette question, et encore moins dans la mesure où Gorbatchev n’a pour l’essentiel jamais caché ses opinions ni prétendu être une personne différente de ce qu’il était. La seule façon de comprendre comment une puissante bureaucratie peut laisser quelqu’un qui va la détruire accéder au pouvoir en son sein même est de penser que les opinions de Gorbatchev ont évolué au fil du temps. Lorsqu’il a commencé à réformer le système, il se situait dans le camp des réformistes acceptables, que même Andropov approuvait, mais à mesure que les réformes progressaient, son point de vue a évolué dans le sens d’une plus grande liberté, de sorte qu’à la fin, il présidait un parti qui était un amalgame de factions et de tendances incompatibles, des piliers du KGB (Kryuchkov) aux anti-réformistes (Ligachev), en passant par les directeurs rouges (Tchernomyrdine), les voleurs corrompus (de nombreux dirigeants du Komsomol), les technocrates (Gaidar) et les sociaux-démocrates (Roy et Zhores Medvedev).
Pouvons-nous en tirer quelques conclusions ? En ce qui concerne la politique, il faudrait une personne du calibre de Machiavel pour décrire ce qui s’est passé et pourquoi. Mais pour la politique russe de succession, la leçon semble plus claire : Staline n’aurait jamais pu imaginer que quelqu’un comme Khrouchtchev (qu’il traitait comme un paysan pas très futé) pourrait lui succéder ; Khrouchtchev n’aurait pas pu non plus imaginer que le « beau Leonid » organiserait un coup d’État interne contre lui ; Andropov a mal jaugé Gorbatchev, qui a sous-estimé Eltsine. Eltsine a choisi Poutine pour l’exécution d’une feuille de route qui a été déployée de manière totalement différente. Il est peu probable que Poutine, seul, ne commette pas la même erreur.
Branko Milanovic
Je pense qu Gorbatchev était un homme bien. J’ai pour lui un grand respect que ne m’inspire aucun dirigeant occidental moderne.
Les deux causes principales de la ruine de l’URSS sont
1) la très grande médiocrité de l' »élite » soviétique. Le jemenfoutisme et le conformisme institutionnalisée…exactement comme en dans la France et toute l’UE modernes !
2) la terrible guerre d’Afghanistan déclenchée par les menées américaines (d’abord Carter puis Reagan) ayant permis l’émergence de Ben Laden et des Talibans aujourd’hui au pouvoir.
Contrairement à ce que dit l’article Andropov avait parfaitement conscience du declin de l’URSS et avait laissé à gorbatchev un rapport lui expliquant que l’URSS disparaîtrait dans quelques années si elle n’était pas réformée . Or Gorbatchev a précisément tenté de mener ces réformes indispensables. Parfois maladroitement mais en n’ayant que tres peu de soutiens et devant faire face à la catastrophe de Tchernobyl, au désastre de la guerre d’Afghanistan puis à la trahison du traître Boris Eltsine (sous la coupe de Washington) et à l’opposition de certains durs du régime.
Quant à la conclusion de l’article…
Gorbatchev : J’ai fait tout ce que j’ai pu pour sauver mon pays et j’ai échoué.
Macron : je fais tout ce que je peux pour détruire mon pays et j’ai déjà réussi.
Ghorby avait herite d un empire multinational sur la pente.Il a su eviter deux desastres,un nouveau tsar a la romanov new look,et la guerre civile dans un pays surarme.
« 1991, la fin brutale de l’union Soviétique » (Gouvhd) : plus qu’utile pour bien comprendre le sujet https://youtu.be/Ld8RCwYbtuM
(Durée 44 minutes, mais cela vaut vraiment le coup de regarder jusqu’au bout)