Mes parents Joseph Wolf Wolkowicz et Rose Parkiet ont émigré dans les années 30 de leur Pologne natale, de misère et de persécutions, via l’Allemagne, vers la France, pleins d’espoir et de courage pour enfin peser sur leur destin, et avec gratitude participer à celui de leur pays d’accueil, restant juifs en s’intégrant pleinement, assumant dur travail, liberté et responsabilité.
Mon père, à peine arrivé, réalisait son rêve en se précipitant à la Sorbonne et en fréquentant les théâtres, en commençant à travailler dans son petit atelier de chemisier sur mesures.
Ma mère, elle, sera très fière d’obtenir son CAP de couture après avoir célébré sa Bat Mitzvah à la synagogue de la place des Vosges.
Survivants de la Shoah, séparés six années, d’angoisse, d’horreur de pertes, mon père qui s’était engagé et battu dans les « Corps Francs » avant d’être pris, puis devant au retour de « là-bas », de Majdanek, partir avec Simon, un beau-frère également rescapé, travailler un an sur les docks à Londres avant de récupérer son petit atelier-appartement dans le 11è arrondissement, lequel avait bien sûr été occupé par de gentils voisins hallucinés et offusqués du retour des morts-vivants, des fantômes, mes parents n’ont eu, dès lors, qu’une obsession: nous donner à mon frère et à moi, autant que leur travail, les schmattès, pouvaient le leur permettre, études, joies, foie haché et struddle, que nous ne manquions de rien!
J’y ai été heureux, j’y dormais (je croyais que Singer-les machines à coudre- était un cousin), y ai appris mes leçons, étudié jusqu’à ma première année de médecine, tout en écoutant les histoires que mon père me racontait, des héros hébreux bibliques, Samson, le Roi David …, des héros juifs, Trumpeldor, Bar Kochba et de l’histoire contemporaine, Jabotinsky, Begin, Kessel, le boxeur Ray Sugar Robinson, Jesse Owens, Chaplin et le petit Jacky Kogan, tout en jouant aux échecs sur la table de coupe.
Artisans, Ils étaient de gauche, solidaires du monde ouvrier, et profondément attachés à Israël (déjà jeune à Tomaszow, mon père était à la fois orthodoxe et sioniste).
Ils voulaient croire au conjuratoire « Plus jamais ça ! » , tout en restant obsédés par le « Si Ça revient ! »
Et le « Ça » enfoui, refoulé, est revenu, par délégation (aux nouveaux « palestiniens »), dans les années 70, l’Europe d’abord attendrie par ces pauvres juifs rescapés, se montrant de courageux pionniers travaillant une petite terre désertique et aride ou marécageuse infestée de malaria, et se défendant bravement d’ennemis qui les encerclaient en nombre et qui ne désiraient que les jeter à la mer.
Puis, les semblants de culpabilité et de honte dissouts, le « devoir de mémoire » perverti, la Shoah étant pensée en tant qu’ Holocauste, le sacrifice du coupable essentiel et universel marqué du pêché originel, Israël ayant été toléré par l’Europe après la destruction de la plus grande partie de ses juifs comme parenthèse de l’Histoire, comme refuge momentané et non comme un État Juif souverain sur sa terre, Auschwitz y devint une abstraction, un symbole universel, déshistoricisant, dépolitisant, désubjectivant, et le sionisme une idéologie « colonialiste » et « raciste » plutôt qu’une pensée politique d’émancipation;
Ma mère a vu, ses dernières années, que « Ça » était là; on pouvait de nouveau assassiner des juifs, hommes, femmes, enfants, sans que ce soit à peine un fait divers, sans que ça prête à manifestation, à responsabilisation, à procédures judiciaires, à condamnations, sans que la police intervienne, que la justice enquête et juge publiquement, que les médias en fassent un événement, sans que les politiques abandonnent leur hypocrisie et leurs doubles discours.
Des manifestations de rue pouvaient crier des « Mort aux juifs » sans qu’elles soient vraiment interdites et réprimées et les organisations responsables dissoutes.
Des discours antisémites, de fausses accusations d’Israël, équivalentes aux faux « Protocoles des Sages de Sion » s’éructèrent, totalement décomplexés, jusque dans les rangées de l’Assemblée Nationale, comme au temps de « L’affaire Dreyfus ».
De nouveau la soumission, la lâcheté, la collaboration, la complicité, voire la jouissance : avec le fantasme des « idiots utiles » que l’extermination des juifs et l’anéantissement d’Israël apaiseraient les angoisses, les tensions, les persécuteurs, que l’anéantissement de l’Etat d’Israël et du peuple Juif règlerait tous les problèmes du monde, économiques, politiques, climatiques, existentiels, tous les conflits menaçants.
Que si l’Iran anéantissait Israël, que si le peuple Juif, le bouc émissaire éternel et universel et le paria des Nations, disparaissait – enfin le final de « la solution finale« -…
Paradoxe de l’antisémite qui accorde un prix d’infini à ce qu’il désire éliminer, renforçant son sentiment d’humiliation, d’envie et de haine.
L’Europe ne cesse de jouir d’une culpabilité perverse à la fois narcissique et suicidaire. Mais le lâche, l’idiot, ne voient que le doigt qui montre la Lune, mais pas la Lune.
J’ai peur que mes parents ne reposent en paix alors qu’ils l’auraient tellement mérité. Ils sont partis, inquiets pour leurs enfants et leurs petits enfants. Au temps de cette nébuleuse « fascifiste » comme les nommait déjà Orwell, ces woke-islamistes. Comme au temps des nazis et de leurs collaborateurs.
A un moment où, comme à Munich en 1936, les européens et les EU vont signer un accord délirant, meurtrier et suicidaire, pire que celui qu’ils avaient déjà signé en 2015 et ensuite dénoncé, avec les mollahs fanatiques de la République Islamique d’Iran qui ne cessent de proclamer, y compris à l’ONU, leur projet de détruire l’Etat d’Israël.
Et nous autres, en France, que faisons-nous pour éveiller, pousser, forcer nos représentants, nos gouvernants à ne pas céder ?
Nos parents n’avaient ni les moyens de savoir, de se défendre, de re-partir, ni la chance de pouvoir compter sur l’existence de l’Etat d’Israël dont ils rêvaient. Nous, Nous les avons!
Michel Gad Wolkowicz
Michel Gad Wolkowicz, psychanalyste – –
Prof. Psycho-pathologie, Ass. Paris – Sud Orsay (Fr), Visiting Professor Tel Aviv (Il), Glasgow (UK);
Président de l’Association Internationale Inter-Universitaire Schibboleth – Actualité de Freud (Fr), & of The Interdisciplinary Institute – Presence of Freud – (IL) ;
Toujours 100% d’accord avec toi, cher Mischa. Tu as le courage de dire les choses sans détour et de secouer les consciences. Je te suis, comme d’habitude…
Merci Brigitte.Nos parents n’avaient ni les moyens de se défendre, de re-partir, ni la chance de pouvoir compter sur l’existence de l’Etat d’Israël dot ils rêvaient. Nous, nous les avons!
Merci Brigitte.Nos parents n’avaient ni les moyens de se défendre, de re-partir, ni la chance de pouvoir compter sur l’existence de l’Etat d’Israël dot ils rêvaient. Nous, nous les avons!
Oui ..ça revient et c est effrayant, répugnant.
L espèce humaine ne veut pas de son Humanité.
Épouvantable, mais ça ne disparaîtra jamais. Ils ont trop besoin des Juifs/Israéliens pour projeter leur ignominie.
Bien en coherence avec toi
Étrange coïncidences nos parents ont eu un parcours en points communs avec les tiens
Nous les évoquerons un jour
Chabat chalom
Rien à ajouter à l’évocation familiale émouvante et aux propos pertinents de mon « petit » frère Mischa.
Lucien « Hillel »
Monsieur Wolkovicz
merci pour cet article. je vous fais part d’un article du Journal le Point où je lis ceci: « le directeur d’Engie, Didier Holleaux a remis en juin un rapport au gouvernement réalisé avec Hélène Dantoine, directrice de la diplomatie economique au Quai d’Orsay, un document qui note que l’Iran pourrait accroître sa production de gaz si le dossier sur le nucléaire avançait dans un sens favorable à Téhéran….etc »
Tout est dit…
qu’allons nous faire???
merci de votre réponse
cordialement
Y Sitbon
ref « Le Point n°2611